Etude Lineaire 2 On badine pas avec l'amour III
Publié le 19/10/2025
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«
Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour
Étude linéaire 2
Acte III scène 3
La vengeance de Perdican
Depuis : « Ah ! (Elle se cache derrière un arbre.) jusqu’à « Hélas ! monsieur le docteur, je vous aimerai comme je
pourrai ».
Problématique : Le stratagème mis en place par Perdican n'est-il qu'un jeu ?
Mouvement 1 – La mise en place du piège
Camille.
Ah ! (Elle se cache derrière un arbre.) Voilà Perdican qui approche avec Rosette, ma sœur de lait.
Je
suppose qu’il va la quitter ; je suis bien aise de ne pas avoir l’air d’arriver la première.
Entrent Perdican
et Rosette, qui s’assoient.
Camille, cachée, à part.
Que veut dire cela ? Il la fait asseoir près de lui ? Me demande-t-il un rendez-vous pour y venir
causer avec une autre ? Je suis curieuse de savoir ce qu’il lui dit.
• Dès la première didascalie, on sait que Camille est une observatrice, une spectatrice de la scène
organisée par Perdican.
Elle voit sans être vue puisque : cachée derrière un arbre
• La première réplique de Camille apprend la situation au lecteur : elle introduit les personnages qui
arrivent : Perdican et Rosette.
Ce troisième personnage n'est pas étonnant pour le spectateur
mais il l'est pour Camille d’où l’interjection « Ah ! ».
En effet, ce n'est pas Perdican qui est au
rendez-vous mais c'est le couple Perdican et Rosette.
• On voit aussi qu'elle joue une sorte de rôle « je suis bien aise de ne pas avoir l’air d’arriver la
première » : elle ne veut pas montrer qu'elle est impatiente de voir son cousin.
Sa fierté́ , son
orgueil lui interdisent d’avoir l’air d’attendre impatiemment le rendez-vous avec son cousin, aussi
elle se cache pour ne pas arriver la première, et pour sembler ainsi plus désinvolte et détachée.
• Elle fait une supposition : « Je suppose qu'il va la quitter » : c'est faux, le spectateur le sait mais pas
C.
Mais cette phrase prépare l’ironie dramatique qui va suivre car il va se passer exactement
l'inverse.
Vient ensuite la surprise : les 3 interrogations de sa deuxième réplique montrent qu’elle s’étonne (que
veut dire cela ?) de voir Perdican et Rosette s’asseoir, au lieu de la chercher ; elle se demande alors ce
qu’elle fait là, et on voit poindre la jalousie dans ses propos : « Me demande-t-il un rendez-vous pour y
venir causer avec une autre ? »
L’interrogative indirecte : « je suis curieuse de savoir ce qu’il lui dit », souligne sa curiosité.
Elle va donc
rester pour écouter ce qui se dit.
Le stratagème de P fonctionne.
Les répliques de C en aparté permettent au spectateur/lecteur de comprendre la situation, de connaître
ses sentiments.
En effet, toutes les répliques de Camille sont adressées à elle-même mais en fait, elles
sont destinées au spectateur, pour que celui-ci comprenne quels sont ses sentiments, quelles sont ses
pensées.
C'est la double énonciation.
(au théâtre, toutes les paroles prononcées sur scène s'adressent
aussi au spectateur, qui est le double-deuxième destinataire).
Bilan - Le plan de Perdican est mis en œuvre.
On a une mise en abyme : Camille est la spectatrice de
la petite comédie jouée par Perdican.
C’est du théâtre dans le théâtre → le spectateur regarde C qui ellemême observe Pet R.
Mouvement 2 – la fausse déclaration d’amour de Perdican
Perdican, à haute voix, de manière que Camille l’entende.
Je t’aime, Rosette ! toi seule au monde tu n’as rien oublié de nos beaux jours passés ; toi seule tu
te souviens de la vie qui n’est plus ; prends ta part de ma vie nouvelle ; donne-moi ton cœur, chère
enfant ; voilà le gage de notre amour.
Il lui pose sa chaîne sur le cou.
Rosette
Vous me donnez votre chaîne d’or ?
Perdican
Regarde à présent cette bague.
Lève-toi et approchons-nous de cette fontaine.
Nous vois-tu tous
les deux, dans la source, appuyés l’un sur l’autre ? Vois-tu tes beaux yeux près des miens, ta main dans
la mienne ? Regarde tout cela s’effacer.
