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PLATON par François CHATELET

Publié le 18/06/2020

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« Le problème politique Lorsque meurt Platon, la Cité est exsangue. En 338, dans la plaine de Chéronée, l'armée de Philippe de Macédoine écrasera les troupes grecques qu'un dernier sursaut d'énergie a coalisées. C'en est fini désormais de cette forme politique a joué un tel rôle, depuis, dans l'imaginaire des hommes en quête de l'Etat parfait. Philippe, suzerain des Grecs, assurera, par la force, cette unité et cette paix intérieures auxquelles aspiraient les fils d'Hellen depuis la fin des guerres Médiques, au moins. La Cité désormais s'assoupit au soleil, dans le bruissement des bavardages municipaux; elle ne s'éveillera qu'au fracas des Empires. Et, pauvre, sous la garantie de la loi, peut attaquer le riche ou le noble, non pour le spolier, mais pour exiger de lui qu'il partage, pour le plus grand bien de tous, ses privilèges... Etablie dans les institutions, la démocratie, à Athènes, gagne les mœurs. Elle s'étend à l'activtté théorique et artistique. Les spéculations des médecins et des physiciens se libèrent des interdits de la religion. Elles sont maintenant acceptées : à l'interprétation sacrée se substituent, peu à peu, des explications profanes. Athènes accueille les découvertes faites dans les Cités coloniales, déjà libérées des hypothèques anciennes en raison même d'une situation qui les contraint à l'invention. Certes, au Ve siècle, la charlatanerie physicienne va bon train et les recueils médicaux ne nous rassurent guère sur le traitement imposé aux malades. Il n'en reste pas moins que ces recherches découvrent un domaine de réflexion nouveau. L'analyse de style théorique se développe parallèlement : contre les cosmogonies et les théogonies s'instaurent des recherches visant à découvrir des principes d'explication «réalistes » et qui n'empruntent plus rien à l'interprétation religieuse traditionnelle. La logique du discours commence déjà à l'emporter sur la symbolique de l'invocation... Les dieux s'humanisent et, sortant des cryptes où les maintenaient les délégués .au culte, s'offrent aux. rayons du soleil et aux regards du peuple. Leur sourire tranquille annonce qu'à l'énigme de leur existence, il n'y a qu'une seule réponse : l'homme. Apollon, roi de la clarté, est souverain; à Athènes, Pallas l'emporte, princesse de la raison, sur les excès aventureux de Dionysos et de Poséidon. L'acte de recueillement collectif qu'est le théâtre s'en trouve profondément transformé. Il devient l'acte civique, par excellence, le moment, au sens presque physique du terme, où la collectivité mesure sa relation de puissance avec les divinités tutélaires. Ce qui se joue sur la scène tragique — ce qui se redouble, dans une dérision peut-être encore plus significative, dans la comédie —, c'est l'attitude de l'homme qui se sait désormais libéré du Destin, mais qui s'éprouve, en même temps, en proie à des forces obscures dont, constamment, la maîtrise lui échappe. Le monde profane des énergies sociales interfère, maintenant, avec l'univers des puissances sacrées. La cérémonie théâtrale" s'infléchit : dès lors, les dieux et les hommes s'y affrontent, mais comme l'homme ancien contre l'homme nouveau... La preuve la plus claire de cette mutation de la culture, c'est l'invention du récit historique qui l'apporte. Déjà, dans la seconde moitié du VIe siècle, les logographes — archivistes des Cités les plus avancées — et Hécatée de Milet s'étaient intéressés aux événements profanes qui scandent la vie des Etats. Hérodote, historien des guerres Médiques, va beaucoup plus loin. Il accepte, en fin de compte, il est vrai, l'explication religieuse traditionnelle. Le « reportage » qu'il construit n'en rompt pas moins, dans sa naïveté feinte, avec les habitudes mentales du temps. Il s'applique à analyser soigneusement les mœurs des peuples qui, de près ou de loin, touchèrent au conflit; il décrit, avec positivité, des paysages et des techniques ; et, surtout, il suit les événements en s'efforçant d'introduire entre ceux-ci des relations de causalité. Il met l'accent sur la diversité des cultures et des institutions, sur l'importance des activités sensibles et profanes des hommes. Cette amorce d'une vision « laïque », c'est à Thucydide qu'il sera donné de la développer. L'Histoire de la guerre du Péloponnèse introduit une conception intégralement rationaliste des conduites; elle écarte toute transcendance et cherche dans la seule nature humaine l'explication des événements. Parallèlement à cette transformation de la « science », de l'art dramatique et du récit historique, s'effectue une mutation non moins importante dans le domaine proprement théorique. Dans l'œuvre héraclitéenne et parménidienne, la parole, qui recueille et qui dévoile, s'interroge sur son statut ; Anaxagore découvre, contre les recherches physiciennes, l'esprit comme principe. Et bientôt, sur les places, à Athènes, viendront s'installer des hommes au langage sonore qui prétendent enseigner à chacun l'art du discours et de la controverse... Le Ve siècle, celui de Périclès, est l'âge des Lumières de la Grèce. Au sein des désordres et des violences, s'institue un ordre nouveau où l'homme calculateur se voudrait indépendant, mesuré, beau et vertueux, à sa juste place entre les dieux et l'animal. Or, cette civilisation qui engendre des chefs-d'œuvre se tourne finalement contre les hommes. A la fin du siècle, la défaite d'Athènes, la condamnation et la mort de Socrate, les guerres qui aussitôt reprennent, la démoralisation qui gagne les Cités, manifestent cet échec. L'œuvre platonicienne est d'abord une méditation sur. cet échec. De même, elle se constitue comme mise en question non seulement de la démocratie et, plus généralement, de l'existence politique, mais encore de cette culture nouvelle. qui s'est lancée impatiemment dans la conquête des connaissances, dans la recherche des plaisirs, dans la volonté de puissance. Comme telle, elle nous concerne, puisque ce problème, vieux de deux mille quatre cents ans, se pose encore à nous. ...»

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