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« Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d'un amour impossible ? »

Publié le 19/12/2021

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« Introduction On avait cru la passion amoureuse passée de mode, submergée dans les années soixante-dix par la vague de l'« amour libre », laminée au début des années quatre-vingts par l'idéologie libérale et le retour à des valeurs essentiellement économiques, reléguée, en somme, aux rayons poussiéreux des bibliothèques et des cinémathèques, et pour ainsi dire tombée d'elle- même en poussière. Mais le succès en 1984 de L'Amant de Marguerite Duras (Prix Goncourt, plus d'un million d'exemplaires vendus en quelques mois dans le monde entier), celui, l'année suivante, du roman de Philippe Djian, 37°2 le Matin, et bientôt du film qu'en devait tirer Beneix, puis, dernièrement, les dix césars du Cyrano de Bergerac, adapté par Rappeneau de l'oeuvre d'Edmond Rostand, montrent un éclatant regain du goût du public pour la passion malheureuse. Or, il y a dans ce goût, que rien jamais ne semble rassasier tout à fait, un mystère qui intrigue les spécialistes de la littérature et de la culture occidentale eux-mêmes, et que Denis de Rougemont, (L'Amour et l'Occident, 1938, Les Mythes de l'amour, 1967), formulait ainsi: « Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d'un amour impossible ? » Nous tenterons de répondre à cette question en montrant comment la représentation artistique de l'amour impossible sert à la fois de miroir à ce que nous rêvons de devenir : des héros capables d'aimer et de sacrifier tout à l'amour, et à ce que nous redoutons d'être : des humains enfermés dans un réseau social où l'on ne peut, où l'on ne doit pas peut-être, tout sacrifier à la passion. Première partie : l'amour impossible, un idéal surhumain «Les amants se couchent pour mourir», écrivait Boris Cyrulnik dans Sous le signe du lien, 1989.

L'éthologue entendait par là que la passion amoureuse est par nature destinée à s'éteindre dès lors qu'elle a permis au couple de se former et mis en place les conditions de la procréation, c'est-à-dire de la survie de l'espèce.

Or, c'est précisément à cette fatalité biologique que tous nos mythes s'opposent : ce qui nous fascine dans l'amour impossible, c'est, d'abord, que c'est un amour sans fin, un amour stérile, où l'individu l'emporte sur l'espèce, et que la mort éternise. L'histoire d'Orphée et d'Eurydice est à ce titre exemplaire.

Les dieux infernaux permettent à Orphée de ramener sur terre sa jeune épouse, morte le jour même de leurs noces, à condition, on s'en souvient, qu'il ne la regarde pas avant qu'ils soient sortis des Enfers.

Mais l'impossibilité de leur amour transcende jusqu'à la licence divine, la passion surhumaine d'Orphée lui fait commettre l'irréparable et il perdra son Eurydice à jamais.

Il en deviendra un héros surhumain, c'est-à-dire inhumain.

Les Thraciennes dont il refusera les consolations le mettront en pièces, déçues mais surtout fascinées par cet homme que sa fidélité idéale a fait échapper à sa condition humaine et finalement libéré de son désespoir. « La mesure de l'amour, c'est aimer sans mesure », écrivait saint Augustin, donnant ainsi une définition d'un sentiment que chacun rêve d'éprouver un jour.

Or, c'est toujours le destin des héros tragiques que d'aimer jusqu'à la démesure.

L'amour impossible nous fait échapper à notre condition de mortels, et tout d'abord à ce qui la symbolise le mieux : le temps.

Il transfuse dans la vie l'éternité de la mort en changeant la perception du temps humain (« Il me faudra de tes nouvelles à chaque heure du jour, car il y a tant de jours dans une minute ! », William Shakespeare, Roméo et Juliette, V3). « Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en [vous-même Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ? Dans un mois, dans un an,. »

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