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Modèle de copie Word Devoir de français 2nde Corpus

Publié le 08/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Modèle de copie Word

Devoir de français 2nde
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Modèle de copie Word

Devoir de français 2nde
Corpus de textes
Texte A : Molière, L’Avare (acte V, scène 3)
Texte B : Molière, Tartuffe (acte V, scène 7)
Texte C : Molière, Monsieur de Pourceaugnac (Acte III, scène 3)
L'avare
Scène 3
Harpagon, un commissaire, Valère, Maître Jacques.
Harpagon
Approche, viens confesser l’action la plus noire, l’attentat le plus horrible qui
jamais ait été commis.
Valère
Que voulez-vous, monsieur ?
Harpagon
Comment, traître, tu ne rougis pas de ton crime ?
Valère
De quel crime voulez-vous donc parler ?
Harpagon
De quel crime je veux parler, infâme ? comme si tu ne savais pas ce que je veux
dire ! C’est en vain que tu prétendrais de le déguiser : l’affaire est découverte,
et l’on vient de m’apprendre tout. Comment abuser ainsi de ma bonté, et
s’introduire exprès chez moi pour me trahir, pour me jouer un tour de cette
nature ?
Valère
Monsieur, puisqu’on vous a découvert tout, je ne veux point chercher de détours
et vous nier la chose.
Maître Jacques à part.
Oh ! oh ! Aurais-je deviné sans y penser ?
Valère
C’était mon dessein de vous en parler, et je voulais attendre, pour cela, des
conjonctures favorables ; mais puisqu’il est ainsi, je vous conjure de ne vous
point fâcher, et de vouloir entendre mes raisons.
Harpagon
Et quelles belles raisons peux-tu me donner, voleur infâme ?
Valère
Ah ! Monsieur, je n’ai pas mérité ces noms. Il est vrai que j’ai commis une
offense envers vous ; mais, après tout, ma faute est pardonnable.
Harpagon
Comment ! pardonnable ? Un guet-apens, un assassinat de la sorte ?
Valère
De grâce, ne vous mettez point en colère. Quand vous m’aurez ouï, vous verrez
que le mal n’est pas si grand que vous le faites.
Harpagon
Le mal n’est pas si grand que je le fais ! Quoi ! mon sang, mes entrailles, pendard
!

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Valère
Votre sang, Monsieur, n’est pas tombé dans de mauvaises mains. Je suis d’une
condition à ne lui point faire de tort ; et il n’y a rien, en tout ceci, que je ne
puisse bien réparer.
Harpagon
C’est bien mon intention, et que tu me restitues ce que tu m’as ravi.
Valère
Votre honneur, Monsieur, sera pleinement satisfait.
Harpagon
Il n’est pas question d’honneur là-dedans. Mais, dis-moi, qui t’a porté à cette
action ?
Valère
Hélas ! me le demandez-vous ?
Harpagon
Oui, vraiment, je te le demande.
Valère
Un dieu qui porte les excuses de tout ce qu’il fait faire, l’Amour.
Harpagon
L’Amour ?
Valère
Oui.
Harpagon
Bel amour, bel amour, ma foi ! l’amour de mes louis d’or !
Valère
Non, Monsieur, ce ne sont point vos richesses qui m’ont tenté, ce n’est pas cela
qui m’a ébloui ; et je proteste de ne prétendre rien à tous vos biens, pourvu que
vous me laissiez celui que j’ai.
Harpagon
Non ferai, de par tous les diables ! je ne te le laisserai pas. Mais voyez quelle
insolence, de vouloir retenir le vol qu’il m’a fait !
Valère
Appelez-vous cela un vol ?
Harpagon
Si je l’appelle un vol ? un trésor comme celui-là !
Valère
C’est un trésor, il est vrai, et le plus précieux que vous ayez, sans doute ; mais ce
ne sera pas le perdre que de me le laisser. Je vous le demande à genoux, ce
trésor plein de charmes ; et, pour bien faire, il faut que vous me l’accordiez.
Harpagon
Je n’en ferai rien. Qu’est-ce à dire cela ?
Valère
Nous nous sommes promis une foi mutuelle, et avons fait serment de ne nous
point abandonner.
Tartuffe
Scène 7
TARTUFFE, UN EXEMPT, MADAME PERNELLE, ORGON, ELMIRE, CLÉANTE,

