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Opinions sur le cinéma et la radiodiffusion

Publié le 06/07/2020

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« La réflexion semble incompatible avec les nouveaux moyens donnés aux foules pour se faire une âme. Le cinéma et la radio ne répètent pas. Ils marchent, ils coulent, ils se précipitent. Je l'ai dit, ce sont des fleuves. Et que charrient ces fleuves? Un mélange détestable où l'on rencontre souvent le pire et rarement le meilleur sans les pouvoir séparer. [...] La fonction de choix est primordiale entre toutes les fonctions naturelles. Un être vivant est vivant parce qu'il choisit. Entre toutes les choses du monde, il prend celles qui sont convenables à former sa nourriture, c'est-à-dire la substance de sa chair. [...] La faculté de choix est souverainement méprisée par les grands distributeurs modernes de vagues nourritures morales : cinéma et radio. Pour attraper une belle image il nous faut en souffrir des milliers d'autres que je préfère ne pas juger. Pour entendre un bon concert à la radio il nous faut rencontrer, croiser, supporter mille bruits odieux ou ridicules. Les vrais amateurs de radio, les esprits simples, les gens qui justement ont besoin d'une culture, ceux qui commencent de dédaigner le livre pour se contenter du bruit, ceux en somme dont je plaide ici la cause et. dont je défends les intérêts, ceux-là n'y regardent pas de si près. Ils ouvrent le robinet et ils boivent au petit bonheur. Ils absorbent tout, pêle-mêle : la musique de Wagner, le jazz, la conférence publique, la publicité, l'heure sonore, le numéro de music-hall, les parasites et les miaulements des ondes folles. Je dis, ou plutôt je répète, qu'un système de culture où la réflexion et le choix sont impossibles est précisément la négation de ce qu'on a, jusqu'ici, nommé la culture. G. Duhamel : Défense des Lettres, Biologie de mon métier (pp. 33 et sq.) Mercure de France éd. Toutes les oeuvres qui ont tenu quelque place dans ma vie, toutes les oeuvres d'art dont la connaissance a fait, de moi, un homme, représentent, d'abord, une conquête. J'ai dû les aborder de haute lutte et les mériter après une fervente passion. Il n'y a pas lieu, jusqu'à nouvel ordre, de conquérir l'oeuvre cinématographique : elle s'offre, elle se prostitue. Elle ne soumet notre esprit et notre coeur à nulle épreuve. Elle nous dit tout de suite tout ce qu'elle sait. Elle est sans mystère, sans détours, sans tréfonds, sans réserves. Elle s'évertue pour nous combler et nous procure toujours une pénible sensation d'inassouvissement. Beethoven, Wagner, Baudelaire, Mallarmé, Giorgione, Vinci, je cite pêle-mêle, j'en appelle six, il y en a cent, voilà vraiment l'art. Pour comprendre l'oeuvre de ces grands hommes, pour en exprimer, en humer le suc, j'ai fait, je fais toujours des efforts qui m'élèvent au-dessus de moi-même et qui comptent parmi les plus joyeuses victoires de ma vie. G. Duhamel : Scènes de la Vie future (pp. 51-52) Mercure de France éd. ...»

« Opinions sur le cinéma et la radiodiffusion La réflexion semble incompatible avec les nouveaux moyens donnés aux foules pour se faire une âme.

Le cinéma et la radio ne répètent pas.

Ils marchent, ils coulent, ils se précipitent.

Je l'ai dit, ce sont des fleuves.

Et que charrient ces fleuves? Un mélange détestable où l'on rencontre souvent le pire et rarement le meilleur sans les pouvoir séparer.

[ ...

] La fonction de choix est primordiale entre toutes les fonctions natu­ relles.

Un être vivant est vivant parce qu'il choisit.

Entre toutes les choses du monde, il prend celles qui sont convenables à former sa nourriture, • c'est-à-dire la substance de sa chair.

[ ...

] La faculté de choix est souverainement méprisée par les grands distri­ buteurs modernes de vagues nourritures morales : cinéma et radio.

Pour attraper une belle image il nous faut en souffrir des milliers d'autres que je préfère ne pas juger.

Pour entendre un bon concert à la radio il nous faut rencontrer, croiser, supporter mille bruits odieux ou ridicules.

Les vrais amateurs de radio, les esprits simples, les gens qui justement ont besoin d'une culture, ceux qui commencent de dédaigner le livre pour se contenter du bruit, ceux en somme dont je plaide ici la cause et_ dont je défends les intérêts, ceux-là n'y regardent pas de si près.

Ils ouvrent le robinet et ils boivent au petit bonheur.

Ils absorbent tout, pêle-mêle : la musique de Wagner, le jazz, la conférence publique, la publicité, l 'heure sonore, le numéro de music-hall, les parasites et les miaulements des ondes folles.

Je dis, ou plutôt je répète, qu'un système de culture où la réflexion et le choix sont impossibles est précisément la négation de ce qu'on a, jus­ qu'ici, nommé la culture.

G.

Duhamel : Défense des Lettres, Biologie de mon métier (pp.

33 et sq.) Mercure de France éd.

Toutes le� œuvres qui ont tenu quelque place dans ma vie, toutes les œuvres d'art dont la connaissance a fait, de moi, un homme, représentent, d'abord, une conquête.

J'ai dû les aborder de haute lutte et les mériter après une fervente passion.

Il n'y a pas lieu, jusqu'à nouvel ordre, de conquérir l'œuvre cinématographique : elle s'offre, elle se prostitue.

Elle ne soumet notre esprit et notre cœur à nulle épreuve.

Elle nous dit tout de suite tout ce qu'elle sait.

Elle est sans mystère, sans détours, sans tréfonds, sans réserves.

Elle s'évertue pour nous combler et nous procure toujours une pénible sensation d'inassouvissement.

Beethoven, Wagner, Baudelaire, Mallarmé, Giorgione, Vinci, je cite pêle-mêle, j'en appelle six, il y en a cent, voilà vraiment l'art.

Pour com­ prendre l'œuvre de ces grands hommes, pour en exprimer, en humer le. »

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