Pérou (1990-1991)
Publié le 20/09/2020
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«
Le nouveau président, Alberto Fujimori, a hérité, en août 1990, d'une situation
économique désastreuse.
La dette extérieure était passée en cinq ans de 13 721
millions à près de 20 milliards de dollars.
La croissance en 1989 a été
largement négative (-12%).
Les réserves en devises n'étaient que de 112 millions
de dollars, alors que le Pérou était dans l'obligation de payer pour 182
millions de dollars ses importations.
Le revenu moyen par habitant a diminué de
16% entre 1985 et 1991 et un Péruvien sur trois est au chômage ou sous-employé.
Alors que A.
Fujimori avait fait campagne contre le programme politique libéral
de Mario Vargas Llosa, dans les élections à la présidence, son Premier ministre,
Juan Carlos Hurtado Miller, a pris le 8 août 1990 des mesures désormais connues
sous le nom de Fujishock: le prix de l'essence a été multiplié par 30, celui du
pain a augmenté de 170% et celui des pâtes de 286%.
Le nombre des Péruviens
vivant dans la misère absolue est passé de 7 millions à 12 millions.
Cette politique, qui avait néanmoins permis de ramener l'inflation de 400% par
mois à environ 10% et de reconstituer les réserves de devises (700 millions de
dollars à la fin de 1990), a dû faire face à l'épidémie de choléra qui s'est
déclarée au début de l'année 1991.
En portant un coup aux exportations
alimentaires du pays - en particulier aux produits de la pêche - cette épidémie
semblait devoir coûter au pays 1 milliard de dollars en 1991, soit 30% du
montant de ses exportations.
Les efforts entrepris par le président pour
minimiser la portée du fléau ont annulé les effets de la politique de prévention
lancée par le ministre de la Santé, Carlos Vidal, qui a démissionné le 8 mars
1991.
Ce manque à gagner devait s'ajouter aux destructions provoquées par les
attentats de la guérilla.
En effet, les insurgés du Parti communiste péruvien
Sentier lumineux (PCPSL), qui peut compenser ses pertes en recrutant de jeunes
combattants parmi les secteurs déshérités de la population, ont exercé en
1990-1991 des représailles de plus en plus sanglantes à l'encontre des milices
civiles.
La population rurale a également été victime des forces armées qui ont
multiplié, elles aussi, les massacres.
Quant à la guérilla guévariste du MRTA
(Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru), qui a semblé retrouver un second
souffle après l'évasion d'une partie de ses dirigeants en juillet 1990, elle
s'est montrée particulièrement active en s'attaquant à des cibles dénoncées
comme "intérêts impérialistes" durant la guerre du Golfe.
Dans un tel contexte, de nombreux Péruviens ont continué de migrer dans les
régions amazoniennes pour cultiver la coca qui s'étend sur 150 000 hectares et
produire de la base de cocaïne.
Près d'un million de personnes, soit 4,5% de la
population du pays, vit directement de ces activités.
Il serait en outre
difficile au gouvernement de se passer des 700 millions de dollars que laisse
dans le pays le narco-trafic.
Les États-Unis ont continué d'exercer des pressions pour que le Pérou accepte
une aide militaire se montant à 33,1 millions de dollars dans le but de lutter
contre la drogue.
Elle a pour but inavoué, non seulement de renforcer les moyens
de lutte contre le Sentier lumineux, mais d'amener les forces armées péruviennes
à se détourner de leur fournisseur soviétique pour acheter leur armement aux
États-Unis.
Le président A.
Fujimori a dû s'incliner sous la menace de voir.
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