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MARIANE, VALÈRE, DAMIS, DORINE.
Tartuffe, arrêtant Orgon.
Tout beau, monsieur, tout beau, ne courez point si vite :
Vous n’irez pas fort loin pour trouver votre gîte ;
Et de la part du prince on vous fait prisonnier.
Orgon
Traître ! tu me gardais ce trait pour le dernier :
C’est le coup, scélérat, par où tu m’expédies ;
Et voilà couronner toutes tes perfidies.
Tartuffe
Vos injures n’ont rien à me pouvoir aigrir ;
Et je suis, pour le ciel, appris à tout souffrir.
Cléante
La modération est grande, je l’avoue.
Damis
Comme du ciel l’infâme impudemment se joue !
Tartuffe
Tous vos emportements ne sauraient m’émouvoir ;
Et je ne songe à rien qu’à faire mon devoir.
Mariane
Vous avez de ceci grande gloire à prétendre ;
Et cet emploi pour vous est fort honnête à prendre.
Tartuffe
Un emploi ne saurait être que glorieux
Quand il part du pouvoir qui m’envoie en ces lieux.
Orgon
Mais t’es-tu souvenu que ma main charitable,
Ingrat, t’a retiré d’un état misérable ?
Tartuffe
Oui, je sais quels secours j’en ai pu recevoir ;
Mais l’intérêt du prince est mon premier devoir.
De ce devoir sacré la juste violence
Étouffe dans mon cœur toute reconnaissance :
Et je sacrifierais à de si puissants nœuds
Ami, femme, parents, et moi-même avec eux.
Elmire
L’imposteur !
Dorine
Comme il sait, de traîtresse manière,
Se faire un beau manteau de tout ce qu’on révère !
Cléante
Mais, s’il est si parfait que vous le déclarez,
Ce zèle qui vous pousse et dont vous vous parez,
D’où vient que pour paraître il s’avise d’attendre
Qu’à poursuivre sa femme il ait su vous surprendre
Et que vous ne songez à l’aller dénoncer

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Que lorsque son honneur l’oblige à vous chasser ?
Je ne vous parle point, pour devoir en distraire,
Du don de tout son bien qu’il venait de vous faire ;
Mais, le voulant traiter en coupable aujourd’hui,
Pourquoi consentiez-vous à rien prendre de lui ?
Tartuffe, à l’Exempt
Délivrez-moi, monsieur, de la criaillerie ;
Et daignez accomplir votre ordre, je vous prie.
L’Exempt
Oui, c’est trop demeurer, sans doute, à l’accomplir ;
Votre bouche à propos m’invite à le remplir :
Et, pour l’exécuter, suivez-moi tout à l’heure
Dans la prison qu’on doit vous donner pour demeure.
Tartuffe
Qui ? moi, monsieur ?
L’Exempt
Oui, vous.
Tartuffe
Pourquoi donc la prison ?
L’Exempt
Ce n’est pas vous à qui j’en veux rendre raison.
(À Orgon.)
Remettez-vous, monsieur, d’une alarme si chaude.
Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude,
Un prince dont les yeux se font jour dans les cœurs,
Et que ne peut tromper tout l’art des imposteurs.


Monsieur de Pourceaugnac :
Scène III
Deux Suisses, Monsieur de Pourceaugnac.
[…]
Second Suisse
Ah ! pon chour, Mameselle.
Premier Suisse
Que faire fous là tout seul ?
Monsieur de Pourceaugnac
J’attends mes gens, Messieurs.
Second Suisse
Ly est belle, par mon foy !
Monsieur de Pourceaugnac
Doucement, Messieurs.
Premier Suisse
Fous, Mameselle, fouloir finir réchouir fous à la Crève ? Nous faire foir à fous
un petit pendement pien choly.
Monsieur de Pourceaugnac

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Je vous rends grâce.
Second Suisse
L’est un gentilhomme Limosin, qui sera pendu chantiment à un grand potence.
Monsieur de Pourceaugnac
Je n’ai pas de curiosité.
Premier Suisse
Ly est là un petit teton qui l’est drole.
Monsieur de Pourceaugnac
Tout beau.
Premier Suisse
Mon foy ! moy couchair pien avec fous.
Monsieur de Pourceaugnac
Ah ! c’en est trop, et ces sortes d’ordures-là ne se disent point à une femme de
ma condition.
Second Suisse
Laisse, toy ; l’est moy qui le veut couchair avec elle.
Premier Suisse
Moy ne vouloir pas laisser.
Second Suisse
Moy ly vouloir, moy.
Ils le tirent avec violence.
Premier Suisse
Moy ne faire rien.
Second Suisse
Toy l’avoir menty.
Premier Suisse
Toy l’avoir menty toy-mesme.
Monsieur de Pourceaugnac
Au secours ! À la force !


