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Philippe ARIES, L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, 1973.

Publié le 30/06/2020

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« Au Moyen Age, au début des temps modernes (1), longtemps encore dans les classes populaires, les enfants étaient confondus avec les adultes, dès qu'on les estimait capables de se passer de l'aide des mères ou des nourrices, peu d'années après un tardif sevrage, à partir de sept ans environ. Dès ce moment ils entraient d'emblée dans la grande communauté des hommes, partageaient avec leurs amis, jeunes ou vieux, les travaux et les jeux de chaque jour. Le mouvement de la vie collective entraînait dans un même flot les âges et les conditions, sans laisser à personne le temps de la solitude et de l'intimité. Dans ces existences trop denses, trop collectives, il n'y avait pas de place pour un secteur privé. La famille remplissait une fonction, elle assurait la transmission de la vie, des biens et des noms, elle ne pénétrait pas loin dans la sensibilité. Les mythes comme l'amour courtois (ou précieux) méprisaient le mariage, les réalités comme l'apprentissage des enfants relâchaient le lien affectif entre les parents et les enfants; on peut concevoir la famille moderne sans amour, mais le souci de l'enfant et la nécessité de sa présence y sont enracinés. Cette civilisation médiévale avait oublié la paideia des anciens et elle ignorait encore l'éducation des modernes. Tel est le fait essentiel : elle n'avait pas l'idée de l'éducation. Aujourd'hui notre société dépend, et sait qu'elle dépend, du succès de son système d'éducation. Elle a un système d'éducation, une conception de l'éducation, une conscience de son importance. Des sciences nouvelles, comme la psychanalyse, la pédiatrie, la psychologie, se consacrent aux problèmes de l'enfance et leurs consignes atteignent les parents à travers une vaste littérature de vulgarisation. Notre monde est obsédé par les problèmes physiques, moraux, sexuels de l'enfance. Cette préoccupation, la civilisation médiévale ne la connaissait pas, parce que pour elle, il n'y avait, pas de problème ; l'enfant dès son sevrage, ou peu après, devenait le compagnon naturel de l'adulte, les classes d'âge du néolithique, la paideia hellénistique, supposaient une différence et un passage entre le monde des enfants et celui des adultes, passage qu'on franchissait par l'initiation ou grâce à une éducation. La civilisation médiévale ne percevait pas cette différence et n'avait donc pas cette notion de passage. Le grand événement fut donc, au début des temps modernes, la réapparition du souci éducatif. Celui-ci anima un certain nombre d'hommes d'église, de loi, d'étude, encore rares au XVe siècle, de plus en plus nombreux et influents au XVIe et au XVIIe siècles où ils se confondirent avec les partisans de la réforme religieuse. Car c'étaient surtout des moralistes, plutôt que des humanistes : les humanistes restaient attachés à une culture d'homme, étalée sur toute la vie, et se préoccupaient peu d'une formation réservée aux enfants. Ces réformateurs, ces moralistes dont nous avons observé l'influence sur la vie de l'école et de la famille ont lutté avec détermination contre l'anarchie (ou ce qui leur paraissait désormais anarchique) de la société médiévale, alors que l'Église, malgré sa répugnance, s'y était longtemps résignée, et inclinait les justes à chercher leur salut loin de ce monde païen, dans la retraite des cloîtres. On assiste à une véritable moralisation de la société : l'aspect moral de la religion commence à l'emporter peu à peu dans la pratique sur l'aspect sacré... ANALYSE L'historien Philippe Ariès étudie ici les racines et la conception nouvelle de l'éducation moderne. Indiquant l'ignorance du Moyen Age pour la façon dont primitifs et anciens avaient envisagé l'enfance, et sa méconnaissance de tout problème à ce propos, il précise qu'aucune différence n'était plus établie avec l'âge adulte ; d'ailleurs la société médiévale laissait peu de place à l'affectivité familiale, point aux valeurs éducatives. Il montre ensuite la réapparition d'un intérêt porté à l'éducation, mais parallèlement au développement de valeurs moralisatrices qui vont primer celles de l'humanisme et même [presque] de la foi. L'éducation devient élément de la réglementation de la société nouvelle, clercs, penseurs, réformateurs des temps modernes réprouvant le manque d'organisation — à leur avis — de celle du Moyen Age. La place essentielle de l'enfant dans la famille moderne, la conception des responsabilités parentales au niveau moral et éducatif apparaissent puis s'affirment ; cependant l'école voit croître de façon complémentaire son importance dans une société où elle a pour mission de régenter ...»

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