OPUS PARAGRANUM
Publié le 16/05/2020
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OPUS PARAGRANUM.
Titre
d'une
oeuvre fameuse de Paracelse (Theophrast Bombast
von Hohenheim, 1493-1541), publiée à Francfort
en 1565.
Le célèbre philosophe et naturaliste suisse,
traitant de différentes questions de philosophie et
de médecine, définit les quatre principes sur lesquels
doit reposer l'édifice de la médecine : la philosophie,
l'astrologie, l'alchimie et la ' virtus » de l'homme, sans
laquelle tout savoir est vain et inutile.
La nature et
ses phénomènes ne s'expliquent que si l'on prend
l'homme comme centre de l'univers.
Ce n'est plus le
microcosme qui dépend du macrocosme, mais bien
la réciproque qui est vraie.
La création de l'homme
marque la volonté de Dieu de voir tous les secrets
de l'univers découverts par l'homme : l'homme en
effet peut tout connaître et il a pour mission de mener
à son terme l'oeuvre de la nature.
Cette mission doit
être accomplie par le travail de l'homme, dont le
guide le plus parfait reste l'alchimie.
Le but de cette
science est en effet de transformer, de séparer le
pur de l'impur, de porter à sa perfection ce que la
nature a laissé inachevé : ainsi est alchimiste l'armu-
rier qui fabrique l'arme, le boulanger qui fait le pain,
le médecin qui prépare un remède.
De cette façon,
la notion d'alchimie se trouve renouvelée, comme
celle d'astrologie, et son éloge devient celui du tra-
vail et de l'activité de l'homme.
Dans son inter-
prétation de la nature et l'explication de ses prin-
cipes, Paracelse tente une synthèse des exigences
de la tradition chrétienne et de sa propre philosophie.
La matière première de l'univers étant formée.
selon lui, de trois éléments : le sel, le soufre et le mer-
cure, cette triade refléterait la Trinité divine.
Ces
éléments cependant ne sont pas pure matière : l'essence
qui les constitue, ou • archeus », est une force vitale,
un « spiritus », qui cherche à élever tous les corps
vers leur forme la plus parfaite.
L'homme est formé
du corps, composé d'âme et de sang; de l' « esprit
sidéral », à quoi nous devons les sens, l'intellect et
les arts et par conséquent le savoir naturel; de l'âme
immortelle, à laquelle a été donné le savoir surnaturel
qui nous vient de Dieu par le Christ.
La théorie de
la connaissance de Paracelse est moderne, en ce qu'elle
affirme que la vraie connaissance n'est pas de nature
purement sensible ou intelligible, mais réalise une
synthèse de l'empirique et du conceptuel.
Chaotique,
pleine de traits de génie, l'oeuvre de Paracelse, malgré
trop de croyances médiévales (il accepte la divination
et les prédictions, les Lémures et les géants, la magie
et la nécromancie), nous montre comment, à travers
ces croyances mêmes, et aussi à travers les recherches
chimériques et l'occultisme, s'est formée peu à peu
cette nouvelle vision du monde qui devait triompher
avec la Renaissance.
— T.
F.
Du Mesnil, 1631.
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