Poésie: Nuit Rhénane Apollinaire
Publié le 05/01/2023
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«
Nuit rhénane
Le recueil Alcools, publié en 1913 par Guillaume Apollinaire, est un recueil
qui joue sur la surprise, les contrastes, l’inventivité lexicale et syntaxique.
Le
poème « Nuit rhénane » ouvre le cycle des 9 poèmes de la section Rhénanes,
inspirée par le voyage d’Apollinaire en Allemagne et le souvenir de son amour
malheureux avec Annie Playden.
Il leur donne finalement une place privilégié
dans le recueil Alcools, véritable recueil dans le receuil.
Dans cette section,
Apollinaire se réapproprie les mythes germaniques et fait entrer dans sa poésie
les figures surnaturelles des fées du Rhin, comme pour créer un parallélisme
avec Annie Playden, dont il se sent ensorcelé.
Problématique
Etudions le passage de la réalité à une rêverie fantasmatique et le
double visage de l’allemagne incantée ici.
Annonce de plan linéaire
Nous verrons que le premier quatrain de « Nuit rhénane » que le poète
passe de la ralité à la rêverie.
Dans la suite du poème, Apollinaire revient dans la
réalité puis se replonge dans la fantasmagorie.
I – De la réalité à la rêverie (v.1 à 4)
Le poème « Nuit rhénane », qui commence par un quatrain composé
d’alexandrins aux rimes croisées, a toute l’apparence d’un sonnet élisabéthain
(ABAB BCBC CDCD EE), sans doute en hommage à Annie Playden, la jeune
anglaise dont Apollinaire était amoureux.
La rêverie a pour support un objet très réel et prosaïque qui est le premier
terme: un « verre » (v.1).
Ce verre est “trembleur” animé d’une force étrange.
Ce vin, comme Alcools semble être une métaphore du feu brûlant de la poésie.
De plus, Apollinaire joue surtout sur l’homophonie entre « verre » et « vers »,
qui éclaire le titre du recueil Alcools.
Ce vin est le support d’une évasion
immobile et réprésente aussi l’énergie créatrice qui symbolise l’inspiration
poétique.
Le début de l'envoûtement , du malaise et de l’ivresse sur un ton lent et
un peu mélancolique grâce au rythme du tétramètre.
De plus, c’est la nuit avec
la lune au vers 3 et nuits au vers 10 ce qui est un cadre favorable au fantasme
et fantasmagorie.
Cela renforce le lyrisme avec un décor typiquement
romantique, (comme dans un tableau du peintre romantique Caspar David
Friedrich ).
La perception du monde semble changeante du fait de la boisson ce
qui transforme le monde nocturne des bords du Rhin en un univers étrange.
Appolinaire au vers 2, convie les buveurs à écouter ce que lui seul entend
“la chanson lente des bateliers” faisant songer au lyrisme.
Cette chanson rapelle
la légende de la Lorelei, la Circé locale, pécheresse qui, par sa beaute et ses
chants magiques, attirait contre des rochers les bateliers fascines et provouait
ainsi leur mort.
Le champ lexical de la musique et du chant, très présent dans
les deux premiers quatrains, souligne que ce poème a pour véritable sujet le
lyrisme : « Écoutez », « chanson », « lente », « raconte », « chantez », «
dansant ».
Le lyrisme est renforcé par la musicalité du premier vers avec
l’allitération en [v] et l’assonance en [in] : « Mon verre est plein d’un vin
trembleur comme une flamme ».
Le vers 3 se poursuit par un enjambement qui augmente cette langueur
du rythme et ainsi permet d’étirer la vision fantastique de la mythologie
germanique des “sept femmes” “sous la lune”.
L’ajectif numéral cardinal “sept”
est un chiffre mystique, magique et infernal faisant référence à l’Apocalypse
dans la Bible.
Il renvoie aux 7 dons de l’Esprit Saint et aux 7 dons de
l’intellligence humaine dans la religion islamique.
Ce chiffre confère donc à ces
femmes une dimension surnaturelle, divine et inquiétante.
De plus, les “cheveux
verts et longs” vers 4 font entrer le poème dans le surnaturel.
Cette couleur
représente l’eau mais aussi l’espérance, la dissimulation.
Les sept femmes
pourraient faire référence aux filles du Rhin, ondines( génie des eaux) de la
mythologie nordique, chargées de veiller sur l’or du Rhin comme le suggère dans
le troisième quatrain « l’or des nuits ».
Le verbe « Écoutez » à l’impératif engage
le lecteur à prêter attention à ce chant lyrique qui puise dans la tradition et la
mythologie.
II – Retour à la réalité ( v.5 à 8)
Le poète veut s’arracher à cette vision maléfique et à ce chant obsédant.
Il veut donc retrouver son équilibre menacé par cet aspect ténébreux.
Le rythme
est très vif, heurté exprimant cette volonté de briser l’évasion avec l’impératif a
la deuxième personne du pluriel ainsi que des coupes.
Le poète opère un retour
à la taverne rassurante, aux sages bretchen Allemagne, symbole solaire (
blondes) et régime diurne, différentes des cheveux verts qui sont maléfiques.
Ce
sont des symboles d’une vie réglée, sans aventure, détentrices d’un amour
paisible et généreux.
Notez la sagesse de la coiffure “aux nattes repliées” : ces
femmes connaissent les règles de la société et s'y conforment.
“La ronde
rassurante” permet de protéger le poète.
Ainsi les chansons, la ronde, les
bretchen, symbolisent l’Allemagne sage, rassurante, équilibrée, et
conventionelle.
III- Retour à la fantasmagorie
Le fantasme du poète car la voie du batelier est la voix de son
subconscient réveillé par le vin: “ Le Rhin le Rhin est ivre”.
L’eau dans cet univers
est maléfique et elle est relier au signe de la lune qui éclaire le fleuve.
Dans ce
vers, il y a une fusion entre l’Allemagne viticole, de légende romantique et
médiéval, avec la personnification inquiétante du Rhin, qui n’est pas que la....
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