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publique.

Publié le 08/12/2021

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publique.
A l'extérieur, il trouvera des alliés occasionnels, ceux dont les intérêts du moment rejoignent, provisoirement,
ses ambitions de toujours. Ainsi en ira-t-il de Victor-Emmanuel et de Cavour en Italie et de Bismarck, très
brièvement, pour la Prusse. Il s'agit davantage d'avisés profiteurs que de loyaux soutiens. La suite des
événements ne le montrera que trop.
A l'intérieur, qui partage ses vues? Les saint-simoniens, sans doute, à qui il va ouvrir la route parce qu'il a la
même conception qu'eux d'un monde nouveau. Ne pensaient-ils pas qu'il fallait « rapprocher les nations dans le
travail «, que la paix, l'union entre les peuples étaient liées à l'essor de l'industrie et du crédit, qu'il convenait,
dans cette perspective, de mettre en valeur le globe par le développement des moyens de communication? Et
n'était-ce pas Michel Chevalier qui proclamait : « C'est par l'industrie que se fera la paix «? Louis Napoléon leur
donnera, entre autres preuves de parfaite entente, deux sujets d'intense satisfaction : le traité commercial
franco-anglais de 1860 et le percement du canal de Suez. Ils feront mieux que le soutenir, collaborant
étroitement à la réalisation de plusieurs de ses projets. Mais leur poids dans l'opinion demeurera limité.
De leur côté, les bonapartistes de gauche répondent présents à l'appel, parfois. Ceux qui partagent les idées du
prince Napoléon apporteront leur contribution dans l'affaire italienne; Napoléon Jérôme y paiera même de sa
personne, puisqu'il acceptera d'épouser Clotilde, la fille de Victor-Emmanuel II, confortant ainsi l'alliance
piémontaise. Mais eux aussi n'ont qu'une audience limitée. Et puis, leurs provocations, leurs attitudes extrêmes,
leur romantisme échevelé sont plus une gêne qu'un véritable soutien. Là où Louis Napoléon veut jouer
subtilement, averti qu'il est des résistances, ils ne rêvent que d'en découdre. Comme, plus tard, les gaullistes de
gauche, ces bonapartistes avancés aident moins qu'ils ne desservent. Trop assurés de partager la pensée
profonde du guide, ils la dénaturent et, par leurs excès, lui enlèvent de son crédit.
Car l'opinion n'est pas du tout acquise. Elle veut bien d'un peu de gloire militaire, à condition de n'en pas payer
trop chèrement le prix, en hommes et en argent. Elle ne voit guère d'intérêt immédiat à toutes ces expéditions
lointaines dans des pays qui lui sont si souvent inconnus. Quant à l'ordre européen, il ne faudrait pas insister
beaucoup pour qu'elle se résigne à s'en accommoder...
A plus d'un siècle de distance, quand on observe la sourde inquiétude que font naître de nouveaux
bouleversements européens et qui révèle une sorte de nostalgie muette pour l'ordre ancien, on comprend
aisément une telle attitude. L'équilibre d'alors n'est sans doute guère satisfaisant; mais on ne sait au juste ce qui
sortirait, en bien ou en mal, de son bouleversement. Et la secousse de la liberté retrouvée, qui ébranle
aujourd'hui tant de peuples opprimés, n'est pas là, à l'époque, pour modifier les comportements.
Les milieux d'affaires ne montrent guère plus d'empressement à soutenir l'idée du changement, sensibles qu'ils
sont à la prospérité qui résulte d'un ordre tant bien que mal assuré. Pourquoi ne pas en profiter sagement, au
lieu de se lancer dans des opérations dont les dangers sont plus perceptibles que les avantages immédiats?
Bref, si certains chefs d'entreprise sont prêts à quelques innovations, l'ensemble du monde industriel reste
plutôt frileux et replié sur lui-même.
Un homme incarne mieux que quiconque toutes ces préventions. Il exerce une influence sur un grand nombre
d'esprits, avant même que la défaite de Sedan et la répression de la Commune ne lui offrent la consécration.
Cet homme, c'est l'inévitable Monsieur Thiers.
Adolphe Thiers est l'antithèse de Louis Napoléon. Il incarne le conservatisme et l'immobilisme, jusqu'à la
caricature. La France n'est qu'une puissance moyenne, semble-t-il avoir décrété avant tant d'autres, et doit, une
fois pour toutes, restreindre ses ambitions en les faisant passer sur le lit de Procuste.
