Nammâlvâr
Publié le 16/05/2020
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Nammâlvârvers 800 Nammâlvâr signifie " Notre Saint " dans la langue du pays tamoul, comprenant la Côte de Coromandel et l'extrêmesud de la péninsule indienne.
Celui qu'on appelle ainsi dans les milieux vichnouites de ce pays se nommait en réalitéMâran, fils de Kâri.
Sa famille appartenait à la caste des Vellalar, rangée par la classification brahmanique dans laclasse des çûdra , la plus basse des quatre que reconnaît cette classification au-dessus des catégories inférieures, ou même la dernière, comprenant précisément ces catégories inférieures.
Mais il s'en faut de beaucoup au paystamoul que la classification brahmanique s'applique réellement et les Vellalar sont, en fait, en dehors des brahmes,une aristocratie.
Kâri était de Tengurugûr dans le Tirunelvelli, à l'extrême sud de la péninsule, ville dont la gloire deson fils devait faire Alvârtirunagari, la " Cité Fortunée du Saint ".
Il paraît avoir exercé des fonctions ministériellesauprès du roi Parantâka de la dynastie des Pândya (765-815).
La dévotion vichnouite était déjà ardente alors au pays tamoul.
Kâri prit femme dans une pieuse famille vichnouite etla légende veut que dans l'enfant du couple se soit incarné Vishnu lui-même, en la forme de Vishvakshena, " Celuidont l'armée s'étend partout ", qui dirige le monde et combat les méchants.
Le trait importe, car il atteste lacroyance que dans toute grandeur et toute sainteté humaine se manifeste, non une qualité de l'homme, mais unattribut de l'Être suprême.
Or cette croyance est répandue largement même en dehors du vichnouisme, jusque dansle Bouddhisme relativement tardif, dont les " bouddhas vivants " sont bien connus.
En outre, c'est la grâce divine quiproduit les incarnations par lesquelles a lieu le salut des hommes, même celui des méchants abattus, car l'élan deces derniers, quoique de rage et non d'amour, les porte vers la Divine Existence, refuge et salut.
L'enfant merveilleux naît donc, mais il ne crie ni ne pleure, il sourit, silencieux et calme, ne demandant pas le sein.Les parents sont cruellement alarmés, mais s'en remettent à la volonté de Dieu.
Ils parviennent cependant à éleverl'enfant qu'ils déposent constamment à l'ombre d'un tamarinier.
Là, il reste immobile, muet, et les yeux clos et ainsiseize ans se passent.
C'est alors qu'un autre saint, Madurakavi, qui voyage de sanctuaire vichnouite en sanctuairevichnouite, vient contempler le prodige.
Il veut savoir si l'enfant est sourd-muet.
Il fait un bruit de pierres et l'enfantouvre les yeux, sensible pour la première fois au monde extérieur.
Puis il le questionne et l'enfant répond.
La question avait une apparence d'énigme : " Si le subtil naît dans le sein du mort, que mange-t-il ? où repose-t-il ? " Elle signifiait simplement : y a-t-il une vie qui s'entretienne dans ce corps inerte ? La réponse fut : " Il mange celalà-bas, il repose là-bas ", c'est-à-dire : mon être spirituel est absent du corps qui est ici, il vit et repose plus loin.
L'histoire, tardivement rapportée, n'a guère apparence d'authenticité.
Elle signifie du moins que le saint, dès sonenfance, se tenait à l'écart du monde extérieur, dans une attitude d'autisme.
Mais il ne s'agissait pas d'autisme totalet surtout d'autisme purement automatique.
Il avait, malgré son attitude habituelle, connaissance du mondeextérieur et du langage et il méditait les problèmes de l'être et des choses qui occupaient depuis longtemps laphilosophie brahmanique et même indienne en général, sauf dans certains milieux, comme ceux du bouddhisme strict,qui refusaient la spéculation.
Madurakavi ne douta point que le sage aux dehors de sourd-muet ne fût une incarnation divine et il devint sondisciple ; poussant la vénération du maître jusqu'à l'adoration du dieu.
C'est lui qui recueillit les paroles que dès lorsce dernier prononça, sinon comme dieu, du moins comme ardent dévot, chantant les merveilles de Dieu pour sauverles êtres.
Les circonstances de la vie de Nammâlvâr et de Madurakavi ne nous sont guère autrement connues, sauf par desallusions contenues dans les poèmes de Nammâlvâr.
Il est cependant clair, par ces poèmes, que Nammâlvâr, pouravoir été un enfant à part, n'en a pas moins, à un moment ou à un autre, acquis des connaissances très étenduesde lettré et de philosophe indien.
Mais la forme sous laquelle nous sont parvenues ses œuvres a été trèsprobablement remaniée.
Une période obscure s'étend entre son époque et les environs de l'an 1000 où un nouvelauteur, Nâthamuni, a été frappé d'admiration par les chants de Nammâlvâr, alors peu connus, mais que savaient dedévots pèlerins de son pays.
Nâthamuni s'est rendu en ce pays, a recherché ces chants et aurait même reçu larévélation de ceux qui étaient perdus, ainsi que des œuvres des autres saints de la même lignée spirituelle queNammâlvâr.
Le sentiment de révélation qu'a eu Nâthamuni a pu lui faire prendre à lui-même sa propre inspiration pourcelle des saints dont il voulait restituer l'enseignement.
Il y a donc doute quant à l'authenticité de tout ce qui estattribué à Nammâlvâr et à ses pairs.
Cependant, Nâthamuni n'a pu tout inventer ; il partait d'une traditioneffectivement conservée, encore localement vivante et certainement riche.
Il faut seulement observer que cettetradition — comme il est habituel dans l'Inde — a beaucoup mieux conservé les textes des chants qui l'inspiraientque les circonstances des biographies de leurs auteurs.
Les récits relatifs à l'enfance de Nammâlvâr et à Madurakavique nous avons résumés sont relativement tardifs et ne représentent pas une donnée unanime de la tradition, car lepoète Kambar faisait une seule personne de Nammâlvâr et de Madurakavi.
La doctrine et la foi de Nammâlvâr sontdonc — et c'est ce qui importe surtout — infiniment mieux conservées que les événements de sa vie.
Elles sontattestées par quatre œuvres poétiques — la poésie étant un mode d'expression bien plus usité dans l'Inde qu'enOccident — le Tiruvirultam " le Poème Fortuné en mètre dit viruttam ", le Tiruvâymoli, " Paroles de la BoucheFortunée ", le Tiravâçiriyam, " le Poème Fortuné en mètre dit âciriyam " et le Periyatiruvandâdi, " le Grand PoèmeFortuné comportant une liaison de la fin d'une strophe au commencement de la suivante ".
Le Tiruvâymoli, le plusimportant, a été considéré comme un texte sacré du Vedânta, de la doctrine qui est " l'achèvement du Savoir "— tel est le sens de vedânta — comme les grandes upanishad sanscrites, appartenant à la tradition védique, la plus.
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