Questions sur le corpus (6 points)
Identi?ez les procédés dramaturgiques utilisés dans les trois pièces. Quel est
l’effet produit ? (3 points)
À quel type de comédie chaque extrait de pièce nous renvoie-t-il ? Justi?ez
votre réponse en vous appuyant sur une analyse de chaque scène proposée. (3
points)
Travail d'écriture (14 points)
Vous traiterez au choix l'un des deux sujets suivants.
commentaire
Vous ferez le commentaire de Tartuffe (texte B)
Dissertation
Pensez-vous que la comédie a pour fonction première de divertir le public ?
Vous examinerez la problématique suivante en vous fondant sur les extraits du
corpus, de la séquence étudié ainsi que sur vos connaissances personnelles.

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1) Identifiez les procédés dramaturgiques utilisés dans les trois pièces. Quel est
l’effet produit ?
Dans ce texte de l'Avare de Molière utilise le quiproquo comme élément central de la
scène. Il y a en effet un malentendu au niveau de la compréhension de certains mots.
Ainsi, tout un jeu s'organise autour des mots « trésor », « sang », « amour »,
« crime ». Le mot « trésor » désigne pour Harpagon sa chère cassette et pour Valère,
sa bien-aimée, Élise, la fille d’Harpagon. ». Lorsqu’Harpagon dit « mon sang, mes
entrailles », il pense à sa cassette, alors que Valère pense qu’Harpagon parle de sa
fille. Lorsque Valère dit « l’Amour », Harpagon lui répond « l’amour de mes louis
d’or ». Le mot « crime » désigne pour Harpagon le vol de sa cassette et pour Valère,
son amour pour Elise, auquel s’oppose Harpagon, qui a décidé de la marier avec un
vieil homme riche. Toute la réussite de cette échange consiste à ne pas prononcer les
mots « fille » et « cassette » et à utiliser à la place des mots ambigus, qui peuvent être
compris de différentes manières. Le spectateur prend alors plaisir à comprendre
l'égarement des personnages. Celui-ci est amplifié par la différence des champs
lexicaux employés : Harpagon utilise le champ lexical de l'argent et du vol, tandis que
Valère utilise celui de l'amour, qui reflète son grand sentimentalisme, contrastant
avec l’avarice d’Harpagon qui préfère visiblement « ses louis d’or » à sa propre fille.
Dans l’extrait de Tartuffe, on a à faire à un coup de théâtre et à un renversement de
situation. Le coup de théâtre correspond au retour de Tartuffe. Alors qu’il a été chassé
de la maison parce qu’on a découvert ses agissements, il revient pour faire
emprisonner Orgon et lui prendre son bien. Ce coup de théâtre qui est commenté par
l’entourage d’Orgon est traité avec cynisme par Tartuffe, qui se justifie en disant qu’il
ne fait que son devoir. Tout laisse à croire que la situation va tourner à la
catastrophe. Molière ménage ainsi un certain suspens. Enfin un renversement de
situation est créé par l'intervention de l'autorité royale. Tartuffe est en effet accusé
publiquement de fraude et se voit condamné par la justice. Le dénouement est
heureux, comme le veut la comédie, pour le plaisir du spectateur.

