Qui parle?
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
«
Qui parle ?
1) La parole / C’est la communication d’une pensée, au moyen de sons articulés.
Communication : transmission d’un message entre un émetteur et un récepteur.
La parole a une dimension sociale :
une dimension fondamentale de la parole, peut-être plus importante dans certains cas que la transmission.
D’où la
phrase : « Parler pour ne rien dire » Pour pouvoior parler, il faut pouvoir penser : mais quelle pensée ? Les abeilles
communiquent, mais n’ont pas de langage.
Le mot parole n’a pas qu’un sens littéral : il peut aussi avoir des sens
dérivés, métaphoriques.
Plusieurs expressions peuvent venir à l’esprit : « Laisser parler son cœur », « La parole divine », « La parole de
l’Etat ».
Notre corps transmet beaucoup de mimiques.
« Le langage du corps ».
Ce ne sont pas toujours des individus
concrets, physiques, qui parlent.
2) La forme de la question « qui » / À ne pas confondre, avec « qui est-ce que ».
Cela fait appel à des
caractéristiques, des définitions, des instances de la parole.
Quels sont ceux qui disposent de la capacité de parler ?
Qui est en nature de parler, voire qui est autorisé à parler ?
La capacité ou le pouvoir renvoie d’abord à une compétence physique ou biologique : pour pouvoir parler, encore
faut-il en avoir les moyens physiologiques.
La capacité peut ensuite renvoyer à une compétence cognitive : pour
pouvoir parler, encore faut-il disposer de capacités intellectuelles, pour proférer des paroles douées de sens.
Que
faut-il entendre par pensée pour pouvoir inclure dans la parole « les hommes les plus hébétés » (Descartes) et
exclure de la parole les perroquets.
De plus, une compétence psychologique est requise.
Il faut avoir conscience de
ses pensées.
La capacité à dire « je » est la première condition de la personnalité.
Une des conditions de la pensée est donc la conscience.
Mais n’y a-t-il que des pensées conscientes, et des paroles
conscientes ? Il y a aussi des paroles que je prononce, mais sans savoir et sans vouloir les prononcer.
C’est ce que
Freud appelle lapsus.
La capacité à parler n’est pas seulement dépendante des choix et de la situation individuelle.
Des structures sociales
préexistent aux individus et déterminent les conditions de la prise de parole, la valeur de la parole et les modalités
de la parole.
C’est ce que Bourdieu nomme « marché linguistique ».
I-Qui dispose de la capacité physiologique-cognitive de parler ?
Il y a des performances dans le monde animal, comme la communication des abeilles (est-ce un langage ?).
L’animal peut également parler, comme le perroquet (est-ce de la parole ?).
D’autres, comme les chimpanzés,
arrivent à maîtriser des signes linguistiques et à en comprendre le sens (est-ce de la pensée ?).
1) Les paroles animales ne présupposent aucune pensée et ne constituent pas donc pas des sons sensés.
Dans la
Lettre au marquis de Newcastle, Descartes utilise un critère très simple, celui de l’à propos.
En effet, la capacité du
langage humain est de répondre à propos : la capacité de répondre quelque chose en rapport avec la situation
présente.
De plus, il met en avant l’inventivité du langage.
Chomsky, dans « La linguistique cartésienne », parle de
créativité du langage.
C’est la capacité à inventer des énoncés jamais entendus à partir des mots que l’on connaît.
Le critère de l’à propos permet d’inclure l’ensemble des hommes, (enfants et fous) mais exclut l’ensemble des
animaux (paroles que l’on observe dans le monde animal).
La parole du perroquet est mimétique : il ne fait que
répéter, sans faire preuve d’aucune inventivité.
De plus, elle est dénuée de sens pour eux, puisqu’ils sont incapables
de s’adapter à de nouvelles situations de discours.
C’est donc la preuve de la dissociation entre la parole et la
pensée : le perroquet ne pense pas et ne comprend pas ce qu’il dit, ne confère aucune signification subjective à ses
énoncés.
Ainsi, les « paroles » animales n’en sont pas vraiment.
Même si les fous disent des choses irationnelles ou
déraisonnables, ils disposent cependant d’un capcité à produire des énoncés, les discours qu’ils tiennent sont en
rapport avec la situation.
Ils font donc preuve d’à propos.
Sauf exception, l’humanité dans son ensemble peut produire des énoncés doués de sens (pour eux et pour autrui),
qui révèlent qu’ils pensent.
2) Les systèmes de communication animaux.
La question est de savoir si les systèmes de communication peuvent
être considérés comme de la parole.
Benveniste commente les travaux de Karl von Frisch à propos des abeilles
dans « Vie et mœurs des abeilles » en 1953 (pour lequel il a eu un prix Nobel).
Benveniste explique en 1952 pourquoi ces systèmes de communication ne sont pas du langage.
Il expose les
différentes caractéristiques du langage humain, pour montrer qu’il déborde la simple communication.
A partir de là,.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