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Qu'est-ce que la condition humaine ?

Publié le 09/12/2021

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« [Introduction] La condition humaine est le sort qui est réservé à l'homme, auquel il doit se résigner ou s'adapter.

C'est dire ce que cette expressionsuppose de pessimisme sur la liberté de l'homme dans le monde.

Comment pourrait-on la définir à travers le roman de Malraux, consacréà la révolution chinoise, et qui l'évoque dans son titre : La Condition humaine, publié en 1933 ? C'est ce que nous allons voir.

Nousexaminerons d'abord la confrontation de l'homme avec son destin, à travers les personnages du roman ; puis nous serons amenés à voircomment se manifeste leur solitude ; enfin, nous préciserons quelle est la seule transcendance qui leur est permise, et par quels moyensils peuvent l'atteindre. [L'homme face à son destin] Dans Les Voix du silence, Malraux déclare : « Le destin n'est pas la mort, il est fait de tout ce qui impose à l'homme la conscience dunéant.

» Ce destin est donc aussi privation de liberté, souffrance et humiliation.

La conscience du néant est exprimée par les personnagesde La Condition humaine : « Il faut soixante ans pour faire un homme [...].

Et quand cet homme est fait [...], il n'est plus bon qu'àmourir », déclare Gisors à May dans les dernières pages du roman.

L'homme sait qu'il doit mourir et cette révélation rend vaine touteprétention.

Tchen incarne dans le roman cette renonciation ; il s'interroge ainsi dans la première partie : « Que faire d'une âme s'il n'y a niDieu ni Christ ? » Symboliquement*, il est aussi celui qui découvre le goût du meurtre, d'ôter la vie.

Le destin de l'homme est égalementde souffrir.

Malraux choisit d'évoquer le corps de manière abstraite, mais c'est un corps souffrant.

Pour parler des « deux cents blesséscommunistes [qui] attendaient qu'on vînt les achever », le narrateur*, dans la sixième partie, ne mentionne que les « gémissements [qui]se croisaient comme des rats, mêlés à une épouvatable odeur ».

Déjà, dans la première partie, May, le personnage médecin dans unhôpital chinois, avait évoqué l'horreur du spectacle des blessés et des malades.Cette souffrance est aussi, et avant tout, une souffrance morale.

Dans l'évocation de May, le premier cas cité est celui d'« une gosse dedix-huit ans qui a essayé de se suicider avec une lame de rasoir de sûreté dans le palanquin du mariage », parce qu'« on la forçait àépouser une brute respectable [...].On l'a apportée avec sa robe rouge de mariée, toute pleine de sang ».

Cette image est symbolique* de la véritable nature de lasouffrance pour l'auteur de La Condition humaine : l'asservissement de l'être humain à un destin humiliant, attaché à sa nature corporelleet mortelle. [La solitude et ses échecs] De toutes les conséquences de la conscience du néant, la plus douloureuse et la plus insurmontable, dans le roman, est sans doute lasolitude de chaque personnage.

Katow, quelques minutes avant sa mort, est « seul entre ce mur et ce sifflet ».

Tchen, lui, est peut-être lepersonnage le plus hanté par la solitude.

Au moment de sa décision de trouver la mort en faisant son dernier attentat, il pense ainsi àl'abandon de ses camarades : « Jamais il n'eût cru qu'on pût être aussi seul.

» De même, dans la première partie, le narrateur* parle deGisors ; l'homme frappé de solitude par la mort de son fils Kyo était déjà seul auparavant : « il se sentait [...] posséder avec angoisseune solitude interdite où nul ne le rejoindrait jamais ».A cette solitude, il existe de nombreuses, mais illusoires, échappatoires.

Dans le même passage, on voit Gisors s'adonner à l'opium ; «les yeux fermés, porté par de grandes ailes immobiles, [il] contemplait sa solitude : une désolation qui rejoignait le divin en même tempsque s'élargissait jusqu'à l'infini ce sillage de sérénité qui recouvrait doucement les profondeurs de la mort ».

