Mérimée

« Théâtre et roman historique N é à Paris en 1803 dans une famille bourgeoise cultivée (son père et sa mère sont peintres), Prosper Mérimée doit à ses parents de lui avoir transmis un esprit voltai­ rien qu'il manifeste très tôt dans son goût pour l'ironie.

Il fait de bonnes humanités et étudie le droit à Paris ; à l'aube du mouvement romantique, il fréquente les salons et devient l'ami de Stendhal.

Au début de sa vie littéraire, il cherche sa voie en s'es­ sayant à deux genres totalement différents : le théâtre et le roman his­ toriqué.

Le Théâtre de Clara Gazul (1825), traduit de l'œuvre d'une co­ médienne espagnole, regroupe un en­ semble de courtes pièces, colorées, faites de passions violentes : cer­ taines sont de simples pochades ; d'autres, plus subtiles, comme Les Espagnols au Danemark, drame his­ torique, ont connu de vrais succès de PROSPER ME scène.

Ces petites pièces se- ----- Prosper Mérimée, pastel par S.

Rochard, musée Renan-Scheffer raient mièvres ou mélodra­ matiques si l'on ne sentait constamment l'humour de leur auteur.

Après ce théâtre pseudo-espa- L..J gnol, le jeune écrivain ~ de vingt-quatre ans s'o­ riente vers le genre histo- 1 '"' rique, flattant ainsi le goût du public de l'époque ; il donne, en 1828, La Jacquerie, qui est un ensemble de scènes féodales relatant une révolte de paysans au XIVe siècle; puis il compose en 1829 un roman historique sur l'époque de la Saint-Barthélemy, Chronique du règne de Charles IX.

Dans ce roman se manifestent déjà des qualités essentielles de Mérimée : le souci d'authenticité et la virtuosité dans l'art de conduire les aventures d'un personnage.

Le nouvelliste S ans renoncer au cadre historique qu'il gardera toujours comme Autoportrait au crayon Lettre autographe de Mérimée, 1853 Mérimée fut l'un des rom~tiques libéraux du Globe ; ce journal était l'organe d'expression d'un petit groupe d'intellectuels avisés (Sainte-Beuve , Stendhal, etc.) qui se réunissait chez Delécluze; ils cherchaient à prolonger les idées des philosophes du xvme siècle en montrant les liens étroits entre le romantisme et le libéralisme.

Par son roman historique, Chronique du règne de Charles IX, Mérimée ne cherche pas à donner un sens à l'histoire ; le romancier se contente de recueillir « ces petits faits vrais », ces anecdotes et ces aventures pittoresques qui sont révélateurs de la mentalité d'un peuple ou d'une époque ; d'où ce titre de Chroniqu e.

XIV SIECLE Î rèstôt, Mérimée révèle la virtuosité de son talent dans des genres variés ; il s'impose définitivement lorsqu'il découvre les ressources d'un genre à sa mesure: la nouvelle.

toile de fond de ses écrits, Mérimée se tourne alors vers un genre qui lui permet d'exercer plus efficacement ses talents: la nouvelle.

Dès 1829, il donne à La Revue de Paris ses pre­ miers petits récits : L' Enlèvement de la redoute, sur la campagne de Russie; Tamango, qui évoque avec une ironie féroce la traite des nègres ; Federigo, qui rapporte une légende napolitaine, et Mateo Falcone, qui est une histoire corse.

En 1830, avec La Partie de trictrac et Le Vase étrusque, il aborde sobrement l'ana­ lyse psychologique.

Toutes ces œuvres à succès sont réunies en 1833 sous un seul titre évocateur de leur diversité, Mosaïque.

En 1834, Mérimée est · nommé inspecteur des monuments histori­ ques.

Au cours de ses voyages, il élargit son expérience et donne à ses récits une tonalité plus « ethnographique » et parfois fantastique : Les Ames du Purgatoire (1834) et La Vénus d' Ille (1836).

Puis il élargit le cadre de ses nouvelles pour en faire de vrais pe­ tits romans avec Colomba (1840) et Carmen (1845).

Le sujet de Colomba vient d'une histoire de vendetta corse ; Colomba est une jeune fille. »