Dans le dernier texte, on assiste comme dans le premier à un quiproquo (malentendu)
qui alimente la force comique de la pièce : Monsieur de Pourceaugnac, qui a dû se
déguiser en femme, est harcelé par deux Suisses qui le prennent vraiment pour une
femme. Ce procédé crée ici un comique de situation, typique de la farce. L’effet
comique est accentué par l’opposition entre le langage familier, voir grossier utilisé
par les deux Suisses et le langage policé (peut-être un peu féminin) de Monsieur de
Pourceaugnac. Ce quiproquo est également accompagné par un comique de gestes:
dans une indication scénique, Molière précise que les Suisses « le tirent avec
violence » chacun de leur côté, afin d’abuser de lui/d’elle. Monsieur de Pourceaugnac
finit par appeler « Au secours ! A la force ! », exactement comme une femme qui
risque d’être violée.
2) A quel type de comédie chaque extrait de pièce nous renvoie-t-il ? Justifiez
votre réponse en vous appuyant sur une analyse de chaque scène proposée.
L’extrait de l'avare nous renvoie à une comédie de caractère, où Molière se moque de
l'avarice par l 'intermédiaire du personnage d'Harpagon qui est la personnification de
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ce vice. En effet, Harpagon croit que Valère a volé sa cassette de louis d’or, il veut
donc lui faire avouer sa faute. Pour parler de son argent, il emploi des mots tels que «
mon sang, mes entrailles » ou encore, parlant du vol, il le qualifie « d’assassinat ». Le
quiproquo qui s’installe entre Valère et Harpagon amplifie le côté absurde de
l’avarice et le ridicule du personnage, qui, lorsque Valère évoque « l’Amour », lui
répond « … l’amour de mes louis d’or ». Ainsi, Harpagon comprend
systématiquement argent là où Valère entend amour, montrant qu’ils n’ont pas du tout
les mêmes valeurs. Molière montre aussi comment l’avarice l’a transformé en père
despotique, qui décide seul du mariage de sa fille avec un vieil homme riche, sans
jamais tenir compte de ses sentiments. L’extrait s’apparente aussi à une comédie de
mœurs, où Molière fait une satire d’une société qui fait de l’argent une fin en soi, et
qui oublie que la vraie valeur est l’amour. Le dramaturge y dénonce également les
mariages forcés, décidés par les pères pour des raisons financières, qui étaient très
courants à l’époque.
La scène 7 de l'acte V de Tartuffe nous renvoie à une comédie de moeurs et de
caractère par le biais de Tartuffe, qui est une caricature de l’imposteur. En effet,
celui-ci a dupé Orgon, son soi-disant ami, afin de lui extirper ses biens. Dans cette
dernière scène, Orgon comprend qu’il a été victime d’une tromperie : « traître », «
scélérat », « ingrat » dit-il à Tartuffe. Cependant, Tartuffe, en bel hypocrite, nie toute
imposture, et en rajoute même en disant qu’il ne fait qu’ accomplir son devoir (un «
devoir sacré ») envers « le Prince » (le roi). Il prétend que c’est le Prince lui même
qui demande à ce qu’Orgon soit emprisonné, et qu’il n’agit que dans « l’intérêt du
Prince ». Tartuffe, en parfait manipulateur, arrive à tourner toutes les situations à son
avantage. Molière dénonce ici le vice de l’hypocrisie. Il met en garde le spectateur
contre le danger que représentent les imposteurs qui abusent de leur pouvoir, comme
les faux dévots.
L’extrait de la pièce Monsieur de Pourceaugnac de Molière renvoie à la farce. La
scène avec les deux Suisses qui cherchent à séduire de force Monsieur de
Pourceaugnac déguisé en femme est typique d’une scène de farce ou encore de la
commedia dell’arte. Les deux Suisses déforment les mots par leur accent, provoquant
des jeux de mots comme: « ma foi » qui devient « mon foy ». La grossièreté des
deux Suisses, leur baragouinage et le quiproquo dû au travestissement de Monsieur de
Pourceaugnac créent un humour gras, typique de la farce. Le comique de la scène est
encore accentué par le comique de gestes, avec Mr de Pourceaugnac qui est tiré
violemment par les deux suisses, disant : « - l’est moy qui le veut couchair avec elle Moy ne vouloir pas laisser –Moy l’y vouloir, moy – Moy ne faire rien – Toy l’avoir
menti – Toy l’avoir menty toy-mesme » On peut également noter les nombreuses
répétitions de mots, en particulier « Moy » et « Toy », dans ce dialogue, qui
accentuent encore l’effet comique de la scène.
Dissertation :
Depuis l’Antiquité grecque, la comédie fut au théâtre le principal moyen de
divertissement. Une comédie a toujours eu pour but de divertir le public. Pascal
considérait la comédie comme un « divertissement », permettant à l’homme d’oublier
ses soucis et la « misère » de sa condition de mortel. Cependant, il est clair que la
Comédie a d’autres fonctions que de divertir et qu’elle peut également instruire et
faire réfléchir le spectateur. On peut donc se demander si le but principal de la
comédie est réellement d’amuser le public.
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Dans une première partie, nous montrerons que la fonction première de la
comédie est divertir le public grâce essentiellement à des procédés comiques. Dans
une deuxième partie, nous verrons qu’elle a également pour fonction de faire réfléchir
le spectateur, tout en divertissant, et que c’est peut-être même son but principal.
Par essence, la comédie cherche à faire rire, et parfois sans autre but, ce qui
pourrait s’expliquer par son origine, car la comédie est issue de la farce du Moyen
Age. A cette époque, les farces, comme La farce de maître Patelin, ne servaient qu’à