À côté de la drogue, le jeu, luiaussi, est dénoncé comme une illusion : « [Clappique] découvrait que le jeu est un suicide sans mort.

»Mais la dernière des solitudes est sans doute la difficulté de se connaître soi-même.

En effet, on ne se comprend pas mieux qu'on neconnaît les autres.

Dans la première partie, Kyo découvre avec surprise sa propre voix, et commence par la rejeter comme étrangère.

Unpeu plus tard, « à une heure du matin », il s'interroge sur lui-même et ses rapports avec May, sa femme : « Il s'enfonçait en lui-mêmecomme dans cette ruelle de plus en plus noire.

[...] Mais pour moi, pour moi, [...] que suis-je ? Une espèce d'affirmation absolue,d'affirmation de fou, une intensité plus grande que celle de tout le reste.

Pour les autres, je suis ce que j'ai fait.

» [La transcendance possible, même dans le désespoir de la vie] Le seul moyen d'échapper à la solitude et au destin, c'est de trouver un sens à la vie dans celle-ci même.Le premier pas vers une meilleure « condition humaine » est la lutte.

Le cadre du roman est celui de la troisième insurrection populaire deShanghai, en mars 1927.

Les personnages sont, pour beaucoup, des personnages en lutte : le terroriste Tchen, le chef communiste Kyo,ou Katow, le révolutionnaire endurci et généreux.Cette lutte mène à la découverte de deux valeurs refuges, qui transcendent l'absurdité de l'existence : la fraternité et l'amour.

Lafraternité, c'est Katow qui en devient le symbole dans la sixième partie, grâce au sacrifice « de plus que sa vie ».

En effet, devant la mortatroce à laquelle lui et ses compagnons sont condamnés, il choisit d'offrir son cyanure aux deux camarades couchés à ses côtés dansl'obscurité : « Katow serrait la main, [...] pris par cette pauvre fraternité sans visage.

[...] La main qu'il tenait tordit soudain la sienne, et,comme s'il eût communiqué par elle avec le corps perdu dans l'obscurité, il sentit que celui-ci se tendait.

» Le symbole des mains serréessouligne cette fraternité ultime au seuil de la mort, qui donne un sens héroïque à la vie de Katow.

Le second sentiment qui relie leshommes par-delà leur solitude existentielle, c'est l'amour : « l'étreinte par laquelle [...] les êtres [sont maintenus] collés contre la solitude».

Kyo, malgré l'explosion de jalousie que l'aveu d'infidélité de sa femme a provoquée, vit avec elle les derniers moments forts qui leséparent de la mort : « Il la regarda, prit sa tête entre ses deux mains, la serrant doucement sans l'embrasser, comme s'il eût pu mettredans cette étreinte du visage ce qu'ont de tendresse et de violence mêlées tous les gestes virils de l'amour.

»Enfin, l'art apparaît comme un moyen de délivrer l'homme de sa solitude.

Il permet un accord avec le monde pour l'artiste, même au seuilde la mort.

Kama, le peintre oriental de La Condition humaine, n'en peindra que mieux : « L'approche de la mort lui permettrait peut-êtrede mettre en toutes choses assez de ferveur, de tristesse, pour que toutes les formes qu'il peindrait devinssent des signescompréhensibles, pour que ce qu'elles signifient- ce qu'elles cachent aussi - se révélât.

» L'art vainc la solitude, parce qu'il est unecommunion avec le cosmos.

Kama déclare : « La peinture, chez nous, ce serait, chez vous, la charité.

» Par là, le roman propose la leçonprimordiale de l'Orient à l'Occident : celle d'une communication possible entre les hommes et l'univers, opposée à l'affirmation frénétiqueet dérisoire de l'individu. [Conclusion] La condition humaine, dans ce roman de Malraux, est donc présentée comme un piège de souffrance et de solitude, auquel unetranscendance double peut être opposée : celle de la fraternité et de l'amour humain, et du message que l'art et l'héroïsme peuventtransmettre à l'humanité.

Dans un monde sans dieu, l'homme ne peut tenir son âme que de lui-même.... »

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