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Pour quelles raisons « Dom Juan » occupe-t-il une place à part dans l'oeuvre de Molière?

Publié le 09/12/2021

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Si l'on veut rendre pleinement justice au Dom Juan de Molière, il convient de le juger à la lumière des modèles dont l'écrivain s'est inspiré. La pièce de Tirso de Molina était un drame espagnol de caractère religieux, merveilleux et fantastique. Celle de Cicognini était une comédie bouffonne où l'auteur ne cherchait pas à moraliser mais seulement à amuser par des aventures alertement ménagées et par l'emploi d'un merveilleux fantasmagorique qui permettait de faire valoir les ressources d'une machinerie ingénieuse. A partir d'une pareille matière, Molière ne pouvait, sans bouleverser les données essentielles qui font au théâtre le succès du thème, songer à bâtir une comédie classique soumise à des règles étroites et respectant non seulement les unités de temps et de lieu mais même l'unité de ton. Sa pièce sera donc le résultat d'un compromis entre la comédie classique telle qu'il la pratiquait habituellement et la tragi-comédie si goûtée de la génération précédente et qui d'ailleurs se rapprochait tant de ce théâtre espagnol, berceau de Don Juan.

« Pour quelles raisons « Dom Juan » occupe-t-il une place à part dans l'oeuvre de Molière ? INTRODUCTION Si l'on veut rendre pleinement justice au Dom Juan de Molière, il convient de le juger à la lumière des modèles dont l'écrivain s'est inspiré.

La pièce de Tirsode Molina était un drame espagnol de caractère religieux, merveilleux et fantastique.

Celle de Cicognini était une comédie bouffonne où l'auteur ne cherchaitpas à moraliser mais seulement à amuser par des aventures alertement ménagées et par l'emploi d'un merveilleux fantasmagorique qui permettait de fairevaloir les ressources d'une machinerie ingénieuse.

A partir d'une pareille matière, Molière ne pouvait, sans bouleverser les données essentielles qui font authéâtre le succès du thème, songer à bâtir une comédie classique soumise à des règles étroites et respectant non seulement les unités de temps et de lieumais même l'unité de ton.

Sa pièce sera donc le résultat d'un compromis entre la comédie classique telle qu'il la pratiquait habituellement et la tragi-comédie si goûtée de la génération précédente et qui d'ailleurs se rapprochait tant de ce théâtre espagnol, berceau de Don Juan. I.

LA CONCEPTION GÉNÉRALE DE LA PIÈCE Elle n'est pas C'est ainsi qu'en premier lieu, dans une comédie classique sa conception générale, le Dom Juan de Molière diffère assez largement descomédies classiques qu'il écrit d'ordinaire.

D'abord cette pièce n"est pas exclusivement comique et Molière n'y respecte pas la distinction des genres,dogme fondamental de la doctrine classique.

Quoi qu'aient pu prétendre en effet les écrivains romantiques, les comédies de Molière sont toujours gaies ets'il est vrai qu'elles comportent un élément de pathétique, ce pathétique reste toujours discret et en quelque sorte sous-jacent.

Au contraire, dans DomJuan l'aventure d'Elvire, qui occupe une place importante dans l'intrigue, est tragique à la fois par la situation où elle place la jeune femme abandonnée etpar l'aveu sincère et digne que celle-ci fait elle-même de son désarroi.En outre la comédie classique, telle que la conçoit Molière, expose la crise finale d'une situation devenue progressivement intenable et dont les antécédentssont présentés sous forme de récit.

Ainsi le rideau se lève, à la représentation de Tartuffe, au moment où l'irritation de la famille d'Orgon est à son comble àl'égard de l'intrigant qui s'est insinué peu à peu dans la maison et qui maintenant y fait la loi : un éclat est donc inévitable et imminent.

Et c'est Orgon lui-même, la dupe de ce scélérat, qui narre avec attendrissement les circonstances de sa première rencontre avec Tartuffe et la manière dont il s'est laisséprogressivement subjuguer par lui, au point de lui abandonner la direction de sa maison.

Dans Dom Juan au contraire, si l'on excepte le drame d'Elvire quin'est présenté sur la scène que dans sa dernière phase et dont les antécédents nous sont évoqués par les propos des personnages, nous n'assistons pasau dénouement d'une crise mais nous voyons se dérouler devant nous une succession d'événements.Cette puissance de concentration, habituelle dans les comédies classiques de Molière, est totalement absente de Dom Juan.

C 'est un drame où se mêlentles éléments les plus divers.

On y découvre d'abord ce qu'on est habitué à trouver dans une pièce de Molière : le comique de farce, emprunté aux modèlesitaliens, s'y associe à la comédie de mœurs et à la comédie de caractère.

Mais on y relève aussi une part, assez discrète d'ailleurs, de romanesque ainsique les éléments d'un drame religieux, merveilleux et fantastique, empruntés l'un et l'autre à l'œuvre de Tirso de Molina.

C'est aussi de Tirso de Molina quevient l'élément tragique avec son pathétique douloureux que Molière, observateur des âmes, a encore enrichi et approfondi.