divertir le public et on n’accordait d’ailleurs peu d’importance à ces pièces. On ne
peut que constater que toutes les comédies, que ce soit les comédies proches de la
farce, mais également les comédies de caractère et de mœurs, cherchent à faire rire.
Dans ce but, elles utilisent de nombreux procédés comiques.
Tout d’abord, il y a le comique de situation qui était déjà très utilisé dans les
farces. Par exemple, dans Monsieur de Pourceaugnac, comédie de Molière très
proche de la farce, on rit beaucoup des coups montés contre Mr de Pourceaugnac. A
moment donné, il est forcé de se déguiser en femme et deux gardes Suisses essaient
de le séduire, le prenant vraiement pour une femme. Le comique repose sur un
quiproquo, malentendu qui consiste ici à prendre un homme pour une femme. On
retrouve l’utilisation du quiproquo, sous d’autres formes, dans de nombreuse
comédies de caractère de Molière, comme par exemple, dans l’Avare :
lorsqu’Harpagon demande à Valère de confesser son « crime », il parle du vol de sa
chère cassette, alors que Valère croit comprendre qu’il fait allusion à l’amour qu’il
ressent secrètement pour Elise, qu’ Harpagon (son père), a décidé de marier à un
vieil homme riche. Le malentendu au niveau de la compréhension de certains mots
dure toute une scène, ce qui fait beaucoup rire le public. Lorsqu’Harpagon parle de
« trésor », pensant à sa cassette, Valère croit qu’il s’agit d’ Élise, sa bien-aimée.
Lorsque Valère parle de « l’amour », Harpagon pense à son « amour pour ses louis
d’or »…
Il y a ensuite le comique de gestes, qui était très utilisé dans les farces et la
commedia dell’arte. Que de coups de bâtons, de soufflets et de chutes dans toutes les
pièces de Molière,( L’Avare, les fourberies de Scapin…), de Beaumarchais (le
Mariage de Figaro), de déguisements et travestissements, comme dans Monsieur de
Pourceaugnac.
Dans cette dernière pièce, le comique de la scène avec les deux Suisses (citée cidessus)) est accentué par le comique de gestes, avec Mr de Pourceaugnac qui est tiré
violemment par les deux suisses qui disent : « - l’est moy qui le veut couchair avec
elle - Moy ne vouloir pas laisser –Moy l’y vouloir, moy … ».
Comme on le constate dans cette scène, le comique de mots est également très
utilisé pour déclencher le rire du spectateur, avec les répétitions de certains mots, les
déformations de mots, l’utilisation d’un charabia, de mots grossiers ou vulgaires. Le
comique de mots est également très utilisé dans les comédies de caractère comme
l’Avare, avec par exemple des exagérations, lorsqu’Harpagon parle de « crime »,
d’ « assassinat », de « son sang et de ses entrailles », lors du vol de sa cassette.
Dans toutes les comédies, les personnages ont eux-mêmes pour fonction de faire
rire par leur ridicule, tel Harpagon dans l'Avare de Molière. Comme nous l’avons vu
plus haut, ses réactions sont totalement disproportionnées, ce qui provoque le rire
chez le spectateur. Peut-on réellement penser que Molière dénonce sérieusement le
vice de l’avarice dans cette pièce ? Harpagon ne peut être un personnage réel, c’est
une caricature de l’avare, et on ne peut dénoncer ce qui n’existe pas. De même, le
personnage de Tartuffe (dans la comédie du même nom) n’est que la caricature d’un
imposteur. Le décalage entre son masque de dévot et son vrai visage est comique.
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Son discours est si exagéré qu’on voit constamment qu’il ment et que tout ce qu’il dit
est l’opposé de ce qu’il fait. Un tel être ne peut exister. Et même s’il existait, il ne
serait pas vraiment dangereux car son imposture serait démasquée rapidement. C’ est
d’ailleurs le cas dans la pièce, puisque Tartuffe est finalement démasqué par la
justice. Le spectateur ne peut donc être réellement inquiété. C’est d’ailleurs le cas
dans toutes les comédies puisque les dénouements sont systématiquement des
dénouements heureux, ce qui a pour fonction de plaire et de rassurer le spectateur.
On peut même constater que de nombreuses scènes de comédies n’ont aucun
sens argumentatif et que dans ce cas, le divertissement ne corrige en rien les mœurs,
bien au contraire. C’est le cas de toutes ces bastonnades, ces soufflets que donnent les
maîtres à leurs valets (dans les fourberies de Scapin, le Mariage de Figaro…) n’ont
aucune morale, puisque le public rit de la violence faite aux plus pauvres par les plus
riches et les plus puissants. Dans Monsieur de Pourceaugnac, la violence est
particulièrement perverse. Monsieur de Pourceaugnac est la caricature du
gentilhomme de province issu de la petite noblesse, dont se moquent précieux et
précieuses qui trouvent à la cour de Louis XIV. Son nom fait référence au cochon
contrastant avec la particule aristocratique. Le public rit de ses manières provinciales
et quelque peu ridicules, et des coups montés contre lui. On
l’oblige même à se travestir en femme, et il doit ensuite subir le harcèlement des deux
gardes Suisses, particulièrement grossiers, harcèlement humiliant et cruel, puisqu’il
finit par appeler « Au secours », ayant peur d’être violé. La violence est ici à la base
du comique de manière totalement immorale. Tout y est fait gratuitement, pour le
plaisir de rabaisser le petit gentilhomme provincial , un pauvre « bougre » qu’on
roule sans cesse dans la farine. Le public, en assistant à sa déconfiture rit aux éclats.
Ainsi, dans cette comédie, aucune fonction éducative n’apparaît, et seul le
divertissement prime au mépris toute morale.