Face à cette coalition, Louis Napoléon ne peut guère compter sur ses ministres des Affaires étrangères, très
représentatifs de l'« Établissement «, et donc de l'opinion d'alors que rien ne satisfait moins que la politique des
nationalités.
Pour Drouyn de Lhuys, pour Walewski et, à un degré moindre, pour Thouvenel -- qui, à leur différence, est
anticlérical --, le système né du congrès de Vienne a sans doute bien des inconvénients, mais offre l'immense
avantage d'exister. Et le nouvel ordre qui pourrait le remplacer présenterait sans doute plus de risques encore
que l'ancien.
Pourquoi, dans ces conditions, Louis Napoléon a-t-il choisi de tels collaborateurs? Par résignation,
certainement. Car il savait ne pouvoir en trouver d'autres qui seraient susceptibles d'être acceptés
à la fois par les classes dirigeantes et par les chancelleries. Et parce qu'il lui fallait des professionnels. Ses
ministres répondent, du moins, à ces critères.
Drouyn de Lhuys est, certes, un partisan de l'alliance autrichienne (« Avec l'Autriche, déclare-t-il, Napoléon III
est maître de l'Europe «), mais ce diplomate de tradition connaît son métier, qu'il a commencé sous LouisPhilippe. Son souhait le plus cher serait de pouvoir tenir solidement « la Prusse ambitieuse « et « l'Italie
révolutionnaire «. Deux fois ministre, d'abord au début du règne, jusqu'en mai 1855, puis de 1862 à 1866, il

devra abandonner son portefeuille, peu après Sadowa, non sans avoir -- rendons-lui déjà cette justice -- prôné
en vain une attitude de fermeté.
Walewski, qui occupe le poste de 1855 à 1860, est lui aussi un diplomate de carrière. C'est d'abord un «
olitique « en même temps qu'un mondain. Il a des titres à faire valoir pour justifier un rôle d'exception : être le
ils de Napoléon Ier et de Marie Walewska, cela compte évidemment. Il avait été aussi l'un des tout derniers
isiteurs à Arenenberg, avant la mort d'Hortense, et cela compte aussi beaucoup. On raconte que, pour mieux
sseoir sa position, il sut ne pas se montrer trop regardant sur l'étendue et la nature des relations de sa femme,
arianne, avec l'empereur: ainsi s'expliquerait qu'il restât en place pendant la guerre d'Italie, qu'il avait
ésapprouvée. D'une façon générale, ce conservateur libéral, qui avait commencé sa carrière politique sous la
rotection de Thiers, était plus que réticent à l'égard de la politique des nationalités. Il lui revint pourtant de
résider le congrès de la paix à Paris après la guerre de Crimée. Nommé ministre d'État après son départ des
ffaires étrangères, Walewski voulut en 1863 s'imposer comme le leader d'une politique conservatrice qui
uscita l'opposition de Morny. Écarté des affaires, et peu scrupuleux sur les moyens, il reprit les idées de
réforme de celui-ci pour tenter une rentrée. Choisi comme président du Corps législatif, en 1867, il ne manifesta
pas à ce poste l'autorité nécessaire, dut démissionner au bout de quelques mois, et se replia sur le Sénat. Il
mourut en 1868.
Thouvenel, fut, avec Walewski et Drouyn de Lhuys, entre lesquels il s'intercale, le troisième ministre à excercer
une action effective. Des trois, il fut probablement le moins éloigné des vues de Louis Napoléon. Favorable à la
cause italienne, il rechercha, en
1861, un arrangement avec Cavour dont la mort empêcha qu'il aboutisse. Contre la plus grande partie de
l'entourage, il milita pour une évacuation de Rome. Son indépendance d'esprit fut suffisante pour lui faire
exprimer son hostilité à une attitude d'entêtement au Mexique.
Il y a peu à dire de Moustier, qui fut nommé à la fin de 1866, et qui était jusque-là notre ambassadeur à
onstantinople. Le député Daru ne resta en fonction que quelques semaines au début de 1870. Après un
ntérim assuré par Emile Ollivier en personne, on fit appel au duc de Gramont, alors ambassadeur à Vienne.
