Nicaragua (1982-1983)
Publié le 20/09/2020
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Nicaragua (1982-1983)
Au Nicaragua, la pression militaire permanente sur la frontière nord et sur les
objectifs économiques (plantations, entrepôts, raffineries, etc.) a conduit le
gouvernement sandiniste à consacrer le tiers de son budget à la défense,
compromettant la réalisation du plan de reconstruction nationale.
Les États-Unis
ont tenté d'isoler le Nicaragua, en constituant d'abord en janvier 1982 la CDCA
(Communauté démocratique centre-américaine), regroupant le Honduras, le Salvador
et le Costa Rica ; puis en réunissant un forum, à San José de Costa Rica, entre
les États membres de la CDCA, la Colombie et Panama.
La rencontre
Honduras-Nicaragua, préparée par le gouvernement vénézuélien en été 1982, n'a pu
finalement avoir lieu.
Sur le plan intérieur, l'année 1982 a été marquée par de graves difficultés
économiques et financières: poursuite de la baisse des cours des produits
agricoles d'exportation (café, coton) ; graves inondations dans le Nord-Ouest
affectant d'abord les secteurs agricoles (León, Chinandega) et faible
progression du PNB.
Le secteur privé - connu sous le nom de "bourgeoisie
cordobá" - contrôle encore 60% de l'économie: tirant prétexte de la rhétorique
sandiniste critique à son égard et contraire à la réaffirmation du pluralisme
économique et politique, ce secteur investit plus que modérément.
Les défenseurs
d'un rôle croissant de l'État dans l'économie ont donc marqué des points en
1982.
Au Nicaragua, la terre reste la première ressource.
Le pays n'a pas de problème
de fortes densités rurales et son économie repose encore sur l'exportation
agricole.
Le gouvernement sandiniste a donc donné la priorité à l'organisation
sociale de la production agricole.
La loi de réforme agraire (août 1981) est
fondée sur le principe "la terre à ceux qui la travaillent" et ne fixe de
limitations de surface aux propriétés privées que pour les terres
sous-exploitées.
Le secteur d'État est limité à 20% de la surface des terres et
le pouvoir sandiniste a accordé la priorité à la constitution de coopératives,
sur une moitié des terres.
Le secteur privé, souvent agro-exportateur, conserve
30% des surfaces cultivées.
Ainsi se confirme une triple alliance État-paysans
coopérateurs-bourgeoisie agraire.
Reste la nécessité d'élargir les marchés
extérieurs afin d'assurer des débouchés correspondant à l'effort de
développement rural (nouvelles plantations de café et de cacao).
Malgré ses alliances internationales, la société nicaraguayenne n'est pas
organisée sur le modèle soviétique, ni même cubain.
Le régime conserve un large
appui populaire, surtout dans les campagnes.
Ce soutien ne s'est pas développé
depuis 1979, mais il rend peu probable le succès de tentatives de
déstabilisation.
Celles-ci n'ont pourtant pas manqué en 1982, et surtout au
début de 1983: les commandos d'anciens gardes somozistes, armés et financés par
la CIA, ont multiplié les incursions meurtrières à partir de leurs bases
honduriennes, créant une situation extrêmement tendue.
En 1982, l'Europe occidentale n'a accordé une aide au Nicaragua qu'en
contrepartie d'une garantie sandiniste de non-alignement diplomatique et du
respect du pluralisme politique.
Le refus des États-Unis d'accepter le régime de
Managua favorise sans doute une radicalisation interne, mais celle-ci relève
plus du discours idéologique que de l'organisation socio-économique réelle..
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