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Méhémet Ali

Publié le 16/05/2020

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« Méhémet Ali Son style fut celui de l'aventure du pouvoir si ouverte à l'énergie, à l'ambition immédiate et au réalisme dans l'Empire ottoman déclinant.Sa chance d'un moment fut de rencontrer l'Europe, et son audace de s'en être servi dans son comportement oriental. Né à Cavalla en Macédoine, doté d'une petite aisance, illettré, marchand de tabac, il était turc jusqu'à l'anonymat musulman de son nom :Mehmed Ali, Mohammad'Alî en arabe, dont les Français firent Méhémet Ali lorsqu'ils y reconnurent une personnalité.

Il avait atteint latrentaine quand, enrôlé pour aller combattre l'expédition française en Égypte, il fut mis à la tête d'un corps albanais.

Il découvritl'insuffisance des troupes ottomanes face à une armée européenne, puis l'affaiblissement de l'impopulaire aristocratie mamelouk dansles pays du Nil, l'impuissance des représentants du sultan, le mécontentement des oulémas du Caire et l'agitation urbaine provoquée parle passage de Bonaparte.

Aucune autorité ne s'imposait plus ; il se révéla.

Jouant des uns contre les autres, tantôt temporisant tantôtfrappant, il s'empara du gouvernement au Caire ; la Sublime Porte ne put que le nommer pacha d'Égypte à la fin de 1805.

Dès lors ilorganisa sa force dans l'action pour étendre son pouvoir, et en l'étendant retrouva les voies de la conquête. En 1807, une armée anglaise qui avait débarqué à Alexandrie pour soutenir les Mamelouks fut, après une brève campagne, obligée dereprendre la mer.

L'indiscipline des troupes et les difficultés financières ne permirent cependant pas à Méhémet Ali d'arracher avant 1810la haute Égypte aux Mamelouks, ses rivaux encore dangereux ; le 1er mars 1811, il invita trois cents de leurs chefs à la citadelle du Caireet les fit massacrer.

Cette menace intérieure écartée, il retira de la campagne d'Arabie, menée au nom du sultan, la gloire de reprendreaux Wahhabites les villes saintes de La Mecque et de Médine.

Il étendit son influence sur les côtes de la mer Rouge, non sans inquiéter laGrande-Bretagne, lutta contre les incursions des nomades dans la vallée du Nil et envoya des expéditions au Soudan, avec l'espoir d'ytrouver de l'or pour soutenir son effort militaire et des esclaves pour en faire des soldats.

La conformité de la politique de Méhémet Ali àd'anciennes pratiques turques se mêlait en Afrique à un imaginaire reçu du passé. L'Égypte elle-même offrait des moyens plus réels et s'ouvrait sur une Méditerranée en changement.

Suivant l'exemple de Sélim III, maisavec plus de succès, Méhémet Ali décida de s'inspirer du modèle européen pour réorganiser son armée et la faire manœuvrer ; la paixrevenue en Europe, il recruta des officiers français comme instructeurs, tandis qu'il trouvait son plus valeureux général en son fils aînéIbrâhîm pacha.

Il fit marcher cette nouvelle armée à l'appel du sultan Mahmut II, mais pour servir ses propres intérêts ; soutenue par unemarine, elle prit pied en Crète et combattit l'insurrection grecque en Morée.

Désormais, les gouvernements européens traitaient le pachad'Égypte à l'égal d'un souverain, et si la bataille navale de Navarin (1827) montra l'incontestable supériorité de leurs armes, ils leménagèrent, comme il les ménagea en retirant ses troupes de Grèce. Pour tirer de la vallée du Nil les ressources, les hommes et les équipements nécessaires à sa politique militaire, bref pour affermir sapuissance, il suivit le système de gouvernement qui avait été appliqué dans l'Empire ottoman, mais il l'utilisa à son seul profit face ausultan.

Lorsqu'il liquida l'opposition des Mamelouks, il supprima du même coup leur emprise foncière et fiscale ; il put alors se prévaloirdu principe de la propriété éminente du souverain sur les terres cultivées pour fonder en droit et en fait sa fiscalité, sans pour autanttoucher aux traditions agraires et sociales qui réglaient le travail et la vie quotidienne des paysans.

