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«Que chacun invente sa vie », écrit Jean Guéhenno. Vous direz dans une discussion organisée le sens que vous donnez personnellement à cette formule et vous vous demanderez dans quelle mesure elle peut être appliquée.

Publié le 29/06/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : «Que chacun invente sa vie », écrit Jean Guéhenno. Vous direz dans une discussion organisée le sens que vous donnez personnellement à cette formule et vous vous demanderez dans quelle mesure elle peut être appliquée.. Ce document contient 2223 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Tête chère d'un petit enfant, et sa tignasse ébouriffée où sa maman passe les doigts, que deviendra-t-il ? Elle rêve qu'il deviendra une sorte de Dieu. Par-delà tous les systèmes et toutes les ratiocinations , cet amour et ce fol espoir devraient être l'inspiration 5 de tout humanisme. Mais la petite tête n'est pas commode. Elle est confuse, mauvaise et bonne, forte et faible, molle et têtue. Les vertus en elle peuvent tourner en vices, et les vices devenir vertus. Toutn'est qu'affaire de mesure et de discipline. N'est-ce que la tête de cet «arriviste» que célèbrent Spengler (2) ou Nietzsche (3), d'une 10 petite brute avide de puissance, de la bête de proie la plus rusée, la plus parfaite qui soit au monde ? Mais d'autres prétendent que cette force qui est en elle est aussi bien amour et bienveillance... Que ne peut-on dire d'elle, et que n'a-t-on dit ? Que n'y a-t-il en elle ? Quel mélange ! Il est derrière chacune des milliards de 15 morts, des milliards d'ancêtres, qui y ont inscrit toutes les ombres, toutes les traces, tous les possibles, toutes les velléités, toutes les défaites, toutes les chances. C'est dans les yeux de n'importe quel petit enfant qu'il faut apprendre à regarder les destins des hommes, et, par leur lumière, se laisser émouvoir. Cette lumière est une 20 promesse, mais de quoi ? Il faudrait traiter toujours avec révérence ce petit enfant solitaire, cette nouvelle promesse, la lui faire reconnaître à lui-même, le conduire doucement jusqu'à lui-même, l'aider à devenir tout ce qu'il peut être, éclaircir tous les rapports que, par nature, il 25 entretient avec le monde, et lui révéler cette force qui est en lui, en lui seul, entre tous les êtres, et le rend capable quelquefois, à certaines conditions, de les changer. Les fées, il est vrai, dès le berceau,fata (4), ont une effrayante puissance, et il ne le constatera que trop. Mais je ne sais si toute culture ne consiste pas à donner 30 à ce petit bonhomme confiance en dépit de tout, et lui faire prendre conscience qu'il est aussi en lui, simplement par ce qu'il est, quelque chose capable d'administrer cet étrange et confus domaine où les fées l'ont enfermé. Cette puissance solitaire qui est en lui, il faudrait toujours l'augmenter. Il faut l'amener à être soi, 35 autant qu'il se peut. Ne nous laissons pas égarer par les slogans à la mode. On ne formera jamais une grande communauté humaine qu'avec de grands individus. Il faudrait qu'on ne vive ni ne meure par imitation, que chacun invente sa vie, qu'il apprenne à dire d'abord non à bien des choses en lui-même, mais aussi, et surtout 40 aujourd'hui, autour de lui, à un monde plein de fantasmagories, de mensonges et d'artifices, dont la contagion subtile et insensible tend à le détruire, à le déposséder et fait de lui une bête de troupeau — cela afin, ensuite, de dire oui courageusement à ce qu'il aura délibéré et choisi, dans la plénitude de son être. Il faudrait que le 45 petit enfant, devenu un homme, vérifie qu'on ne pense, ce qui s'appelle à proprement parler : penser, que seul, et que tout, dans la réalité, est toujours à recommenser, toute la pensée, et toute son histoire, pour chaque homme qui vient au monde. Peut-être, alors, aurait-il plus de courage quand il aurait compris que ce monde, 50 dont il est tenté de se plaindre, n'est, après tout, que la vue qu'il en a, une figure de lui-même, et qu'il dépend de lui de l'autrement regarder. La culture n'est pas un fatras livresque dont il faille encombrer l'âme. Un esprit est, dès l'abord, tout un esprit, et la culture ne peut 55 avoir d'autre objet que de lui donner toute son activité. Elle n'est pas enfermée dans les livres. Elle est d'une manière d'être, une certaine fièvre. Elle n'est rien, si elle ne crée le désir et ne nourrit l'espérance. Nos yeux sont, non pas derrière notre tête, mais sous notre front, au-devant de notre visage, pour que nous regardions 60 vers l'avenir. Jean Guéhenno, Sur le chemin des hommes, 1959. (1) ratiocinations : raisonnements compliqués et abusifs. (2) Spengler : écrivain allemand (1880-1936). (3) Nietzsche : écrivain allemand (1844-1900). (4) fata : mot latin, désignant le Destin personnifié, . d'où le mot «fée». (5) il est : il y a. ...»

« ÉPREUVE 8 Amérique du Sud Séries A, B, S, E Septembre 1990 TEXTE Tête chère d'un petit enfant, et sa tignasse ébouriffée où sa maman passe les doigts, que deviendra-t-il ? Elle rêve qu'il deviendra une sorte de Dieu.

Par-delà tous les systèmes et toutes les ratio­ cinations OJ, cet amour et ce fol espoir devraient être l'inspiration 5 de tout humanisme.

Mais la petite tête n'est pas commode.

Elle est confuse, mauvaise et bonne, forte et faible, molle et têtue.

Les vertus en elle peuvent tourner en vices, et les vices devenir vertus.

Toutn'est qu'affaire de mesure etde discipline.

N'est-ce que la tête de cet «arriviste» que célèbrent Spengler ou Nietzsche C3l, d'une 10 petite brute avide de puissance, de la bête de proie la plus rusée, la plus parfaite qui soit au monde ? Mais d'autres prétendent que cette force qui est en elle est aussi bien amour et bienveillance ...

Que ne peut-on dire d'elle, et que n'a-t-on dit? Que n'y a-t-il en elle ? Quel mélange ! Il est derrière chacune des milliards de 15 morts, des milliards d'ancêtres, qui y ont inscrit toutes les ombres, toutes les traces, tous les possibles, toutes les velléités, toutes les défaites, toutes les chances.

C'est dans les yeux de n'importe quel petit enfant qu'il faut apprendre à regarder les destins des hommes, et, par leur lumière, se laisser émouvoir.

Cette lumière est une 20 promesse, mais de quoi ? Il faudrait traiter toujours avec révérence ce petit enfant solitaire, cette nouvelle promesse, la lui faire reconnaître à lui-même, le conduire doucement jusqu'à lui-même, l'aider à devenir tout ce qu'il peut être, éclaircir tous les rapports que, par nature, il 25 entretient avec le monde, et lui révéler cette force qui est en lui, en lui seul, entre tous les êtres, et le rend capable quelquefois, à certaines conditions, de les changer.

Les fées, il est vrai, dès le berceau,fata c4 J, ont une effrayante puissance, et il ne le constatera que trop.

Mais je ne sais si toute culture ne consiste pas à donner 30 à ce petit bonhomme confiance en dépit de tout, et lui faire prendre conscience qu'il est aussi en lui, simplement par ce qu'il est, quelque chose capable d'administrer cet étrange et confus do­ maine où les fées l'ont enfermé.

Cette puissance solitaire qui est en lui, il faudrait toujours l'augmenter.

Il faut l'amener à être soi, 35 autant qu'il se peut.

Ne nous laissons pas égarer par les slogans à. »

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