RABELAIS François
Publié le 07/11/2020
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Tout ce qu'on peut déceler dans le texte de Rabelais, c'est une égale impatience, chez cet homme habituellement paisible et doux, à l'égard des guerres de religion et des guerriers de l'un et l'autre camp : des Papimanes (Hors d'ici, cafards de par le diable) et des Pape-figues (démoniacles Calvins, et autres imposteurs de Genève) qu'il trouve à la fois trop belliqueux et trop raisonneurs; et qu'il renvoie dos à dos, comme disent les sportifs, au profit de l'adorable allégorie nommée par lui Physis (qui enfanta Beauté et Harmonie). Hasardons cette hypothèse que Rabelais est contre l'une et l'autre idée : contre les idées qu'il juge trop vides de toute vie réelle, et pour une image, poétique, au départ, mais qui recouvre une image plus belle encore, et savoureuse, puisque Physis n'est pas autre chose que la traduction de Nature. Rabelais n'aurait donc pas eu d'idées ? Pas de philosophie ? Pas de morale, individuelle ou sociale? Abel Lefranc, pourtant, dans le Néo-philologus (1933), ne parle-t-il pas du « désir de Rabelais de se faire l'auxiliaire de la politique de François 1er, qui était par là même celle de la nation » ? Convenons que ce conteur a des idées; mais ajoutons tout aussitôt qu'il n'a pas de suite dans les idées. Selon l'humeur du moment, ou les intérêts du récit qu'il mène avec entrain, il se délestera, non sans soulagement et allégresse, de tout problème qu'il a pu soulever ici ou là dans le chapitre précédent. Cette même souveraine inconséquence apparaît dans la suite des Livres (la « pure logique » exigerait, bien sûr, que le lecteur les aborde aujourd'hui dans l'ordre suivant : II, I, III) ; dans la place des personnages, qui de protagonistes, se voient ravalés sans motif au rang de simples figurants, quitte à revenir à l'avant-scène demain si l'intrigue le veut. (Il n'est pas jusqu'à leur apparence physique qui ne soit à l'abri des mutations; et Pantagruel, géant au début du Deuxième Livre, ne l'est plus guère à partir de la rencontre de Panurge, et plus du tout dès lors que Panurge est passé, pour le bon plaisir du metteur en scène, au premier plan.) Notons que Rabelais fut un homme de complexion sanguine, prompt à réagir, et sujet à des « sautes de caractère»; ce type d'homme à humeurs sait moins, à l'ordinaire, ce qu'il veut que ce qu'il ne veut pas. Sur tout ce versant négatif de ses goûts, son oeuvre nous renseigne avec autant de vivacité que de constance : 1° reîtres (le guerrier mégalomane Picrochole, au Livre II) ; 2° juges (Bridoye, qui, au Tiers Livre, sententie les procès au sort des dés) ; 3° pédants, surtout (clercs, théologiens de la Sorbonne, philosophes alourdis et « rassotés », pédagogues d'esprit
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