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Pourquoi un sentiment est-il plus difficile à décrire qu'un objet physique ?

Publié le 15/05/2020

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« INTRODUCTION. — Le psychologue, a-t-on dit, atteint son objet propre beaucoup plus directement que le physicien n'atteint l'objet de la physique.

Il n'en reste pas moins que le jeu de notre vie psychique semble plusmystérieux et plus confus que celui du monde extérieur et que la description d'un sentiment est plus difficileque celle d'un objet physique.

Pourquoi PLa question ne semble viser que les objets concrets et individuels qui seuls peuvent être décrits.

Mais comme,à proprement parler, on ne peut.

pas faire la « description » d'un sentiment mais seulement son analyse, nouspourrions, donnant au verbe « décrire » la signification plus générale de « faire connaître », entendre laquestion des types généraux dont la science détermine les caractéristiques essentielles.

Nous nous placeronssuccessivement aux deux points de vue.

Prise dans le premier sens, la question peut, à l'aide d'exemples, se formuler ainsi : pourquoi la tristesse, la joie,la peur, la jalousie sont-elles plus difficiles à décrire que la chaux ou le charbon, la fleur ou le vertébré PIl pourrait nous sembler à première vue que les sentiments comportent une variété beaucoup plus grande queles objets physiques.

Mais cette impression est peut-être trompeuse et l'impression contraire plus exacte : « sion n'observe pas une plus grande variété dans les types de sympathie que dans les espèces de charbon, ilparait indiscutable que les fleurs présentent une diversité bien plus grande que les sentiments.On pourrait aussi attribuer au langage la difficulté spéciale que présente la description des sentiments.

Au senspropre, en effet, nos mots désignent des réalités ou des qualités physiques .

« sentiment » nous renvoie endéfinitive à l'organe sensoriel dont l'excitation conditionne la mise en jeu de l'activité psychique; l'émotion, estun mouvement; lorsque nous parlons de la profondeur, de la chaleur, de la couleur de nos sentiments, nousfaisons appel à des données extérieures.

Ces descriptions qui doivent en quelque sorte recourir à desmatériaux étrangers à la réalité décrite doivent, semblé-t-il, être plus difficiles que les descriptions directesduc monde extérieur, tout comme le langage symbolique est d'une utilisation plus difficile que le langagenaturel.

Mais cette explication, elle aussi, n'est qu'apparente.

Si à l'origine les mots du vocabulaire affectifdésignaient un objet extérieur, ce n'est plus une image de la réalité extérieure qu'ils évoquent maintenant ànotre esprit, ou si elles l'évoquent, ce n'est qu'à titre d'accompagnement et pour éclairer leur significationpsychique : ainsi, en entendant le mot « tendresse », nous ne songeons pas au bois dans lequel notre caniffait sans effort de profondes entailles ou à' la viande qui fond en quelque sorte sous la dent, car ce terme apris une acception purement affective; si le qualificatif de « froid » me fuit songer à la température d'hiver quiarrête toute vie, ce ne sera pas hors de propos, car c'est bien.

un arrêt de mon expansion vitale que provoqueen moi la froideur de ceux dont je désire la sympathie. Ainsi, les termes affectifs désignent clairement leur objet, et cet objet est aussi précis que celui du physicien.C'est pourquoi la description des sentiments ne présente pas de difficulté spéciale.

On pourrait même, prenantle contre-pied du présupposé qu'implique la question à laquelle nous avons à répondre, dire que la physiquenous présente des objets plus difficiles à décrire que la psychologie affective.

De nombre d'entre eux, en effet— qu'on songe à la fleur, au germe, etc.

— on ne peut que donner une idée en termes abstraits indiquant unefonction ou une propriété essentielle.

Les sentiments, au contraire, grâce à la possibilité de l'expérienceinterne, peuvent être caractérisés en peu de mots qui donnent l'impression du réel et équivalent à unedescription fidèle.Il n'est donc pas vrai, si nous prenons les termes dans leur acception générale et non dan; leur acceptionparticulière, qu'un sentiment soit plus difficile à décrire qu'un objet physique.

Sans doute, l'homme de la ruesera plus embarrassé par la description de ta pitié ou de la tendresse que par celle d'un cheval ou d'unebicyclette.

C'est que, habitué à regarder au dehors et à traiter avec ses semblables de choses matérielles, lesobjets du monde physique et les termes qui les désignent lui sont plus familiers.

La difficulté tient au sujet plusqu'à l'objet.Mais c'est seulement pour déblayer le terrain que, interprétant la question posée dans un sens qui n'était pasévident, sinon à contresens, nous avons comparé.

du point de vue de la difficulté de les décrire, les typesgénéraux de sentiments et Tes types généraux d'objets physiques.

La question, en effet, vise, non pas lestypes généraux, mais les réalités singulières, car on analyse les notions générales, on ne les décrit pas; ladescription n'a pour objet que des êtres ou des faits concrets et individuels.

Nous devons donc reprendre laquestion et nous demander pourquoi, par exemple, un sentiment comme l'insatisfaction que me laissent lespages que je viens de rédiger est plus difficile à décrire qu'un objet matériel comme mon stylo ou ma montre. Une première difficulté de la description d'un sentiment concret est sa complexité qui résulte principalement del'unité de la vie psychique, bien mise en relief par les psychologues contemporains.Sans doute, tout objet individuel est complexe; il y a tant à dire de lui qu'on n'en peut venir à bout : omneindividuum ineffable.

S'ils nous paraissent simples, c'est que nous ne les observons pas dans leur, réalité totale,nous considérons de préférence les produits de l'industrie humaine présentant des formes régulières faciles àreconnaître, tels un crayon, un marteau, une pièce de monnaie, une aiguille, c'est la forme .qui seule retientnotre attention : ou encore nous nous contentons d'en connaître l'usage pratique et l'impression qu'ils font surnous.

S'il nous fallait décrire une motte de terre ou un bloc de rocher, il ne nous serait pas facile d'en donner ànos lecteurs une vision mentale.Néanmoins, nous devons le reconnaître, un sentiment est plus complexe encore parce qu'il tient à toute notrevie et à toute notre histoire.

Pour connaître et décrire un caillou, je n'ai pas à remonter à ses origines ni à. »

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