'était un mauvais choix, qu'on allait payer.
ompte tenu de leur profil, tous ces ministres doivent généralement se borner à traiter les affaires courantes,
out en s'adaptant aux situations nouvelles que va créer, si souvent et parfois si brutalement, l'action propre de
l'empereur. Du coup, pour rester le maître du jeu, celui-ci se trouve contraint de pratiquer une diplomatie
ersonnelle et secrète. Il prend donc l'habitude de s'introduire, de biais, dans les négociations et de recourir à
es émissaires dont les conversations et les initiatives doublent la diplomatie officielle, quand elles ne s'y
ubstituent pas. Parmi ces envoyés personnels de l'empereur, quelques hommes émergent: Arese, Pepoli,
imercati, le Hongrois Turr, le Saxon Vitzhum, le docteur Conneau et, bien sûr, Napoléon Jérôme. Louis
apoléon s'implique lui-même dans le processus, multipliant les entrevues et les entreprises clandestines, à
'insu de ses ministres.
***
e rapprochement entre l'Angleterre et la France sera l'objet de tous les soins, de toute la sollicitude de Louis
apoléon. C'est pour lui une véritable idée fixe, comme un préalable à toute autre pensée. Il sait que
l'antagonisme franco-anglais a pesé d'un poids décisif dans la défaite du premier Empire. Sa répétition serait, à
'en pas douter, également fatale au second. Mais cela ne saurait tout expliquer. Il y a aussi -- et, quand on le
onnaît, on comprend à quel point cela compte pour lui -- qu'il s'est plu en Angleterre et qu'il apprécie
incèrement ce pays qui lui offrira sa sépulture. Il a prisé ses institutions, son organisation sociale, son mode de
ie, il a été sensible à la cohésion de ce peuple autour de la couronne. Et puis, il doit sentir confusément tout ce
ue la France et l'Angleterre pourraient accomplir ensemble, pour le bien de l'humanité.
ès février 1853, il écrit à son ami lord Malmesbury qu'il a pour objectif constant de maintenir avec l'Angleterre
u'il a « toujours tant aimée les relations les plus amicales et les plus intimes «.
Les autres pays sont mes maîtresses, mais l'Angleterre, c'est ma femme «, aime-t-il à dire.
e calcul n'est pas sot: contre le bloc des nations du Nord formé par la Russie, l'Autriche et la Prusse, qui sont à
n titre ou à un autre les suppôts de l'ordre de 1815, l'appui de l'Angleterre pourrait s'avérer utile, souvent
ême décisif. Il ne négligera donc rien pour se l'assurer.
près avoir lui-même accueilli, en septembre 1854, le prince Albert en France, Louis Napoléon se rend en visite
fficielle à Londres le 16 avril 1855. Il y est reçu en très grand apparat. La reine Victoria raconte dans son
Journal ce que fut ce voyage : « Il y avait une foule immense à Londres et partout un accueil enthousiaste et
sincère... Arrivés au Palais, nous avons conduit l'Empereur et l'Impératrice jusqu'à leurs appartements...
L'Impératrice était ravissante dans une robe vert pâle, garnie de dentelles de Bruxelles, un châle assorti et un
chapeau blanc -- aucun ornement. Albert a été ravi par sa toilette et je suis tout à fait enchantée de voir à quel
point il l'aime et l'admire, car je le vois rarement réagir ainsi devant aucune femme. «

Louis Napoléon avait dû éprouver une réelle fierté de se retrouver en souverain au milieu de ceux qui l'avaient
connu proscrit... Pratique, c'est aux grands commerçants de la cité, qu'il réserve son plus important discours : «
epuis que je suis au pouvoir, mes efforts tendent constamment à développer la prospérité de la France. Je
onnais ses intérêts: ils ne sont pas différents de ceux de toutes les autres nations civilisées. Comme vous, je
eux la Paix, et, pour l'affermir, je veux, comme vous, resserrer les liens qui unissent nos deux pays. «
ictoria, le prince consort et leur fils aîné rendent rapidement sa visite à Louis Napoléon. Le 18 août suivant, ils
ont accueillis à Boulogne -- double symbole! Le succès est exceptionnel. Mais ce n'est encore rien! Louis
apoléon réussit à emmener un soir Victoria et le prince de Galles aux Invalides devant le tombeau de
apoléon Ier. Pouvait-il y avoir plus éclatante manière de sceller la réconciliation?
