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Naissance des littératures nationales

Publié le 09/12/2021

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Le domaine des lettres médiévales, dans son évolution, ressemble un peu à l'empire de Charlemagne : un grand corps épique, une sorte de cosmos d'où, avec le temps, émergent des continents distincts, ayant chacun leur tracé et leurs frontières. A mesure que se différencient les peuples et les parlers locaux, de la Saxe aux Pyrénées, naît le besoin d'exprimer dans la langue de tous les jours ce que le latin dit " de décadence " avait exprimé jusque-là. C'est ainsi que peu à peu, dans l'Europe médiévale, s'affirment des individualités dont la croissance est sensiblement parallèle à celle des différents royaumes. Au cours de ce XIe siècle qui voit s'enraciner en France la dynastie capétienne, croître au delà du Rhin le Saint-Empire romain-germanique, et le Conquérant s'installer sur les rives de la Tamise, s'ébauchent les littératures dans la langue d'Aelfric, du moine Wulfila et de la Chanson de Roland. Autant de personnalités en puissance, qui s'affirmeront avec le temps, mais qui, pendant toute la grande période du Moyen Âge, du XIIe au XIVe siècle, gardent très vive la conscience d'un héritage commun. Les lettres demeurent à l'image de la Chrétienté, à l'image des grandes cathédrales qui jalonnent l'Europe, de Poitiers à Bamberg, de Durham à Santiago : une grande unité d'inspiration, à travers les multiples dialectes locaux et les courants d'influences d'une région à l'autre, anime le sentiment littéraire.

« Naissance des littératures nationales Le domaine des lettres médiévales, dans son évolution, ressemble un peu à l'empire de Charlemagne : un grandcorps épique, une sorte de cosmos d'où, avec le temps, émergent des continents distincts, ayant chacun leur tracéet leurs frontières.

A mesure que se différencient les peuples et les parlers locaux, de la Saxe aux Pyrénées, naît lebesoin d'exprimer dans la langue de tous les jours ce que le latin dit " de décadence " avait exprimé jusque-là.

C'estainsi que peu à peu, dans l'Europe médiévale, s'affirment des individualités dont la croissance est sensiblementparallèle à celle des différents royaumes.

Au cours de ce XIe siècle qui voit s'enraciner en France la dynastiecapétienne, croître au delà du Rhin le Saint-Empire romain-germanique, et le Conquérant s'installer sur les rives de laTamise, s'ébauchent les littératures dans la langue d'Aelfric, du moine Wulfila et de la Chanson de Roland.

Autant depersonnalités en puissance, qui s'affirmeront avec le temps, mais qui, pendant toute la grande période du MoyenÂge, du XIIe au XIVe siècle, gardent très vive la conscience d'un héritage commun.

Les lettres demeurent à l'imagede la Chrétienté, à l'image des grandes cathédrales qui jalonnent l'Europe, de Poitiers à Bamberg, de Durham àSantiago : une grande unité d'inspiration, à travers les multiples dialectes locaux et les courants d'influences d'unerégion à l'autre, anime le sentiment littéraire. Pendant toute cette période, la production poétique n'est inférieure ni en qualité ni en quantité à la productionartistique.

Seuls l'écran du langage, souvent difficile à percer, et le manque de curiosité du public prolongent pournous, à l'égard de la littérature médiévale, l'ignorance et l'incompréhension qui furent si longtemps de règle à l'égardde l'art de la même époque.

C'est encore un domaine pratiquement inconnu, dont nous avions perdu la clef.

Lesefforts d'un Gustave Cohen auront sur ce point éveillé l'attention, et d'autre part les travaux de quelques romanistescomme Reto Bezzola nous ont enfin restitué quelques fils conducteurs qui nous permettent de voir sous leurvéritable jour les chansons de geste et les romans d'aventure.

La chose était d'autant plus souhaitable qu'on doitbien constater, en dehors de tout amour-propre national, que la France a connu aux XIIe et XIIIe siècles l'une deses plus grandes époques littéraires, que les oeuvres françaises (ou plus exactement franco-anglaises) semblentalors discipliner tout le mouvement des lettres occidentales.