Après avoir vu en quoi la fonction première de la comédie était
de faire rire le public, nous allons montrer, dans une deuxième partie,
que les dramaturges choisissent souvent d’utiliser leurs œuvres pour
condamner les défauts de la société et les vices de l’humanité, sans
altérer leur aspect comique. Leurs comédies ont alors pour fonction de
faire réfléchir les spectateurs sur certains travers de la société, et les
amener à corriger leurs comportements. Cela nous amènera à penser
que la fonction essentielle de la Comédie n’est peut-être pas de divertir,
mais d’amener le spectateur à réfléchir et à se remettre en question, en
utilisant le rire et l’humour.
Notons tout d’abord que de nombreuses comédies de Molière,
qu’elles soient des comédies de caractère ou de mœurs, sont des
comédies dites « morales », genre théâtral majeur au siècle de Louis
XIV (à côté de la tragédie et de la farce). Elles se définissent comme
une étude critique des moeurs qui a pour dessein de corriger les travers
des hommes. Dans la préface de Tartuffe, Molière dit : « Rien ne
reprend mieux les hommes que la peinture de leur défaut ». Pour
l’auteur, critiquer est donc la clé pour enseigner de nouveaux
comportements. Ainsi, dans ses pièces, il met en scène des vices comme
l’avarice (dans l’Avare), ou encore l’hypocrisie (dans Tartuffe), qu’il
dénonce en ridiculisant à l’extrême les personnages caractérisés par ces
défauts. Le ridicule est pour Molière l'un des meilleurs moyens pour
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montrer aux gens ce qu’ils doivent changer chez eux afin de lutter contre
les vices et devenir d’honnêtes gens. Dans l’Avare, l’utilisation du
registre comique, a pour but de mettre en exergue l’avarice extrême du
personnage d’Harpagon. La scène du quiproquo entre Valère et
Harpagon, citée plus haut, en est un exemple. Le « trésor » évoqué par
Harpagon renvoie à « sa cassette » alors qu'il s'agit pour Valère d' Elise.
Valère comprend amour là où Harpagon entend argent, ce qui reflète un
conflit de valeurs. Ce procédé permet de montrer jusqu’où conduit le
culte de l’argent : il finit par primer sur les vraies valeurs comme
l’amour, puisque pour Harpagon, ses louis d’or comptent plus que sa
propre fille.

