Oberman
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
' ETIENNE PIVERT DE
Étienne Pi vert de Senancour ( 1770-1846)
est héritier du xvme siècle par sa
formation
et apparai"t, par ses échos
rousseauistes, comme
l'un des principaux
préromantiques français.
Senancour mena une existence malheureuse,
et Oberman (1804) serait tombé dans
l'oubli si les romantiques, en le découvrant,
ne
!'avaient porté à !'attention des gens de
lettres.
Plusieurs accents
d'Oberman se
retrouvent dans
Lélia de George Sand et
dans Le Lys dans la vallée de Balzac.
Illustrations d'époque
N OU
Oberman
« Je me sens triste, et j'écris »
D
égoûté de sa vie parisienne et de ses obliga
tions sociales, le jeune
Oberman (littéralement
« l'homme des hauteurs »)décide de s'exiler en
Suisse.
Au cours de son voyage, il entretient avec un
ami lyonnais une correspondance qui s'étale sur une
dizaine d'années.
Après quelques errances,
Oberman
s'installe dans un village des Alpes suisses, désireux
de retrouver cette commmunion primitive de l'être
avec la nature qui seule est capable
d'apaiser ses
égarements mélancoliques et son goût de la solitude
contemplative.
Toutefois, des problèmes financiers
l'obligent
à regagner Paris, où il retrouve avec lassi
tude l'ennui de sa vie d'autrefois.
Quelques années
plus tard, il retourne en
Suisse et confronte, déçu, les
paysages de l'âge adulte avec ceux de l'adolescence.
Il entreprend alors de nouvelles pérégrinations, tant
physiques que spirituelles, avec l'espoir de retrouver
le sentiment de plénitude fugitivement atteint pendant
sa jeunesse.
En vain :
au bout de dix ans, Oberman
n'aura pas réussi à combler le vide de son existence.
« La volupté de la mélancolie »
0
berman peut être lu comme une description
poétique des symptômes de
la mélancolie :
détachement du monde, renoncement aux désirs,
sentiment que le temps est immobile et que les
événements extérieurs n'atteignent pas l'être,
regret du passé, insatisfaction existentielle
dont on ne perçoit pas la cause et qui prend
les proportions
d'un drame métaphysique.
Les lettres du héros sont le prétexte
d'un
monologue où s'épanche son ennui.
Tantôt les
phrases sont bercées par le rythme d'un lyrisme
désabusé ; tantôt, le ton se rapproche de celui
du traité, et l'auteur expose ses considérations
sur le suicide, l'immortalité, la vie conjugale
ou la magie des nombres.
L'action est secon
daire ; ce qui ressort, c'est la permanence d'un
sentiment de vide que rien ne peut combler.
Toutefois,
dans sa retraite même,
Oberman peut expérimenter
la volupté : par exemple lorsqu'il goûte devant les
déserts glacés de la haute montagne un sentiment
de puissance et d'absolu.
Le misanthrope peut alors
disserter, embrassant
d'un regard le monde à ses
pieds, sur la vanité des choses, le solitaire trouver un
réconfort devant la splendeur sauvage de la nature.
X 1 :'" S ll~T u :
Abhorrant
la société humaine
et ne trouvant pas en elle les
justifications de son existence,
Oberman choisit l'exil et le
repli sur lui-même.
« Là, la nature entière exprime
éloquemment un ordre plus grand, une harmonie plus visible, un ensemble éternel ••• ,..
»
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