Question : Dans quelle mesure peut-on dire que l’annonce de la mort de Louis est le sujet de la pièce ?
Publié le 13/03/2024
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DS n°2
Sujet 2 : Dissertation
Question : Dans quelle mesure peut-on dire que l’annonce de la mort de
Louis est le sujet de la pièce ?
Le genre du théâtre amorce un tournant au début du XXème siècle, le
mélange entre tragédie et comédie qui avait commencé à s’insinuer au
XIX siècle avec le drame romantique, s’impose dès lors notamment avec
la farce tragique.
De nouvelles angoisses existentielles surgissent pour
l’homme qu’il n’arrive pas la plupart du temps à exprimer.
Cet anti-théâtre
de la non-communication trouve une illustration dans l’œuvre de Ionesco
à partir de 1950.
Sur ses traces Jean -Luc Lagarce mettra en scène cette
difficulté à communiquer, notamment dans sa pièce Juste la fin du monde
parue en 1990 et représentée de façon posthume pour la première fois en
1999.On nous demande si l’annonce de la mort de Louis est l’unique sujet
de la pièce.
De quelle façon le véritable sujet de la pièce, la
difficulté à communiquer se révèle-t-il à la lecture de la pièce alors
que la mort prophétisée de Louis semblait être le sujet évident ?
Dans un premier temps nous verrons l’évidence d’une intrigue de tragédie
avant de remarquer que la révélation attendue n’aura pas lieu, ce qui
oriente la pièce vers un autre sujet, la difficulté à communiquer.
…………………………………………………………………………………………………………………………
………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………
…………………….
I.
Un sujet trop évident
a.
Le thème de la pièce est annoncé dès le prologue et semble être
sans conteste le sujet de la pièce : le personnage omniscient de
Louis sait qu’il va mourir et veut annoncer cette mort à sa famille.
On peut prendre pour exemple « j’ai près de trente-quatre ans et
c’est à cet âge que je mourrai » (l.3/4) qui avec le futur de certitude
place cette mort au centre des préoccupations de Louis, mais c’est
surtout l’aveu de Louis à sa famille qui va constituer le sujet
principal car il occupe la majeure partie du prologue : Louis fait part
de son désir d’aller voir sa famille, mais aussi de ses hésitations puis
à nouveau le désir de se prendre en charge comme on peut le voir
« de nombreux moi que j’attendais…à ne plus savoir » (v.6/7), puis
« prenant ce risque je décidai de retourner les voir » (v.21) et pour
finir « pour annoncer…ma mort prochaine…en être l’unique
messager »(v.31/32).
On voit bien que l’ensemble du prologue est
consacré à cette mort prématuré et à la décision de l’annoncer au
plus vite.
b.
D’autant plus que La mort de Louis est en filigrane dans toute la
pièce notamment dans ses monologues et sous forme d’ironie
tragique.
En effet quelles que soient les situations la mort de Louis
plane sur la pièce.
On peut bien sûr se référer aux monologues de
Louis qui n’évoquent que cela comme « juste en tête l’idée de ma
propre mort à venir » (partie I, sc.5)ou à la scène 10 v.69/70
« courir devant la Mort /prétendre la semer…qu’elle ne sache où me
trouver », on peut évoquer également l’ironie tragique à la scène
11, vers 14/15 lorsque Louis dit à Antoine « je te dis ça je voulais
que tu saches, ce n’est pas important… », Antoine comprend qu’il
parle d’autre chose, mais Louis pense à son aveu ou lorsque la Mère
(I, sc.8) parle à Louis « ils auront peur du peu de temps que tu leur
donnes…je me doute que tu ne vas pas traîner très longtemps…dans
ce coin ci ».
Si l’on considère cette approche on pourrait dire que
l’annonce de la mort de Louis est bien au cœur de la pièce.
Si la mort du personnage principal est bien au cœur de la pièce,
l’annonce de cette mort n’en est pas complètement le sujet.
Celle-ci
se trouve retardée, voire bloquée par le bavardage des autres
personnages.
II.
Cependant l’aveu de Louis n’aboutit pas
c.
Louis n’arrive pas à trouver le bon moment pour faire son aveu, car
sa famille parle trop.
Dans le prologue Louis annonçait sa volonté de
« dire/seulement dire » (v.29-30), l’épilogue se clôt au contraire sur
la nécessité de pousser « un grand et beau cri » (v.21) qui peut
symboliser ce manque de communication au sein de sa famille.
En
effet, dès son arrivée il est assailli par ses proches, par exemple lors
du babillage des propos convenus lors des retrouvailles familiales et
des présentations à Catherine (Partie I, vers 1 à 43), cette politesse
formelle masque ici la gêne.
Mais encore plus que ces scènes où l’on
parle pour ne rien dire, ce qui empêche Louis de faire son aveu ce
sont les moments où il est en tête-à-tête avec les différents
membres de sa famille : Suzanne (I, sc.3), Catherine (I, sc.6), la
Mère (I, sc.8) et Antoine (I, sc.11 et II, sc.3).Antoine semble avoir
peur de ce que veut dire Louis et l’empêche....
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