PASCAL Blaise

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Après les Provinciales, Pascal arrête là pour un temps son activité sur le plan de la controverse religieuse, et reprend ses recherches scientifiques : Lettres circulaires relatives à la cycloïde (dite encore « la roulette »), Histoire de la roulette, Lettre à Huygens sur la dimension des lignes courbes, etc. Mais c'est en fait un adieu à la géométrie, qu'il juge à présent bonne pour faire l'essai, mais non pas l'emploi de sa force. En effet, ces deux moyens tout aussi indispensables l'un que l'autre dans l'art de persuader (et dont tour à tour il vient de faire l'essai parfaitement concluant), l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse, vont être mis à contribution, côte à côte, dans l'ouvrage qu'il médite depuis longtemps de construire pour la plus grande gloire de Dieu, et qu'il se sent de taille à entreprendre désormais. Les « Pensées » Le 19 octobre 1658 - il est alors âgé de trente-cinq ans -, Pascal est prêt. Il expose aussitôt devant ses amis de Port-Royal les lignes directrices de cette Apologie de la religion chrétienne, qui, encore à l'état de notes réparties selon 27 liasses quand il meurt, quatre ans plus tard, est connue de nos jours sous le nom de Pensées. En fait, la maladie ne lui avait guère laissé de répit depuis 1659. Après la mort de sa sœur Jacqueline, il décide de vivre dans la pauvreté, la mortification et la solitude (« Il s'était exempté de la superfluité des visites et ne voulait même voir personne du tout », écrit Gilberte, son autre sœur, dans la Vie de M. Pascal). La méthode apologétique dans les Pensées (qui visent l'honnête homme, c'est-à-dire le mondain ; et ce, à son degré le plus raffiné, qui est le libertin) va consister non pas à prendre en société cet homme éminemment sociable, mais à l'emmener un peu à l'écart, loin de son entourage habituel. Alors au lieu de lui parler de son prochain ou de Dieu, ainsi que ferait un prêtre en chaire, Pascal lui dira de but en blanc, et comme en confidence : Vous ne pensez pas à vous. Bien au contraire, vous vous laissez saouler de vacarme et de lumière avec vos amis ; et pourquoi? pour leur plaire ; songez donc à vous, hardiment. Dès qu'il a vu, sur ces derniers mots, son interlocuteur se retourner, Pascal appuie son avantage : Pourquoi vous fuyez-vous vous-même ?