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Pourquoi mentons-nous ?

Publié le 15/05/2020

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« Couramment, le mensonge désigne une assertion sciemment contraire à la vérité, énoncée avec l'intention de tromper l'interlocuteur.

En ce sens, il n'estpas opposé à la vérité, mais à la véracité, caractérisée par l'action de dire le vrai.

Le mensonge, qu'il soit volontaire ou non, semble donc étroitement lié au vecteur qui en permet l'expression : le langage.

Plus largement, l'étymologie du terme met en évidence la proximité du mensonge avec la capacité del'homme à user librement de son intellect : « mensonge » vient en effet du latin mentiri , lui-même provenant de mens, l' « intelligence ».

Que le mensonge soit utilitariste ou aveu de faiblesse, il revient donc paradoxalement à éluder la vérité avec lucidité.

Dès lors, pourquoi mentons-nous ? En tant quetromperie, de soi-même comme des autres, le mensonge apparaît aux antipodes de la démarche philosophique.

Mais le mensonge occulte-t-ilsystématiquement la vérité ? I/ Nous mentons parce que nous sommes libres 1/ Le mensonge est indissociable du pouvoir de la langue.« Vrai et faux sont des attributs de la parole, et non des choses.

Là où il n'est point de parole, il n'y a ni vérité nifausseté.

» (Hobbes, Léviathan ). Ainsi, parce que notre langue n'est pas une langue adamique (notre langue n'a rien de commun avec la langue mythiqueoriginelle d'Adam caractérisée par une coïncidence parfaite entre la chose et le mot qui la désigne), elle laisse subsisterun interstice entre elle-même et ce qu'elle désigne.

Dans cet interstice, s'infiltre le libre-arbitre.

Le mensonge traduitdonc la possibilité qui nous est laissée d'interpréter le monde et de le traduire, par le biais de la langue, à notre guise.Cette inadéquation, en même temps qu'elle consacre la liberté d'expression de l'homme, rend la parolefondamentalement mensongère.

Selon Bergson, la pensée est ainsi incommensurable avec le langage : « le mot brutalqui emmagasine ce qu'il y a de commun, et par conséquent d'impersonnel dans les impressions de l'humanité écrase lesimpressions délicates de notre conscience individuelle ».

2/ Le mensonge, comme manifestation de notre libre-arbitre, s'avère constructif.

Par le mensonge, l'homme s'adapte, defaçon toute personnelle, à une situation que la vérité nue ne permettrait pas d'affronter.

Nietzsche mettait ainsi enévidence, dans les Considérations Inactuelles, que le mensonge est plus inventif que la vérité, ce dont témoigne la force imaginative des mythomanes.Au plan social également, le mensonge utilitariste s'avère constructif : Spinoza et Mandeville voient ainsi dans lapolitesse le mensonge social sur lequel repose l'établissement d'une société pérenne.

II/ Nous mentons parce que nous sommes impuissants à faire face à l'exigence de vérité qui caractérise la démarche philosophique 1/ Le mensonge apparaît comme un aveu d'impuissance : faiblesse de celui qui refuse la vérité ou ne peut y faire face.

C elui qui ment par délicatesse pourne pas froisser un ami, celui qui ment pour ne pas affronter les conséquences d'une situation difficile, celui qui se ment à lui-même préférant croire qu'il estce qu'il n'est pas… Derrière la variété des mensonges, la caractéristique principale du mécanique mensonger semble être le manque de courage face à unevérité cruelle à affronter.En psychanalyse, le déni correspond ainsi au refoulement inconscient d'une vérité psychologiquement trop dure à affronter.

Dès lors, le mensonge sur lequelrepose ce déni n'est plus le signe du libre-arbitre, mais plutôt celui d'un déterminisme inconscient.C'est pourquoi Nietzsche jaugeait la valeur d'un esprit au degré de vérité qu'il était à même d'affronter : « Quelle dosede vérité sait-il supporter, sait-il risquer, voilà qui de plus en plus devint pour moi le vrai critère des valeurs.

L'erreur (lacroyance en l'idéal) n'est pas aveuglement, l'erreur est lâcheté » Ecce Homo. 2/ Le mensonge est dès lors condamné par la philosophie en ce que celle-ci est avant tout une recherche courageuse dela vérité.

« La plus grande transgression du devoir de l'homme envers lui-même considéré comme être moral (enversl'humanité en sa personne) est le contraire de la véracité : le mensonge .

» (Métaphysique des mœurs ). Selon Platon, le seul modèle d'existence digne d'être vécu par l'homme est celui qui consiste à rechercher constammentla vérité afin de participer à l'Idée éternelle.

C'est cet idéal que traduit l'allégorie de la caverne.

Le mensonge est dèslors compris comme une perversion métaphysique qui mélange l'être et le néant.

III/ Mensonge et vérité sont cependant étroitement liés, au point que le mensonge conditionne parfois l'émergence dela vérité 1/ Le paradoxe du mensonge qui s'annihile lui-même.Dans l'Ethique à Nicomaque , Aristote met au jour le « paradoxe du mentant » : soit une personne affirmant « je mens ».

Si ce qu'elle dit est vrai, ce qu'elle dit est faux,et inversement.On peut dès lors en conclure qu'une même assertion peut être à la fois vraie etfausse.Un mensonge peut également s'annihiler lui-même dans la durée : il en est parexemple ainsi du médecin qui affirme sans y croire à son patient qu'il guérira, et c'est cette pensée même qui permet laguérison du patient.

2/ L'art érige le mensonge en moyen heuristique.

Rousseau considérait le théâtre comme une officialisation dumensonge de son époque.

Il est en effet patent que le jeu des comédiens repose sur le mensonge de leurtravestissement.

Plus largement, la fiction qui constitue le cœur du cinéma et de la littérature sont autant d'illusionsmensongères.

Pour autant, c'est sur ce mensonge que repose la possibilité d'atteindre par l'art une vérité particulière.En effet, selon Hegel, « Le beau se définit comme la manifestation sensible de l'idée ».

Conclusion - Si la liberté est la condition de la possibilité du mensonge… - … nous mentons par peur de la vérité, par une lâcheté qui est aux antipodes de la démarche philosophique consistantà s'acheminer vers la vérité… - … Pour autant, il existe certaines formes de mensonge qui permettent de penser une proximité du mensonge et de la vérité.. »

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