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PORT-ROYAL

Publié le 15/05/2020

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« PORT-ROYAL — Port-Royal est le monastère de religieuses fondé au XIIIe siècle dans la vallée de Chevreuse et sévèrementréformé au XVIIe siècle par la jeune fille qui devait devenir « la mère Angélique ».

L'abbé de Saint-Cyran, nommédirecteur du monastère, attira auprès de lui dans cette solitude quelques hommes pieux : MM.

Lancelot, Hamon, LeMaître, le Maître de Sacy, Nicole, le grand Arnauld et Arnauld d'Andilly.

Tels furent les « Solitaires », quis'installèrent dans l'abbaye de Port-Royal-des-Champs quand la communauté des religieuses fut transférée à Paris,et qui se retirèrent aux Granges, dépendances de l'abbaye, quand les religieuses revinrent.— M.

de Saint-Cyran était l'ami et le disciple de Jansen ou Jansenius, évêque d'Ypres, auteur d'un livre théologique,l'Augustinus, commentaire de saint Augustin, mais commentaire tendancieux qui force et aggrave les thèses dugrand docteur, au point de constituer une doctrine nouvelle.— L'ami de Jansen introduisit cette doctrine, bientôt appelée jansénisme, à Port-Royal, qui était bien préparé, par saréforme sévère et sa sombre solitude, à la recevoir.— L'Eglise a toujours enseigné qu'à l'homme marqué par le péché originel, et malgré le sacrifice du Rédempteur, unsecours divin, appelé la grâce, est nécessaire pour échapper au péché et faire son salut.

Mais dans quelle mesure PL'accord cesse sur ce point entre les docteurs; car les uns font plus grande, les autres moins grande, la part del'action divine et de la grâce, par conséquent de la liberté humaine et de l'effort méritoire.Les Jésuites avaient adopté la doctrine du jésuite espagnol Molina, qui abonde dans le sens libéral, puisqu'ellerepose sur le principe de la grâce suffisante : tous les hommes reçoivent cette grâce en naissant, et c'est àchacun, par ses mérites, de la rendre agissante.Jansen et les jansénistes ont au contraire pris parti contre la liberté humaine; ils professèrent que l'homme resteaccablé sous le poids du péché originel et qu'il n'a pas le pouvoir de se sauver lui-même; car d'après eux, si la grâceest efficace (c'est-à-dire toujours suivie d'effet), Dieu l'accorde ou ne l'accorde pas, à sa volonté, et cela dès notrenaissance : en sorte que, quels que soient nos efforts plus ou moins méritoires, nous sommes prédestinés au salutou à la damnation.

Cette doctrine de la prédestination, qui pousse l'idée de la grâce toute-puissante jusqu'aufatalisme, ne laisse plus subsister en nous aucune liberté, détruit par conséquent la condition même de notreresponsabilité morale, est véritablement accablante pour la conscience humaine.— Le conflit théologique entre Jésuites et Jansénistes se doublait d'un conflit moral.

Les Jansénistes, pour qui lavolonté d'un Dieu menaçant pèse sur l'humanité, préconisaient une morale austère en rapport avec notre terribledestin.

Les Jésuites, au contraire, partisans d'un Dieu plus indulgent, d'ailleurs engagés dans le siècle et désireuxd'étendre leur clientèle mondaine, montraient une indulgence plus grande pour le péché; ils étaient accusésd'accommoder la morale chrétienne aux faiblesses du monde par le moyen de la casuistique.— La casuistique est la connaissance et la solution des cas de conscience; elle pèse les fautes humaines en tenantcompte de tout ce qui peut les alléger, circonstances et intentions.

Quelques théologiens en ont abusé grâce à desprocédés subtils, dont voici les principaux.

— a) La « doctrine des équivoques » autorise l'emploi de termes ambigusque l'on entend dans un sens, tandis qu'on laisse l'interlocuteur les entendre dans un autre.

— b) La « directiond'intention » corrige le vice de l'action par la pureté de l'intention; par exemple, le souci de sauver son honneurcorrige le vice du duel.

— c) La « restriction mentale » est un sous-entendu qui annule le mensonge; par exemple,on dit tout haut : Je jure que je n'ai pas commis telle faute, et l'on ajoute tout bas : tel jour.

— d) La « probabilité »est l'avis d'un seul docteur, qui suffit à innocenter un acte que cent autres docteurs condamnent.— Ces habiletés casuistiques ont paru à Port-Royal le comble de l'hypocrisie.

Il est certain que maints casuistesexagéraient la subtilité et l'indulgence, et qu'à force de mettre la morale au gré de la société mondaine, ilsfinissaient par la compromettre gravement.

Mais il est certain également que les Jansénistes ont été animés contrela casuistique d'une passion trop vive pour la comprendre toujours bien; ils en ont souvent faussé le sens endétachant leurs citations d'un contexte qui légitimait tout; ils ont été injustes pour ce qu'il y avait chez lescasuistes de fine exactitude et de sens psychologique aigu.— La doctrine dont Port-Royal devint le foyer allait évidemment contre l'orthodoxie et les Jésuites étaient un corpspuissant.

C'est pourquoi le jansénisme se vit condamné par le Pape et la Sorbonne; c'est pourquoi aussi religieuseset solitaires ont subi des persécutions successives, depuis l'année 1638 où Saint-Cyran fut emprisonné, jusqu'al'année 1710 où, religieuses chassées, le roi ordonna la destruction de l'abbaye.

Port-Royal s'est défenducourageusement.

Et quand Pascal est intervenu dans la lutte en publiant les Provinciales, s'il ne vainquit pas sesennemis sur le terrain religieux, il atteignit leur crédit moral aux yeux du monde; l'expulsion des Jésuites, en 1762,doit être considérée en partie comme une conséquence des critiques de Pascal, du grand Arnauld, de Nicole et deSaint-Cyran.— Port-Royal a exercé une influence incontestable sur la société et la littérature du XVIIe siècle.

Des salons enétaient pénétrés; beaucoup d'esprits la reflétèrent avec sympathie (notamment Mme de Sévigné : cf.

Sévigné, 6,fin de 7).

De grands ouvrages, ceux de Pascal, sont entièrement jansénistes; et la conception janséniste de lanature humaine a sa part dans l'inspiration de beaucoup d'autres : ceux, de La Rochefoucauld, de La Bruyère, deRacine.. »

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