Peut-on reduire le romantisme à l'expression du moi ?

« 1 INTRODUCTION Le Romantisme est un mouvement européen né en Allemagne et en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle et il s’est imposé en France, en Italie et en Espagne dans la première moitié du XIXème siècle.

Le XIXème siècle est une période de changements politiques et sociaux.

Les jeunes gens sont déçus par la chute de l’Empereur qui brise leurs rêves de gloire.

D’autres sont désabusés par une société bourgeoise où l’argent règne en maître.

Cette génération ressent un décalage entre la réalité « du siècle » et ses rêves qui provoque son mal-être, c’est le « mal du siècle ».

Alfred de Musset décrit cette époque dans La Confession d’un enfant du siècle : « Alors s’assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse ». Dans, ce contexte, le romantisme se réduit-il à l’expression du « moi » ? c'est-à-dire, les romantiques n’expriment-ils que leur ressenti et leurs émotions personnelles ? Le malaise des romantiques, face aux bouleversements de la société revêt en fait plusieurs formes.

Certains se replient en effet sur eux-mêmes et dans un premier temps, on verra que l’expression du moi est bien une des bases de la littérature romantique.

Mais on montrera dans un deuxième temps que d’autres auteurs romantiques s’engagent pour changer le monde.

Leur expression n’est alors pas celle du moi mais du « nous », de la lutte pour des idéaux et une société différente. Enfin on soulignera le fait que le mouvement romantique se caractérise également par l’expression d’un véritable renouveau littéraire issue d’un besoin de liberté touchant tous les genres et animé par les deux formes de révolte précitées. EXPRESSION DU MO I Les écrivains romantiques qui souffrent du mal du siècle, préfèrent pour certains se replier sur eux-mêmes pour se protéger de la société comme le décrit Gérard de Nerval dans « Sylvie » : « Il ne nous restait pour asile que cette tour d’ivoire isolée de la foule ».

Les textes romantiques sont donc souvent écrits à la première personne du singulier, tournés vers le moi.

C’est le cas dans le roman « Sylvie » de Gérard de Nerval.

L’auteur dépeint ses sentiments amoureux, sa recherche de l’inaccessible. « Et Sylvie que j’aimais tant, pourquoi l’ai-je oubliée depuis trois ans ?...

Elle existe, elle,… ». Le registre lyrique qui exprime les émotions et les sentiments avec intensité, à travers des thèmes comme l’amour, la peur de la mort, le temps qui passe, la mélancolie, etc… est particulièrement associé au mouvement romantique.

Par exemple, dans son poème « Le Lac », A.

de Lamartine est nostalgique des moments passés avec la femme qu’il aime et qui est décédée.

« Regarde, je viens seul m’asseoir sur cette pierre où tu la vis s’asseoir ! ».

Il se confie au lac mais indirectement c’est au lecteur que le poète s’adresse.

Il veut lui faire partager sa tristesse et utilise des apostrophes et des exclamations pour traduire la violence de ses sentiments. « Le lac » illustre aussi le fait que la nature est également une source d’inspiration importante dans le mouvement romantique car elle permet de s’isoler pour rêver et de s’évader de la société.

Pour les romantiques le rêve et les souvenirs deviennent des refuges pour les romantiques qui veulent fuir le matérialisme et le cynisme de la société. Ce besoin d’évasion peut aussi conduire à des voyages exotiques (exemple « Voyages en Orient » de Gérard de Nerval) réels ou imaginaires qui sont un autre moyen d’explorer le « moi » et de se créer un monde différent.

Le mysticisme et le surnaturalisme séduisent aussi les romantiques comme pour compenser les. »