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Philo: est-ce seulement par la raison que l'on peut connaître la vérité ?

Publié le 02/05/2025

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« Est-ce seulement par la raison que l'on peut connaître la vérité ? ​ L’exemple de l’effet Semmelweis illustre bien la difficulté qu’à parfois la vérité à s’imposer.

En 1847, le médecin hongrois Ignace Philippe Semmelweis découvre que le lavage des mains avec une solution chlorée réduit drastiquement la mortalité des femmes en couches.

Pourtant, cette découverte est rejetée par la majorité de ses confrères, qui préfèrent s’accrocher à des croyances médicales traditionnelles, refusant ainsi une vérité fondée sur une démarche empirique et rationnelle.

Cette résistance montre que la raison, bien qu’étant un outil essentiel pour parvenir à des vérités objectives, ne suffit pas toujours à imposer ces vérités, et pose ainsi une question importante : est-ce seulement par la raison que l'on peut connaître la vérité ? La raison est souvent considérée comme le fondement de la connaissance.

Elle permet à l’homme de distinguer le vrai du faux grâce à des méthodes démonstratives et expérimentales, en s’appuyant sur des principes de logique et cohérents.

C’est elle qui permet le progrès scientifique et philosophique, car elle repose sur un mode de pensée structuré et universel.

Cependant, certaines vérités semblent dépasser le cadre strict de la rationalité et exigent l’intervention d’autres facultés de l’esprit humain.

L’intuition, la croyance ou encore l’émotion jouent parfois un rôle dans la manière dont nous percevons et comprenons certaines vérités, notamment dans les domaines moraux et existentiels.

Ainsi, il est légitime de se demander si la raison est toujours suffisante, ou si d’autres formes de connaissance doivent être prises en compte. Enfin, si la raison est un instrument puissant, elle doit aussi être consciente de ses propres limites.

Lorsqu’elle prétend tout expliquer et tout connaître, elle risque de sombrer dans le dogmatisme et de nier d’autres formes de vérité qui ne se laissent pas enfermer dans des schémas purement rationnels.

Il devient alors nécessaire pour la raison de s’interroger sur sa propre portée, d’adopter une attitude critique vis-à-vis d’elle-même et d’accepter qu’il puisse exister des vérités qui lui échappent.

Cette réflexion est essentielle pour éviter une vision trop réductrice de la connaissance et pour permettre un accès plus complet à la vérité. Ainsi, nous verrons dans un premier temps que la raison est bien la seule faculté permettant d’accéder objectivement à la vérité.

Ensuite, nous montrerons que certaines vérités nécessitent d’autres facultés de l’esprit humain pour être connues.

Enfin, nous examinerons la nécessité pour la raison de se fixer ses propres limites afin d’éviter toute prétention à l’omniscience. ​ Premièrement, la raison est la seule faculté de l’esprit humain qui permet d’exercer un contrôle critique sur ce que nous percevons, concevons et croyons.

Sans elle, l’être humain n’aurait aucun moyen de discerner ce qui est vrai de ce qui est faux, ce qui est réel de ce qui est illusoire.

Sans le développement de la raison, l’esprit humain resterait enfermé dans un état de naïveté intellectuelle, incapable de remettre en question ses propres croyances et celles imposées par la société.

Platon illustre cette nécessité dans La République, lorsqu’il critique la manière dont les enfants sont éduqués avant d’avoir atteint « l’âge de raison ».

Avant cet âge, l’enfant ne dispose pas encore des capacités rationnelles lui permettant de distinguer une fiction d’une vérité.

Son esprit est extrêmement impressionnable, et tout ce qui lui est enseigné s’ancre profondément en lui, sans qu’il puisse exercer un doute critique.

Platon dénonce particulièrement l’influence des poètes et des rhapsodes, qui transmettent aux jeunes esprits des récits où les dieux se comportent comme des hommes, animés par des passions violentes et irrationnelles.

Ces récits sont dangereux, car ils conduisent les enfants à adopter des représentations erronées du divin et de la moralité, sans jamais les remettre en question.

Platon insiste sur le fait que si ces croyances ne sont pas corrigées par la raison à l’âge adulte, elles deviennent « indélébiles et inébranlables ».

L’individu reste alors prisonnier d’une vision déformée du monde, incapable de distinguer le mythe de la vérité.

C’est pourquoi Platon recommande que l’éducation soit orientée de manière à guider progressivement l’enfant vers la raison, afin qu’il puisse, une fois son esprit pleinement développé, juger par lui-même ce qui est vrai ou faux.

Dans le langage courant, l’« âge de raison » désigne précisément ce moment du développement psychologique où l’enfant commence à exercer une pensée rationnelle, où il cesse d’accepter passivement tout ce qui lui est dit et commence à questionner, à analyser et à comprendre par lui-même.

