Nathalie Sarraute ou le Mûrissement souterrain

« Nathalie Sarraute ou le Mûrissement souterrain Nathalie Sarraute anticipe avec Tropismes' (1939) la rupture avec le roman traditionnel : ce n'est que plus tard, entre Martereau (1953) et le Planétarium (1959) , qu'elle adhère au mouvement de Robbe-Grillet.

Elle participe au Nouveau roman parce qu'elle en a d'avance expérimenté les recherches.

Elle s'en explique dans un essai, /'Ere du soupçon (1956), où elle définit l'importance à ses yeux du dialogue.

Elle dit que la conversation délivre peu à peu une "sous-conversation, c'est-à-dire ce qui gît sous !'exprimé, entre les actes, dans les non-dit, dans l'inavoué qui est parfois l'inavouable ...

».

Le dialogue, devenu un véritable code pour l'imagina­ tion, incite le lecteur à entrer dans l'œuvre et à en créer pour lui-même les mouvements intérieurs.

L'objet de Tropismes, c'est précisément de saisir ces « drames minuscules, ayant chacun ses péripéties, son mystère et son imprévisible dénouement».

Les personnages, dési­ gnés à l'aide de pronoms personnels, sont réduits à des "formes lisses et arrondies», à des « contours purs et fermes», comme dans Portrait d'un inconnu ou dans le Planétarium.

La vérité des personnages n'est pas dans la peinture qu'en fait l'auteur, mais dans leur réalité sous­ jacente qu'elle suggère et que nous avons à reconstituer.

S'observant elle-même volontiers en train d'écrire (1963, les Fruits d'or), Nathalie Sarraute est pareille à ces jardiniers qui se détournent des fleurs et des fruits pour se passionner pour le « m�D4II+:+=J souterrain ,.

qui les produit.

1.

Tropisme : accroissement d'un végétal dans une direction donnée sous l'influence d'une excitation extérieure (lumière, pesanteur, etc.).. »