Portugal (2000-2001): Jorge Sampaio réélu sans enthousiasme
Publié le 21/09/2020
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Portugal (2000-2001):
Jorge Sampaio réélu sans enthousiasme
Désaffection de l'électorat, pessimisme quant à l'avenir économique,
mécontentement face à l'insécurité et attente d'une politique d'immigration
cohérente, tels étaient les sentiments de la population portugaise le 1er
janvier 2001, date du quinzième anniversaire de l'adhésion du Portugal à la
Communauté européenne.
Lors de l'élection présidentielle du 14 janvier 2001, marquée par un taux
d'abstention record de 49 %, le socialiste Jorge Sampaio a été réélu avec 55,7 %
des suffrages, contre 34,5 % à son rival de centre droit, Ferreira do Amaral.
Cette victoire n'a toutefois pas rétabli l'image du gouvernement (socialiste) du
Premier ministre António Guterres, qui a vu sa cote de popularité s'effondrer.
Le Parti socialiste portugais (PSP) espérait pourtant limiter les dégâts en
récupérant une partie de l'électorat communiste.
En effet, plus de dix ans après
la chute du Mur de Berlin, le très orthodoxe Parti communiste portugais (PCP) a
connu à son tour une crise sans précédent : son comité central a connu en 2001
une véritable hémorragie de dirigeants.
Rien n'indiquait cependant que la baisse
de popularité de la gauche ait pu profiter au principal parti d'opposition, le
Parti social-démocrate (PSD) de Durão Barroso, qui peinait à trouver ses marques
dans un pays où droite et gauche s'inspirent toutes deux du libéralisme
économique.
Fait nouveau, la droite populiste du Parti populaire de Paulo Portas
a commencé à exploiter le mécontentement public en agitant le thème de
l'insécurité et de l'augmentation de la criminalité.
Début 2001, une hausse conjuguée des taux d'intérêt et du prix du pétrole a
provoqué une vive appréhension dans un pays dont les ménages sont très endettés.
Les prévisions de croissance pour 2001 ont été revues à la baisse, passant de 3
% à 2,7 %.
Plus préoccupant à la veille du passage à l'euro, l'inflation s'est
élevée à 3,1 % au premier trimestre, faisant craindre un taux de 4 % en fin
d'année 2001 ; la hausse du prix du pétrole et l'augmentation du déficit
budgétaire à 55 % du PIB expliquaient ce dérapage.
Cependant, le chômage
semblait devoir rester stable en 2001 (autour de 4,1 %).
Par ailleurs,
l'organisation de la coupe Euro de football en 2004 promettait de soutenir
l'activité économique.
Manquant de main-d' œuvre, le Portugal a vu augmenter
l'immigration en provenance de l'Europe de l'Est et du Maghreb.
Cet ancien pays
d'émigration comptait, en 2001, 200 000 travailleurs étrangers en situation
régulière, auxquels s'ajoutaient vraisemblablement autant d'illégaux.
Le début du xxie siècle aura été l'occasion d'un premier bilan.
Après quinze ans
d'une modernisation au pas de course - le PIB par habitant est passé de 56 % de
la moyenne européenne en 1986 à 74 % en 2000 (90 % à Lisbonne) -, les Portugais
ont sombré dans la morosité.
Passée l'euphorie des années de croissance forte,
la population était consciente du fait que les réformes urgentes de l'éducation
nationale, du système de santé, de l'administration publique et de la justice
n'avaient toujours pas été mises en œuvre.
En 2001, le Portugal se voyait comme
ses trains à grande vitesse : parmi les plus performants et les plus modernes
d'Europe, mais contraints de circuler lentement dans un réseau archaïque..
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