Cet usage du terme montre bien que la raison est perçue comme une faculté essentielle à la connaissance : sans elle, l’être humain resterait dans une forme d’infantilisme intellectuel, incapable d’accéder à la vérité autrement que par une acceptation aveugle de ce qui lui est transmis. ​ En plus de cela, si la raison est essentielle à l’établissement de la vérité, c’est parce qu’elle est la seule faculté capable de critiquer et de rectifier les erreurs produites par les autres modes de connaissance.

L’imagination, la mémoire, la perception et le langage sont des outils cognitifs indispensables, mais ils ne sont pas fiables en eux-mêmes : ils doivent être contrôlés et corrigés par la raison pour éviter les illusions et les erreurs.

Gaston Bachelard, dans La psychanalyse du feu, illustre cette nécessité en montrant que notre première appréhension du monde est toujours marquée par des illusions et des préjugés.

Il prend l’exemple du rapport de l’homme au feu : depuis l’Antiquité, l’homme a attribué au feu des propriétés mystérieuses et irrationnelles, basées sur l’émotion et l’imagination plutôt que sur l’analyse critique.

Loin d’être un simple phénomène physique, le feu a été perçu comme une force vivante, dotée d’une volonté propre, donnant naissance à de nombreuses croyances erronées.

Bachelard explique que l’objectivité scientifique ne peut être atteinte qu’en rompant avec ces premières impressions et en exerçant une discipline critique stricte. Il insiste sur le fait que la pensée scientifique doit se méfier des préjugés que nous portons sur des images et des analogies trompeuses.

Pour connaître la vérité sur un phénomène, il ne suffit pas de s’appuyer sur nos perceptions ou notre expérience immédiate : il faut soumettre ces impressions à un examen rationnel rigoureux, capable de démentir nos intuitions premières.

Ainsi, Bachelard rejoint Platon en affirmant que la raison est la seule faculté qui permet à l’homme d’échapper aux illusions produites par son propre esprit.

Sans elle, nous resterions prisonniers de nos perceptions immédiates et de nos croyances spontanées, incapables de distinguer ce qui est une connaissance véritable de ce qui n’est qu’une illusion. ​ La raison apparaît donc comme l’unique faculté permettant à l’homme d’accéder à la vérité.

Platon montre qu’elle est indispensable pour éviter l’adhésion aveugle aux mythes et aux croyances enfantines, tandis que Bachelard insiste sur sa nécessité pour corriger les illusions produites par l’imagination et la perception.

Sans la raison, l’homme resterait enfermé dans un état d’ignorance et de crédulité, incapable de remettre en question ce qui lui est enseigné.

Cependant, si la raison est un outil puissant pour atteindre la vérité, elle n’est peut-être pas suffisante pour connaître toutes les formes de vérité.

Certaines croyances, comme la génération spontanée, ont persisté longtemps malgré la rationalité, ce qui interroge sur les limites de la raison et sur la place d’autres facultés dans la connaissance. ​ Effectivement, si la raison est une faculté essentielle dans l’accès à la vérité, elle ne peut cependant pas tout expliquer par elle-même.

Certaines vérités fondamentales échappent au raisonnement démonstratif et ne peuvent être connues que par une autre faculté de l’esprit : l’intuition.

Blaise Pascal, dans Les Pensées, remet en question l’idée selon laquelle toute connaissance véritable devrait être fondée sur la seule raison.

Il affirme que certains principes premiers, comme ceux des mathématiques, ne sont pas démontrables rationnellement, mais sont néanmoins indubitables.

Selon Pascal, « nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le cœur », ce qui signifie que l’intuition joue un rôle indispensable dans notre accès à certaines connaissances.

Il prend l’exemple de certaines propositions non démontrées (axiomes) en mathématiques, comme l’existence des trois dimensions de l’espace ou l’infinité des nombres.

Ces principes sont évidents en eux-mêmes, et c’est par une forme d’intuition immédiate que nous les saisissons.

La raison ne peut pas démontrer ces vérités : elle doit s’appuyer sur elles comme sur des fondements indiscutables.

Prenons l’exemple des dimensions de l’espace : nous savons intuitivement qu’un objet a une longueur, une largeur et une hauteur, mais il est impossible de démontrer rationnellement pourquoi l’espace possède précisément trois dimensions et non quatre ou cinq.

De même, l’idée d’infini en mathématiques ne peut être entièrement saisie par la raison.

Nous comprenons spontanément qu’il existe une infinité de nombres, mais cette notion échappe à toute explication purement rationnelle.

L’infini ne peut être défini que de manière approximative, car il dépasse les limites de la pensée logique et quantitative.

Pascal insiste sur le fait que la raison ne peut pas tout expliquer et qu’elle doit reconnaître ses propres limites.

Il critique ceux qui, comme les sceptiques, tentent.... »

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