Pakistan (1991-1992): Un nouveau paysage régional
Publié le 20/09/2020
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«
Nommé le 6 novembre 1990 à la suite des élections organisées en octobre, le
Premier ministre, Mian Nawaz Sharif, se distingue de ses prédécesseurs: c'est un
industriel du Pendjab.
Or, dans cette société traditionnelle, seuls les notables
des autres provinces - propriétaires terriens du Sind (familles Bhutto, Jatoi,
Junejo), chefs de tribu et de clan baloutches et pathan (familles Bizenjo,
Bugti, Wali Khan), et personnalités religieuses (Pir Pagaro) - avaient jusque-là
fourni au pays ses hommes politiques, en dehors des périodes de régime
militaire.
C'est peut-être à ses qualités d'entrepreneur que M.
Sharif doit
d'avoir osé prendre une série d'initiatives hardies en politique intérieure,
dans un contexte économique défavorable et dans une situation sociale plus
fragile que jamais.
En effet, au plan économique, le Pakistan avait été durement frappé en 1990 par
les conséquences de la crise du Golfe - hausse du prix du pétrole et retour des
travailleurs pakistanais du Koweït et d'Irak -, et par la suspension, en
octobre, du plan américain d'aide économique et militaire (4,02 milliards de
dollars de 1987 à 1993), qui avait été accordé en raison de la présence
militaire soviétique en Afghanistan et suspendu à la suite du retrait de cette
dernière en 1989.
Le départ des troupes soviétiques a redonné la priorité, pour
Washington, à la lutte contre la prolifération nucléaire, dont Islamabad est
réputé coupable.
Privatisation et dérégulation
Dès décembre 1990, le gouvernement de M.
Sharif a lancé un programme de
privatisation et de dérégulation visant à faire retrouver au Pakistan le régime
économique libéral qui avait été le sien depuis sa création en 1947, mais qui
avait été interrompu par les nationalisations effectuées de 1972 à 1974 par Ali
Bhutto au nom du "socialisme islamique".
Les successeurs de A.
Bhutto: le
général Zia (1977-1988), Mohammad Khan Junejo, et sa propre fille, Benazir
Bhutto, n'avaient que timidement entrepris de dénationaliser.
En fait, seules
douze des 115 sociétés mises sur le marché - depuis les minoteries jusqu'à la
Pakistan International Airline - sont réputées encore rentables après vingt ans
de gestion par l'État...
Quant à la dérégulation des droits de douane, des licences d'importation et du
rapatriement des capitaux par les entreprises étrangères, elle devrait relancer
les productions agricole et industrielle, et encourager les investissements
étrangers.
De plus, le 16 mars 1991, Mian Nawaz Sharif a obtenu des quatre provinces un
accord sur la répartition des eaux de l'Indus qui, au travers de 89000 petits
canaux, assurent l'irrigation de la quasi-totalité des terres cultivées du pays.
Accord réputé historique, car le problème se posait depuis...
1935.
Le 20 avril 1991, enfin, le Premier ministre a procédé à une décentralisation
budgétaire sans précédent, instituant un partage des recettes de l'État
proportionnel aux populations respectives des quatre provinces et, surtout,.
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