C'est un peu sous son égide que s'épanouissent, enEurope, les littératures nationales. Lorsqu'on jette un coup d'oeil d'ensemble sur l'univers poétique de l'âge féodal, sur les tendances qui l'animent, onest tenté de le comparer à un drame d'amour, à la lutte et à l'étreinte de deux êtres : Génie viril et Grâce féminine ;il y a dans cette poésie, comme en tout drame depuis le commencement du monde, un homme et une femme. Mais le rôle principal appartient à la femme et il en est ainsi depuis le commencement du monde chrétien, depuisl'enfantement, par une femme, du nouvel Adam.

Toutes les lettres médiévales semblent imprégnées d'influenceféminine, du moins jusqu'à la fin du XIIIe siècle.

Sans même s'arrêter à ces abbesses au savoir encyclopédique,comme Herrade de Landsberg ou sainte Hildegarde, aux lettrées comme Héloïse ou Isabelle de France, soeur deSaint Louis, qui reprenait ses chapelains lorsqu'ils commettaient une faute de latin, aux femmes poètes comme Mariede France ou la Comtesse de Die, c'est dans l'entourage d'une Marie de Champagne, d'une Béatrice de Provence,d'une Aliénor d'Aquitaine, que s'élaborent les grandes oeuvres lyriques, tant en langue d'oïl qu'en langue d'oc.

Etmieux encore, il y a tout un aspect des lettres féodales dans lesquelles triomphe l'Eternel féminin : recherchepassionnée, effusion mystique, tout ce qui relève de l'intuition, du mouvement de la Grâce, plutôt que de déductionslogiques. Cet aspect féminin de la littérature médiévale, la poésie des troubadours en est l'expression première, la plusparfaite aussi.

Il est surprenant que la question de ses " sources " ait fait couler tant d'encre, mais après tout, n'a-t-on pas attribué les mérites de notre art roman tantôt à Rome et tantôt à l'Orient, quand ce n'était pas auxArabes, voire aux Wisigoths ? Reconnaître à nos ancêtres quelque capacité d'invention, c'est à quoi ne peuvent serésoudre, semble-t-il, les historiens de la littérature.

Nous nous bornerons donc, pour ne pas heurter lessusceptibilités, à constater que la poésie courtoise est née très précisément à l'époque et au pays de la chevalerieet qu'elle semble l'expression la plus spontanée du monde féodal, caractérisé par l'engagement d'honneur qui lie levassal au seigneur comme sera lié le poète à sa dame, par le vieux fonds de race celte, d'où proviennent aussi leslégendes arthuriennes, et par le culte chrétien de la Vierge. Les premières oeuvres de poésie courtoise éclosent, non sur les bords de la Garonne, mais sur ceux de la Loire,puisque le premier en date de nos troubadours, Guillaume d'Aquitaine, est comte de Poitou, et que, par ses origineset sa vie, il est Poitevin beaucoup plus qu'Aquitain.

Bezzola a montré comment le rapprochement s'impose, dans lesfaits, entre l'expression première de l'amour courtois et la conception d'un rôle mystique de la femme dontl'importance allait être capitale dans la mentalité médiévale élaborée à l'abbaye de Fontevrault non loin de Poitiers,sous l'action de Robert d'Arbrissel.

On sait comment l'ordre religieux que celui-ci fonda et qui comprenait desmonastères d'hommes et des monastères de femmes, était tout entier placé sous la direction d'une abbesse et nond'un abbé.

Les liens personnels furent étroits entre Guillaume IX et Fontevrault, où successivement se retirèrent safemme et sa fille.

Et les racines de cette doctrine qui voit dans la femme un gage de rédemption étaient profondesdans le sol poitevin, où une première fois, autour de sainte Radegonde, avaient fleuri les hymnes et les séquencesen l'honneur de la Vierge, sous la plume de Venance Fortunat.

Ainsi une chaîne relie-t-elle aux premiers vers denotre parler national les derniers échos du " bas-latin " (dont la force poétique compense si heureusementl'impuissance, en ce domaine, du latin classique mais il n'y a guère que Baudelaire et Rémy de Gourmont pour s'enêtre aperçus.). »

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