Il distribua en usufruit de vastesdomaines aux membres de sa famille et à certains de ses fidèles, toujours des Turcs, pour y assurer une bonne rentrée de l'impôt etgarantir son autorité.

Les fellahs, eux, furent soumis au poids croissant des redevances, à la corvée pour les travaux publics, et aussi à laconscription ; ils n'y échappaient que par la fuite ou la mutilation.

Ils supportèrent la grandeur du pacha et dirent leur expérience en undicton : "Il construit un palais et ruine une collectivité." Méhémet Ali se réserva les revenus de monopoles commerciaux et créa des ateliers d'État pour la fabrication des armes et des uniformesde ses troupes.

Nullement novateur en ce domaine encore, il ne fit que suivre de bien vieilles pratiques connues des souverainsmusulmans depuis le haut Moyen Âge ; le modèle lui était notamment fourni par les arsenaux que les sultans ottomans avaient faitédifier à Constantinople.

La structure du travail artisanal ne fut pas modifiée.

Toutefois, Méhémet Ali, soucieux d'augmenter le rendementde l'impôt, désira améliorer la production agricole et le mouvement commercial qui en étaient la source.

Grâce aux ingénieurs françaisdont il s'assura le concours, la culture du coton fut étendue pour l'exportation, des canaux d'irrigation furent creusés pour développer lazone agricole et la libérer du seul rythme des crues du Nil, le port d'Alexandrie fut reconstruit.

Par là même, mais à son insu, il associaétroitement l'Égypte à l'économie du marché européen et introduisit des techniques qui appelaient des connaissances nouvelles, uneorganisation nouvelle et le capital. Ayant troqué le turban pour le tarbouch, il offrait aux étrangers l'image d'un despote "régénérateur".

En 1828, Champollion, reçu enaudience, le trouva "assis, dans un costume fort simple, et tenant en main une pipe chargée de diamants.

Sa taille est médiocre, ajoutele célèbre égyptologue, et l'ensemble de sa physionomie a une teinte de gaieté qui surprend dans un homme occupé de si grandeschoses et accablé de tant de soucis.

Le trait de sa figure est une paire d'yeux d'une extrême vivacité, et qui font un singulier contrasteavec une barbe blanche qui tombe et s'étend sur sa poitrine".

Un autre témoin raconte que "dès l'année 1839 il n'avait plus que deuxdents.

Ce signe de décrépitude l'affligeait beaucoup : un négociant anglais lui fit faire, par un habile dentiste de Malte, un râtelier quicoûta quinze mille francs, dont Méhémet Ali fut enchanté". Son pouvoir était alors à son apogée, mais l'âge s'ajoutait à la force de l'Europe pour tempérer sa vigueur de prudence.

Les puissanceseuropéennes, sauf la France, avaient montré leur hostilité à son rêve de reconstituer un solide empire musulman et à son occupation dela Syrie en 1832 ; dans ce pays, la lourdeur de sa fiscalité et la conscription soulevèrent les populations contre sa domination.

Son armée,malgré ses succès initiaux, dut évacuer la Syrie en 1840.

Il ne garda plus que l'Égypte dont il ne put empêcher le maintien juridique dansl'Empire ottoman mais où il obtint la reconnaissance de l'hérédité du gouvernement dans sa famille ; il fut également contraint decontinuer à verser un tribut au sultan et de ramener son armée à dix-huit mille hommes.

Ses ateliers d'État, dont le fonctionnement avaittoujours été aléatoire et impopulaire, furent privés de leurs débouchés, cependant que l'Égypte, où s'appliquaient les traités de commerceconclus par la Porte en 1838, s'ouvrait encore plus à l'initiative économique de l'Europe libérale.

Méhémet Ali en avait senti le dangerpolitique, et il s'était obstinément opposé aux projets de percement de l'isthme de Suez. Agissant dans le cadre du passé, il provoqua des ruptures qui ouvrirent l'Égypte au présent et lui restituèrent une place originale dans lemonde musulman aux prises avec l'avenir.

Mais la réalité pour Méhémet Ali s'effaça doucement dans le gâtisme.

Il mourut le 2 août 1849à Alexandrie.

Remontant le canal Mahmûdîya et le Nil, un bateau à vapeur transporta son corps au Caire où il fut enseveli dans lamosquée de style ottoman érigée sur son ordre à la citadelle.. »

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