Enfin il faut signaler la note depolémique personnelle que Molière a introduite dans la tirade sur l'hypocrisie « vice à la mode » prononcée par Don Juan à la scène 2 de l'acte V.La hardiesse de Molière apparaît plus significative encore dans la manière dont il juxtapose le comique et le tragique.

Il témoigne là d'une audace dont lesRomantiques eux-mêmes ne donneront pas d'exemple.

Il fait succéder une scène bouffonne à une scène pathétique : la scène où Don Juan berne M.Dimanche est immédiatement suivie de celle où il affronte les reproches de son père.

Bien plus il place côte à côte dans la même scène des traits bouffonset tragiques.

Les pitreries de Sganarelle s'insèrent dans MOLIÈRE II.

LA TECHNIQUE DE LA PIÈCE La technique utilisée par Molière confirme ce qu'annonçait la conception générale de la pièce.

Sur ce point aussi l'auteur de Dom Juan suit la voie tracée parla tragi-comédie.Les libertés prises Jamais sans doute Molière ne s'est moins avec les règles soucié de respecter les règles.

11 ne tient aucun compte de l'unité de lieu.

Lepremier acte se situe dans un palais quelque part en Sicile, le second dans une campagne au bord de la mer ; le troisième nous conduit dans une forêt et lequatrième dans l'appartement de Don Juan tandis que le cinquième nous ramène à nouveau dans la campagne.

Quant à l'unité de temps, elle n'est pas nonplus respectée.

Dans sa seconde rencontre avec son père, Don Juan proteste qu'il n'est plus le même que la veille : c'est assez pour indiquer déjà qu'unejournée s'est écoulée entre les deux entretiens.

Mais les aveux de Molière sont moins significatifs encore que ses silences et s'il s'est bien gardé depréciser la durée de l'action, c'est qu'il avait pleinement conscience que la multiplicité des événements qui s'y déroulent ne saurait, à beaucoup près,s'insérer dans le cadre des vingt-quatre heures.

Au reste tous ces événements constituent une trame très lâche et on ne saurait prétendre non plus queMolière se conforme dans cette pièce à l'unité d'action.

L'aventure d'Elvire occupe seulement le tiers de la pièce et le dénouement n'offre aucun rapportavec elle.

La lutte du méchant contre Dieu n'apparaît que de loin en loin.

Beaucoup de scènes sont en outre extérieures à l'une et l'autre de ces intrigues.

Laseule unité que l'on puisse découvrir dans la pièce est l'unité d'intérêt : elle nous attache au personnage de Don Juan que nous suivons dans la progressionde ses méfaits, de plus en plus graves au fil des scènes.

Enfin, contrairement à la règle classique, toujours observée ailleurs par Molière, dans Dom Juancomme dans la tragi-comédie, des personnages paraissent sans avoir été annoncés et disparaissent sans qu'on sache ce qu'ils deviennent.Les caractères Exceptionnelle par sa conception et sa technique, la pièce de Dom Juan est exceptionnelle aussi par les personnages qu'elle met en scène.Dans cette comédie, les caractères ne sont; pour la plupart, jamais comiques.

Don Juan n'est jamais ridicule même quand la situation s'y prêterait, parexemple au moment de la scène du naufrage ou quand il se trouve face à face avec les deux paysannes qu'il a courtisées à l'insu l'une de l'autre.

Elvire,sympathique, touchante, émouvante, n'est jamais effleurée par l'ombre d'un ridicule malgré sa situation de femme abandonnée.

Quant à Don Louis, c'est unpère tragique et jamais un père de comédie.

Seul Sganarelle est comique par sa couardise, sa vanité naïve qui le conduit à faire étalage sur un tonsentencieux des bribes de connaissances mal assimilées qu'il a glanées çà et là au cours de sa vie ; il prête aussi à rire par la vulgarité et le pédantisme deson langage, par ses sottes superstitions.

Mais il y a aussi en lui des traits qui ne sont pas ridicules : il ne manque à l'occasion ni de bon sens ni même d'uncertain esprit d'observation, et son honnêteté foncière s'exprime par la sévérité du jugement qu'il porte sur son maître, quand il dompte la peur que Don Juanlui inspire. CONCLUSION Ainsi, en cette époque de rigoureuse distinction des genres, le mélange, au sein de la pièce, d'éléments aussi divers ne manquait pas de hardiesse.

Sansdoute la richesse composite des sources auxquelles il avait puisé ne permettait-elle guère à Molière, à moins d'une refonte totale, d'exploiter son sujet dansles limites trop strictes d'une comédie classique.

Mais surtout la complexité et l'ampleur d'un type d'humanité comme celui de Don Juan n'y auraient pastenu à l'aise.

Ce sont en quelque sorte les exigences de l'analyse psychologique d'un être en perpétuel devenir qui ont fait ainsi éclater les cadres.

SiMolière a pris des libertés avec la discipline classique, c'est donc en définitive au nom d'un souci commun à tous les écrivains de sa génération : celui depeindre dans leur vérité toutes les nuances de l'âme humaine.. »

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