MICHELET

« 1 / 2 MICHELET L'urbanisation de la province française sous la Ille Ré­ publique s'est faite au long des avenues Thiers et des bou­ levards Michelet.

A l'intersection : un groupe scolaire,· quand ce n'est pas une caserne ; une école primaire su­ périeure plutôt qu'un lycée ; de l'infanterie coloniale loin · des quartiers de cavalerie.

Victor Hugo n'est pas là : on l'a exilé près des beaux quartiers, avec Pasteur.

A la limite de la ville, près des voies de chemin de fer, .près dès· stades fùturs, le socialisme municipal, gérant loyal du patrimoine des révolutions révolues,.

a quelquefois osé une rue Robespierre, une rue Marat.

Michelet eût aimé et haï cette manière dont l'histoire s'inscrit dans la pierre.

Un mouvement croise la structure : à la succession chro- .

nologique pure et simple, aux cercles concentriques qui font l'extension des cités, màis aussi ·leur encrassement, leur enlaidissement, leur misère, à la récupération mar­ chande et démagogique des grands hommes, des héros .

populaires, des poètes, une fois qu'ils sont morts·, vient s'opposer un vigoureux rebroussement de conscience, un ressourcement aux authentiques symboles des· origines.

Ainsi tout est sens parce tout est ambiguïté.

La figure et l'œuvre de l'historien n'échappent pas à cette dialectique.

La gloire de Michelet est d'abord une gloire scolaire.

Il est le père de l'Histoire de France telle que nous l'avons apprise, centrée sur Jeanne d'Arc et les immortels principes de 89, l'apô­ tre d'un nationalisme quasiment mystique, forgé quand la gauche était revancharde, quand les sol- 2 / 2. »