ictoria a aussi rapporté ces moments : « L'église est belle et
haute avec une grande coupole. D'en haut, nous avons regardé le caveau dont la forme ne plaît pas à
'Empereur qui a dit "qu'il ressemblait à un grand bassin; l'on arrive et se demande où est donc le tombeau de
'Empereur? L'on attend de voir de l'eau". Les ornements intérieurs sont pourtant très beaux. Le cercueil n'est
as encore à sa place, mais à côté, dans la chapelle de Saint-Jérôme. L'Empereur m'y a conduite et je suis
estée debout au bras de Napoléon III devant le cercueil de son oncle, notre plus grand ennemi! Moi, la petiteille de ce roi qui a le plus détesté Napoléon et qui l'a si violemment combattu et son propre neveu, portant son
om, maintenant mon allié le plus cher et le plus proche! [...] C'est vraiment étrange et merveilleux... «
n voit que Louis Napoléon ne ménage aucun effort pour que puisse se fonder une amitié franco-anglaise
olide et durable et qu'il paye de sa personne. Non sans succès. Car si ses relations avec le prince consort
onnaîtront des hauts et des bas, il va intéresser, séduire, impressionner la grande Victoria, dont il saura se
aire une amie personnelle.
a France et l'Angleterre seront des alliées en Crimée. Elles feront ensemble un bout de chemin au Mexique,
nterviendront ensemble en Chine. Pourtant, le rapprochement franco-anglais n'aura pas de concrétisation plus
clatante qu'en 1860, avec la signature du traité de commerce passé pour dix ans entre les deux pays.
vénement considérable et significatif à bien des égards. Il donne d'abord la mesure de ce que doit être selon
ouis Napoléon l'action diplomatique moderne : non plus seulement une manière d'arranger les rapports entre
uelques monarques, mais un moyen nouveau de peser et d'influer sur la vie quotidienne, l'activité, le niveau de
ie du plus grand nombre. Il illustre ensuite le rôle personnel de l'empereur, le poids de sa volonté.
ouis Napoléon a été converti au free trade lors de ses séjours outre-Manche, où il a vu Peel décider en 1846
a baisse des droits sur les céréales. Il a compris quelle stimulation de l'économie peut résulter de la libreoncurrence. Il en a discerné l'intérêt pour la France qui risque de s'assoupir derrière ses barrières douanières,
lors qu'il lui faudrait prendre toute sa part dans la compétition économique qui devient la loi commune. Il a la
onviction que c'est un des chemins à emprunter pour atteindre son objectif de toujours: l'amélioration de la
ondition ouvrière.
'est peu dire que la France n'est pas prête -- à quelques exceptions près -- à ce qu'elle considère comme un
aut dans l'inconnu. Il n'est guère que les saint-simoniens, quelques professeurs d'économie politique, les
égociants des ports et les viticulteurs pour être acquis à cette idée. Jusqu'ici, toutes les tentatives de libération
es échanges se sont heurtées à l'opposition d'un Corps législatif plus que réticent: les députés n'ont rien
ccepté d'autre que des dégrèvements sur les importations de fer et de charbon, se refusant obstinément à
ller au-delà. Les industriels et les céréaliers sont au premier rang des opposants.
ouis Napoléon est résolu. Il envoie donc Michel Chevalier à Londres convaincre l'économiste Cobden de venir
iscuter avec lui du projet. L'entretien, secret, aura lieu à Saint-Cloud. Entre autres considérations techniques,
ls évoquent tous deux l'inscription qui figure sur le socle de la statue élevée à Robert Peel : « Il mérita la
econnaissance du pauvre en abaissant le prix des denrées de première nécessité. «
e qui conduit Louis Napoléon à s'exclamer : « Ah! Voilà un éloge que je voudrais mériter! «
n fait d'éloge, lui qui voulait faire « quelque chose pour dissiper l'inquiétude et remettre l'industrie à l'oeuvre «,
ui qui voulait frapper l'opinion, n'aura droit, une fois la chose connue, qu'à un concert de récriminations. Pour
'heure, seuls sont dans la confidence Rouher, Baroche et Fould, ainsi que les frères Pereire et Persigny,
mbassadeur à Londres.
ébut janvier, on s'efforce de préparer l'opinion en publiant une lettre de l'empereur au ministre d'État, qui est
n véritable deuxième discours de Bordeaux: l'empereur y déclare vouloir « inaugurer une nouvelle ère de paix
et] en assurer les bienfaits à la France «. Il énumère les moyens de cette politique, l'amélioration des transports
t la baisse de leur coût, la vie à bon marché, bref: le « développement de la richesse nationale par un système
énéral de bonne économie politique «.
e 23 janvier, on apprend la signature du traité, qui sera suivi d'accords analogues et successifs avec toutes les
uissances voisines. C'est un tollé. On parle de « coup d'État commercial « -- il est vrai que le Corps législatif

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