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Néron

Publié le 16/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Néron Ce document contient 1891 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Histoire-géographie.

« Néron Commençons par la fin : c'est une vue du personnage qu'on prend rarement.

Suétone le suit à la trace, dans leshalètements de l'hallali.

Et c'est merveille que, plus d'un demi-siècle après la mort de Néron, il ait pu relever tant dedétails. Le réveil au milieu de la nuit, la nouvelle que gardes et amis ont disparu, la fuite vers la villa de l'affranchi Phaon :"pieds nus, seulement vêtu d'une tunique, se couvrant les épaules d'un vieux manteau usagé dont il tire le capuchonsur sa tête".

Suétone signale entre-temps un tremblement de terre subit, pas moins, entouré d'éclairs, et le chevalqui se cabre à la puanteur d'un cadavre sur la route (quel est donc ce cadavre ?).

Néron se fraye péniblement unchemin à travers ronces et broussailles, s'aidant des mains et des pieds, refuse le pain sordide qu'on lui offre, finitpar ordonner qu'on creuse sa fosse ("Qualis artifex pereo !").

Vient ensuite le cérémonial suprême de l'hésitation :tantôt demandant qu'on entame les lamentations funèbres, tantôt priant quelqu'un qu'on se tue pour lui donnerl'exemple, tantôt se reprochant sa faiblesse ; enfin, le poignard dans la gorge, avec l'aide de son secrétaireÉpaphrodite. Fin angoissante, pitoyable, pour peu qu'on la lise détachée de son contexte : on pense au rat empoisonné deBarrès, dans Leurs figures, et à la hyène du bunker de Berlin.

Suétone (qui traduit l'ancienne exécration sénatoriale,ainsi que fera Tacite) danse allègrement sur le cadavre.

Pourtant, qu'ajoute-t-il ? Non seulement que l'esclave (etamant) Sporus reste jusqu'au bout fidèle à Néron, à l'encontre de ses intérêts, et qu'Acté, la touchante maîtressependant trois ans de l'empereur, ensuite abandonnée, lui rend les honneurs funèbres, aidée des deux nourrices ;mais encore, après l'allégresse générale, que "longtemps encore, il se trouva des gens pour orner son tombeau defleurs du printemps et de l'automne et pour exhiber à la tribune aux rostres tantôt des images le représentant danssa toge prétexte, tantôt ses édits comme s'il était encore vivant et qu'il dût revenir à brève échéance pour lagrande ruine de ses ennemis". Au fait, quels ennemis ? Énumérons-les, ceux qui lui sont contemporains, et la postérité de ceux-ci, qui écriral'histoire : le Sénat d'abord, qui ne pardonnera jamais à Néron de l'avoir dépossédé de sa toute puissance, et quipourra compter, répétons-le, sur Suétone, secrétaire de l'empereur Hadrien (ce dernier appréciait leparlementarisme), et sur le sénateur Tacite ; l'aristocratie qui, on le verra, méprisait le parvenu ; les Chrétiens sousNéron, on les brûle, chaque lion en reçoit sa ration quotidienne, Pierre et Paul, les grands apôtres, sont exécutés en64 ; les Juifs de Galilée, mais oui, qui se révoltent en 66 et qui, de fil en aiguille, connaîtront les persécutions, ladestruction du Temple, la diaspora.

Mentionnons encore quelque lassitude générale après les décennies de pouvoirpatricien des Jules et des Claudes, la montée de la force prétorienne (garde personnelle de l'empereur), soutien del'empire, qui découvre qu'après tout cet empire, elle pourrait bien le prendre en mains, enfin une crise économiquequi éclate pendant le règne de Néron mais dont il n'est pas le responsable.

De quoi couvrir d'opprobre, pour lessiècles des siècles, ce "monstre", qu'assurément on n'ose pas défendre, mais de qui, par moment, on se dit que,vrai, on lui en a trop mis sur le dos. Qui était-il, en somme, ce Néron ? De son nom Ahenobarbus : barbe d'airain.

D'une branche de la gens Domitia ainsisurnommée à la suite d'un miracle pileux survenu à l'un des siens à l'occasion d'une victoire.

Une souche plébéienne,bien qu'il y eût eu des consuls et des tribuns dans la famille, donc dédaignée par l'aristocratie groupée autour de lagens Julia et de la gens Claudia.

Des parvenus : mais il s'était trouvé que la charmante Agrippine la Jeune, arrière-petite-fille d'Auguste et petite-nièce de Tibère, parfait spécimen de la génération dissolue de Pétrone (elleaccumulait mariages et adultères, avec un goût latent pour l'inceste), s'était mésalliée, à son entrée dans lacarrière, pour avoir un rejeton d'un Ahenobarbus ; se repentant, celle qui sera la dernière survivante des Jules etdes Claudes, fera adopter ce rejeton par son quatrième mari, qui sera l'empereur Claude. Pourquoi ? La "meilleure des mères", qui dédaignait à coup sûr ce fils du commun, ne disposait en fin de compte quede lui pour perpétuer son propre goût du pouvoir.

Elle parvient donc à faire de Néron un empereur, après avoirquelque peu hâté la fin de Claude, puis, vraisemblablement, du jeune et épileptique Britannicus (deux précautionsvalant mieux qu'une, il était bon d'éliminer le fils après le père).

Bien entendu, la postérité attribuera ces crimes àNéron, assassin professionnel, bien qu'il fût encore le docile garçon de dix-sept ans. Britannicus, parlons-en.

Son demi-frère Néron adopté par l'empereur (il n'est donc plus Lucius Domitius Ahenobarbus,mais Nero Claudius Caesar Drusus Germanicus) supportera mal que le puîné affecte de l'appeler constamment "barbed'airain", d'après le sobriquet tant moqué.

Ce surnom, on le lui sortira souvent.

Sans trop extrapoler, on peutimaginer qu'à l'âge où il accède à l'empire, Néron porte en lui pas mal de rancunes accumulées.

Entre la mèreabusive, goguenarde et tyrannique, qui règne effectivement, et ses deux ministres, Sénèque le tortueux etl'accommodant, et le rigide Burrus, guerrier manchot, lesquels au surplus, ne tarderont pas à opposer leur proprefaim de pouvoir à celle d'Agrippine.

Pendant ce qu'on appelle le "quinquennium Neronis", les années heureuses oùNéron, dit-on, fait revivre les splendeurs d'Auguste et allège la fiscalité, disant oui à sa mère, oui à Sénèque, oui àBurrus, oui aux nobles.

Jusqu'au jour où tout cela explose, au lendemain de la mort de Burrus.

Tout compte fait, onne voit que Claude qui n'ait guère maltraité Néron, qui l'ait peut-être aimé : le bègue, l'idiot, le grotesque Claude (cegrand empereur).. »

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