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« Quand on prend la peine de lire des vers, on cherche et on espère un plaisir de plus que si on lisait de la prose »

Publié le 20/12/2021

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« INTRODUCTION Les recueils de poèmes ne rencontrent pas de nos jours, en librairie, le même succès que les romans ou même les ouvrages historiques.

Toute une partie du public demeure fermée au charme des vers, et cette méconnaissance n'est pas le propre de notre temps : au XVIIIe siècle, les milieux cultivés n'étaient favorables qu'à la prose ; pourtant d'Alembert écrivait dans ses Réflexions sur la poésie : « Quand on prend la peine de lire des vers, on cherche et on espère un plaisir de plus que si on lisait de la prose ».

Le début de cette phrase évoque les difficultés qui éloignent les lecteurs de la poésie ; mais, tout mathématicien qu'il fût, d'Alembert sut discerner les impressions irremplaçables qu'elle procure. I.

LES DIFFICULTÉS DE LA POÉSIE Un domaine peu accessible Au XVIIIe siècle, on se soucia beaucoup de définir la place de la poésie dans la littérature.

Les conclusions des écrivains furent en général sévères, car, à une époque où triomphait la philosophie, la forme littéraire pouvait paraître secondaire ; aussi la versification fut-elle considérée seulement comme une contrainte inutile, voire dangereuse, dans la mesure où elle détourne l'écrivain et son lecteur de la pensée rationnelle.

Des poètes même en vinrent à condamner leur art, et Houdart de la Motte s'appliqua à démontrer la supériorité de la prose ; tous pensaient avec l'abbé de Pons que la poésie était un « art frivole ».

Et bien que Voltaire écrivît certaines oeuvres philosophiques ou polémiques en vers — Le Mondain par exemple — il ne put empêcher le genre de tomber dans le discrédit.

La poésie didactique ne saurait en effet remplacer la prose pour l'énoncé des idées ou des théories et sa valeur esthétique est très discutable.

L'épopée, le drame en vers ne donnèrent lieu qu'à des oeuvres médiocres au XVIIIe siècle.

Quant à la poésie lyrique, celle que nous considérons comme la meilleure expression du genre, elle fut en général artificielle et futile.

De nos jours, ses adversaires la considèrent comme ennuyeuse : les confidences amoureuses, les évocations de la nature, les méditations sur la mort peuvent paraître vaines dans l'agitation de notre monde.

L'inspiration même de l'oeuvre, toute subjective, la rend parfois impénétrable au lecteur non préparé.

Aussi faut-il réagir contre une certaine paresse pour se tourner vers ces textes qui ne « racontent » rien, et qui souvent aujourd'hui revêtent une forme insolite. Une forme peu accessible « II y a de la puérilité à gêner son langage », affirmait Fontenelle, et cette contrainte formelle qui différencie totalement la poésie de la prose éloigne d'elle un grand nombre de lecteurs.

Les phrases d'abord sont construites de façon inhabituelle : les tournures elliptiques, les inversions, les invocations déconcertent, dans les poèmes des siècles passés, un public habitué à la prose ; le découpage même imposé par la rime rend plus difficile à saisir le fil d'une pensée sans cesse interrompue.

Et dans les poèmes modernes, l'absence de ponctuation, la longueur variable des vers, les appositions brutales donnent au texte un caractère hermétique.

Le vocabulaire ne facilite pas la compréhension : jusqu'à la période romantique, les «mots nobles » sévissent dans les vers ; et bien que Victor Hugo ait mis « un bonnet rouge au vieux dictionnaire », la périphrase élégante, héritée des Précieux, reste en usage durant tout le XIXe siècle ; elle disparaît avec Verlaine, mais la langue poétique n'en fut pas dépouillée pour autant de ses difficultés : La Chanson du Mal Aimé d'Apollinaire suppose de la part du lecteur une véritable érudition.

Et chez Mallarmé, comme chez Valéry, la langue poétique s'oriente délibérément vers des arcanes bien éloignés de la prose.

Au-delà même de la syntaxe et du vocabulaire, la poésie repose sur des images, sur des métaphores, sur des symboles qui la rendent parfois peu accessible : bien des lecteurs trouvent vaines ces comparaisons qui chez Du Bellay constituent tout un sonnet des Antiquités, ces métaphores qui forment des développements entiers de la Légende des Siècles, ces images rapides qui se succèdent dans les poèmes d'Apollinaire ou des surréalistes.. »

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