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Première lecture linéaire : le portrait de Mlle de Chartres (Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678, Tome I)

Publié le 03/04/2022

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« 1G7 Première lecture linéaire - Séquence 2 : l’héroïne romanesque entre vertu et affirmation de soi. Première lecture linéaire : le portrait de Mlle de Chartres (Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678, Tome I) [Introduction] À l’inverse des romans baroques et précieux du XVIIe siècle, La Princesse de Clèves privilégie la brièveté et l’authenticité de l’histoire récente, celle de la cour d’Henri II au XVI e siècle, dans le sillon de l’esprit classique.

Cependant, le roman de Mme de Lafayette reprend à son compte la cartographie des sentiments de la préciosité pour développer l’analyse psychologique des personnages : en ce sens, il est considéré le premier roman d’analyse.

L’œuvre commence par un tableau de la cour de France dans les derniers années du règne d’Henri II : c’est dans ce cortège d’êtres d’exception, décrits de manière superlative et abstraite, que paraît tout à coup l’héroïne, Mademoiselle de Chartres, future princesse de Clèves.

Personnage de fiction, elle est encore plus extraordinaire que les plus prestigieuses dames de la cour et sa vraisemblance se trouve garantie par le cadre historique du roman : par conséquent, la question qui se pose est celle de la façon dont l'auteur présente son personnage principal et ses aspects contradictoires.

Si ce portrait est, comme les autres, placé sous le signe de l’excellence et de l’abstraction, il s’en distingue pour deux points : la place essentielle faite à l’éducation que l'adolescente a reçue et les aspects de sa possible vulnérabilité.

Ainsi, trois grands mouvements se succèdent dans l’extrait en question : l’arrivée à la cour, la description de l’éducation vertueuse de la jeune femme et, enfin, l’intérêt qu’elle suscite et les contradictions internes du personnage, à l'origine du conflit qu'elle devra affronter entre ses obligations sociales et ses sentiments. [I .

L’arrivée à la cour : une inconnue d'une beauté exceptionnelle, lignes de 1 à 8] Au début, le narrateur décide de rompre avec la galerie de portraits caractérisés par des noms bien connus et ancrés dans l'historiographie pour présenter le personnage principal sous une forme non définie et sans une description précise : la rupture est alors totale avec le tout début du roman, dans le but de créer une concentration de l'attention et un effet d'attente autour de ce personnage fictif et inconnu de l'adolescente qui fait irruption à la Cour et qui deviendra par la suite la princesse de Clèves.

Pour souligner le côté énigmatique du personnage, il suffit de regarder les deux premiers mots de l'extrait, « une beauté » (l.

1) avec l'article indéfini précédant le substantif, ces deux mots désignant la jeune femme par une métonymie.

Cette même métonymie est reprise tout de suite après, quand l'inconnue est décrite comme « une beauté parfaite » (l.

2), à créer un effet d'accumulation à visée presque hyperbolique, qui se répercute aussi dans l'hyperbole indiquant Mlle de Chartres comme « une des plus grandes héritières de France » (l.

5) et qui surenchérit dans l'emploi des superlatifs, à partir de « tout le monde » (l.

1) à l'adjectif « parfaite » (l.2).

L'effet troublant de cette irruption d'un être exceptionnel est souligné aussi par l'emploi du passé simple (« il parut », l.

1 ; « attira », l.

1) et l'adverbe de temps « alors » (l.

1). La mise en relief de cette entrée en scène remarquée est également renforcée par le lexique de la vue qui converge sur la demoiselle, comme si elle portait une force centripète irrésistible.

Les exemples en ce sens sont nombreux et créent, là aussi, un effet d'accumulation renforçant l'unicité de l'héroïne, ce qui va de pair avec l'absence de description précise dans l'objectif d'idéaliser davantage le personnage : le lexique de la vue montre cette forme d'attraction dès le départ, quand le narrateur relate que la jeune femme « attira les yeux de tout le monde » (ligne 1) et qu'elle « donna de l'admiration » (ligne 2), et le caractère exceptionnel de cette vision trouve son apogée juste après, puisque cette « admiration » naît dans « un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes » (ligne 3). L’énigme sur l'identité de la protagoniste reste entier jusqu'à quand on apprend que l'inconnue appartient à « la même maison du vidame de Chartres » (l.

4) : cependant, au lieu 1. »

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