PlNGET (Robert)

« PINGET (Robert), écrivain français (Genève 1 919).

D'abord pei� tre (sa pre­ mière exposition a lieu à Paris en 1�50), il enseigne le dessin et le français en Angleterre, voyage en Afrique et aux Mexique, et débute en littérature par des nouvelles (Entre Fantoine et Agapa, 1951) et des romans (Mahu ou le Maté­ riau, 1952 ; le Renard et la Boussole, 1953 ; Graal Flibuste, 1956 ; Baga, 1958) qui le feraient classe� da �s 1: « éc ?le d� regard >>,s'il ne témoignait d une Imagi­ nation résolument fantasque (qu'on a volontiers rapprochée de celle d'un Lewis Carroll) et s'il n'affir·mait son souci de fonder 1' art du roman sur >.

Si le début de son œuvre se place sous le signe du réc�t impossible, très vite Pinget fait de l'écri­ ture la seule réalité : , Fable, 1971).

Il n'est d'autre mémoire que celle de la parole, c'est �ire que l'écriture contribue à la confusion, mêlant les temps, les voix, les points .

de vue (le Libera, 1968).

L'accumul ?- tH ;> n des données, des constats, des details (Clope au dossier, 1961 ; l'Inquisitoire, 1962), la reprise incessante des mêmes thèmes (que Pinget fait remonter à son goût pour la musique baroque.

et � la fugue de Bach) rendent chaque situation, chaque personnage de plus en plus flou, de plus en plus improbable (Quelqu'un, 1965) : le terrain disparaît sous u_n cadastre infini.

Les voix se captent, mais se figent.

Elles ne se rapportent à :r:ien d'autre qu'à elles-mêmes (Passaca!lle, 1969 ; Cette voix, 1975 ; Monszeur Songe, 1982).

Pinget en donne la contre­ épreuve avec son théâtre, proche de la dérision d'un Beckett (Lettre morte, 1960 ; Ici ou ailleurs, 1961 ; Architruc, 1961 · Identité, Abel et Bela, 1971 ; , .

Paralchimie, 1976 ; le Manuscrzt, 1977 ; Autour de Mortin, 1979).

À mi-chemin de Michaux et de Robbe-Grillet, Pinget ·est le maître de la découverte tâtonnée de l'anonymat et de la mise en place d'un système de signes qui, , à t_ ra ve :r:s �a prolifération du langage, etabht � In�e­ nieux brouillage de la communication (l'Apocryphe, 1980; Charrue, 1985; la Manivelle, 1986).. »