(Il jette sa bague dans l’eau.) Regarde comme notre image a
disparu ; la voilà qui revient peu à peu ; l’eau qui s’était troublée reprend son équilibre ; elle tremble
encore ; de grands cercles noirs courent à sa surface ; patience, nous reparaissons ; déjà je distingue
de nouveau tes bras enlacés dans les miens ; encore une minute, et il n’y aura plus une ride sur ton
joli visage : regarde ! c’était une bague que m’avait donnée Camille.
Camille, à part.
Il a jeté ma bague dans l’eau.
La didascalie à haute voix, de manière que Camille l’entende prouve que P sait que C est là.
Sous
couvert de s’adresser à R, il destine en réalité ses paroles à C.
On peut parler ici de double énonciation
puisque ses paroles ont 2 destinataires et même de triple énonciation car comme dans tout texte théâtral,
la parole est également adressée au public.
La pauvre R, quant à elle, ne soupçonne pas la supercherie et s’adresse uniquement à P
La phrase exclamative Je t’aime, Rosette ! est une véritable déclaration d’amour à R.
Le propos est
direct, trop direct pour être sincère
Les mots sont choisis pour se venger : on sait que P cherche à blesser C car lui-même est blessé.
• Il veut montrer qu'il est indifférent au départ de Camille pour le couvent.
• Il veut sûrement aussi attiser la jalousie de Camille.
Dire « je t'aime » à quelqu'un d'autre est lourd
de sens.
• Il semble qu'il se sert de Rosette comme d'un moyen pour se venger ; il l'utilise.
Dans sa première réplique
• l’anaphore de « toi seule » met en valeur Rosette, et l'adjectif « seule » qui souligne le caractère
unique de Rosette.
On comprend qu’il cherche à opposer C et R (Camille qui entend comprend
que le mot « seule » l'exclut).
• De même avec les expressions « tu n'as rien oublié de nos beaux jours passés » « tu te souviens
de la vie qui n'est plus » (voir scène 3, acte I) → Il s'adresse aussi à Camille qui, à l'acte I, scène
3, a refusé de re songer au passé commun avec Perdican, à leur enfance commune.
Lui a envie
de réactiver ce passé.
→ On constate qu’il dit deux fois la même chose, une fois sur le mode
affirmatif, une fois sur le mode négatif.
• Les impératifs : « prends » et « donne-moi » indiquent qu’il semble ne pas lui laisser le choix, Il
décide tout seul, de manière unilatérale.
(il décide et R subit.)
• Il y a d’ailleurs un décalage entre ce qu’il lui demande et ce qu’il est prêt à donner une part de ma
vie contre ton cœur.
→ cela révèle le manque d’authenticité et annonce la fin tragique.
Le gage de « notre amour » sonne étrangement à nos oreilles : elle ne lui a pour l'instant rien dit.
Il lui pose sa chaîne sur le cou : → didascalie qui complète la parole.
• Ce cadeau représente le lien d’amour entre Perdican et Rosette.
Mais elle symbolise aussi une
prison qui va priver R de sa liberté.
• Il laisse une sorte de preuve, il s'engage.
C'est dangereux : il ne se rend pas forcément compte
de la portée de ses actes, de ses paroles.
La question que pose R montre à la fois son absence d’éducation (pas d’inversion sujet-verbe dans sa
question) et sa naïveté.
Elle ne perçoit pas le double discours de P.
Elle est surprise de ce cadeau démesuré tout autant que
de la déclaration d’amour.
• Elle reste cependant respectueuse et se situe hiérarchiquement inférieure en vouvoyant P.
• elle
n'a d’ailleurs que trois répliques dans la scène ; trois courtes phrases, très expressives, qui
montrent son étonnement et son désarroi.
Le fait qu'elle ne parle pas beaucoup non plus souligne
la différence de classe sociale.
Regarde à présent cette bague.
Lève-toi et approchons-nous de cette fontaine.
Nous vois-tu tous
les deux, dans la source, appuyés l’un sur l’autre ? Vois-tu tes beaux yeux près des miens, ta main dans
la mienne ? Regarde tout cela s’effacer.
(Il jette sa bague dans l’eau.) Regarde comme notre image a
disparu ; la voilà qui revient peu à peu ; l’eau qui s’était troublée reprend son équilibre ; elle tremble
encore ; de grands cercles noirs courent à sa surface ; patience, nous reparaissons ; déjà je distingue
de nouveau tes bras enlacés dans les miens ; encore une minute, et il n’y aura plus une ride sur ton
joli visage : regarde ! c’était une bague que m’avait donnée Camille.
Perdican poursuit à nouveau son jeu, sans même répondre à la question de Rosette.
La mise en scène
qu’il a préparée s’appuie sur un deuxième objet : la bague
Verbes à l’impératif et la désignation des éléments....
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