Dans Tartuffe, Molière s’attaque à l’hypocrisie, comme défaut de la nature humaine.
L’hypocrite est celui qui cache ses vrais sentiments, ses vraies pensées, ses vraies
intentions et manipule de ce fait ses interlocuteurs, la manipulation pouvant aller
jusqu’à la perversion. Tartuffe est ce personnage : il prend le masque de l’homme de
bien alors qu’il n’est qu’un menteur, un criminel et un profiteur. Pour Molière, les
hypocrites sont dangereux, non seulement pour leur entourage mais pour la société
toute entière, surtout lorsque ce sont des hommes de pouvoir, comme les dévots.
Dans sa préface, l’auteur écrit que « l’hypocrisie est, dans l’État, un vice bien plus
dangereux que tous les autres ». Il faut donc tout faire pour la dénoncer. C’est ce que
font Dorine et Elmire, qui attirent d’ailleurs la sympathie du public, en faisant
« tomber le masque » de Tartuffe, tout en faisant rire, ou plutôt sourire, le public par
leur ironie. L’hypocrisie est palpable à travers le décalage entre les paroles et les actes
de Tartuffe. Ce décalage est exagéré, mais ce n’est pas uniquement dans le but de
faire rire le spectateur ; c’est aussi pour que le public perçoive ce décalage
directement. Peut-être le spectateur sera-t-il capable par la suite d’identifier, dans la
vraie vie, des imposteurs et qu’il pourra les dénoncer et les empêcher de nuire ? Le
spectateur voit donc le manipulateur à l’œuvre. Tout en se faisant passer pour un saint
homme il finit par rouler son bienfaiteur Orgon dans la farine, en lui volant même sa
maison. Son hypocrisie est telle que lorsque Tartuffe revient chez Orgon pour lui
prendre sa maison, il se justifie en disant qu’il ne fait qu’obéir au Prince (le Roi):
« De ce devoir sacré la juste violence Etouffe dans mon cœur toute reconnaissance. »
Il se fait même passer pour la victime : En effet, lorsqu’Orgon lui dit: « Traître, tu me
gardais ce trait pour le dernier ! », Tartuffe lui répond : « Vos injures n’ont rien à me
pouvoir aigrir, Et je suis pour le Ciel appris à tout souffrir. » Le public ne peut que
constater son art de renverser la situation. D’autre part, il est évident que ce n’est pas
uniquement le fait d’être hypocrite que Molière critique, mais aussi le fait d’agir
ainsi sous le masque de l’homme de foi. L'auteur se livre en effet à une attaque envers
la religion et certains dévots, qui abusaient de leur pouvoir à l’époque de Molière en
se cachant derrière la religion.
Rappelons qu’autrefois, la comédie a été aussi un moyen efficace de parer la censure.
Certains dramaturges comme Molière et Beaumarchais ont voulu dénoncer
l'injustice, les abus de pouvoir et l'intolérance à travers leurs comédies. Dans le
Mariage de Figaro de Beaumarchais se trouve une longue tirade de Figaro où il
médite sur sa condition de
valet et remet en cause l’ ordre social. De plus, il
s’attaque à l’intolérance et à la censure de manière ironique: « il n’y a que les petits
hommes qui redoutent les petits écrits ».
En guise de conclusion, nous pouvons donc affirmer que, de
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manière

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systématique, la comédie a pour fonction de faire rire. Comme Pascal, on peut la
considérer comme un « divertissement » permettant à l’homme « d’oublier » ses
problèmes et la
« misère » de sa condition de « mortel ». Cependant, comme le
pense Molière, la comédie peut, en utilisant le rire, être un moyen d’instruire et de
faire réfléchir le spectateur.
La comédie est peut-être plus à même que la tragédie pour amener le
spectateur à prendre de la distance par rapport « sa misère » (ou tout simplement ses
soucis), grâce à l’humour et au rire, mais également pour le pousser à se remettre en
question, et peut-être à œuvrer pour construire un monde plus juste. La comédie
devrait toujours être un instrument de la recherche de la vérité et de la sagesse.

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