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Mauritanie

Publié le 06/12/2021

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1 PRÉSENTATION

Mauritanie, en arabe Mūrītāniyā, pays saharien et sahélien d’Afrique de l’Ouest. Sa capitale est Nouakchott.

La Mauritanie est baignée sur sa façade occidentale par l’océan Atlantique, bordée au nord-ouest par le Sahara-Occidental, au nord par l’Algérie, à l’est et au sud-est par le Mali et au sud-ouest par le Sénégal. Pays des Maures, dont elle tire son nom, la Mauritanie, créée en tant que telle par le colonisateur français en 1902, est une terre de contact, un « pont « entre l’Afrique noire et le Maghreb.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et climat

La Mauritanie couvre une superficie de 1 031 000 km². Pays essentiellement désertique, à l’exception de la vallée inondable du fleuve Sénégal au sud, elle s’étend sur les deux tiers de sa superficie dans le Sahara.

Le relief, arasé, est constitué de sédiments, de débris rocheux (regs) et de dépôts sableux (dunes) d’où émergent, ça et là, comme des îles au milieu d’un océan immobile, des massifs de faible altitude, le plus souvent de forme tabulaire, témoignage d’un passé géologique plus humide. Un reg immense et plat s’étale dans l’extrême nord sur le rebord de la grande dépression de Taoudenni qui occupe le centre du Sahara. Il en est de même, à l’est, de la Majabat al-Koubra, le long de la frontière malienne.

Au centre, le massif de l’Adrar, composé de plissements orientés nord - sud-ouest, s’élève à 500 m d’altitude en moyenne (825 m au piton du Teniagouri) dans des paysages grandioses (passe d’Amodjar). Le Guelb er Richat, curiosité géologique exceptionnelle en forme de bulle éclatée d’une quarantaine de kilomètres de diamètre, complète l’Adrar à l’est. Le relief réapparaît plus au sud avec le massif Tagant, qui se prolonge jusqu’à la vallée du Sénégal par l’étroit massif de l’Assaba (464 m) et les montagnes de l’Afollé (600 m). Le Dhar Tichit (voir civilisation de Tichit), un mince affleurement rocheux envahi par les sables, joint le Tagant au Dhar Oualata, près de la frontière malienne. Nouakchott, près de l’océan, se trouve au centre d’une plaine, envahie autrefois par la mer.

Le climat est principalement désertique. La température diurne moyenne est de 37,8 °C sur plus de six mois de l’année, mais les nuits sont fraîches. La région côtière est plus tempérée.

2.2 Flore et faune

Le pays est traversé dans sa partie septentrionale par le tropique du Cancer et, bien que la Mauritanie soit classée parmi les régions arides, les zones végétales présentent un échantillonnage nuancé de forêts-galeries et de savanes à grandes herbes et baobabs au sud (550 mm d’eau annuels), de steppes sahéliennes à acacias au centre (150 mm d’eau annuels), pour se terminer dans les grandes étendues du nord, par des buissons et des touffes de plus en plus éparses qui annoncent la dune vive ou le désert de pierres.

Le nord du pays, désertique, est pauvre en faune sauvage (gazelles). Dans la savane arborée du sud vivent des phacochères et des singes. Le littoral atlantique est particulièrement riche en oiseaux migrateurs (embouchure du Sénégal et banc d’Arguin).

2.3 Ressources naturelles

La Mauritanie possède un sous-sol riche en minerais : minerais de fer, situés dans la région de Zouérate et de F’Derik (la « montagne de fer «), et de cuivre (Akjoujt, Moghrein) ; mines d’or (Moghrein) ; gisements de gypse (dans la Sebkha Nndrhamcha) , de soufre (Cuprit) et de phosphates dans la vallée du fleuve Sénégal (Bofal, Loubboïra). Au large de ses côtes (bassin côtier et bassin de Taoudeni), le pays possède également d’importantes ressources de pétrole et de gaz naturel, mises au jour en 2001. Enfin, ses eaux côtières sont parmi les plus poissonneuses au monde.

 

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population mauritanienne s’élève à 3 364 940 habitants, ce qui se traduit par une densité globale, très faible, de 3,3 habitants au km². Le taux de croissance de la population est de 2,9 p. 100 (2008). Confrontée aux difficultés d’accès aux soins médicaux, la population mauritanienne connaît un fort taux de mortalité maternelle — pour 100 000 naissances vivantes, 1 000 femmes décèdent lors de leur grossesse ou de leur accouchement — et infantile (69,5 p. 1 000, et 125 p. 1 000 avant l’âge de 5 ans). L’espérance de vie moyenne est de 53,9 ans.

Si plus de la moitié de la population mauritanienne vit aujourd’hui dans les villes (la part de la population urbaine est de 62 p. 100 en 2006), elle a gardé le contact avec le village ou le nomadisme. La capitale, Nouakchott, créée en 1957 en prévision de l’indépendance du pays, à partir d’un simple poste militaire à la jonction du pays maure nomade et de la région sédentarisée du fleuve, n’a cessé d’attirer les populations de l’intérieur et atteint aujourd’hui 600 000 habitants. Les anciennes villes caravanières (Chinguetti, Ouadane, Tichit, Oualata) sont à l’agonie en raison de la disparition du commerce transsaharien.

D’autres villes ont surgi avec l’industrialisation comme Zouérate (mines de fer), Akjoujt (cuivre) et surtout Nouadhibou, centre de pêche et port exportateur du minerai de fer acheminé par train depuis F’Derik. Les autres grandes villes sont Kaédi (34 227 habitants), dans la région agricole longeant le Sénégal, ainsi que Rosso, terminus au bord du fleuve de la route menant au Sénégal.

3.2 Groupes ethniques, langues et religions

La République islamique de Mauritanie a comme religion officielle l’islam (sunnite), pratiqué par 99 p. 100 de la population. Conformément à la politique d’arabisation de l’État mauritanien, la Constitution de 1991 fait de l’arabe (classique) sa langue officielle — jusque-là le français avait également bénéficié de ce statut ; l’arabe (hassanya, parlé par 66 p. 100 de la population), le pular (peul, 6,4 p. 100), le soninké (1,3 p. 100) et le wolof (0,4 p. 100) sont reconnues langues nationales.

La population mauritanienne se divise principalement en deux communautés : d’une part, les Maures — ou Arabo-Berbères ou Beidanes (« Blancs «) —, traditionnellement nomades, mais en partie sédentarisés du fait de l’industrialisation et de la désertification ayant accentué l’exode rural, et, d’autre part, les Négro-Africains (Toucouleur, Wolof, Peul, Soninké), agriculteurs et pasteurs pour la plupart sédentarisés et vivant dans la région du fleuve Sénégal. Les métissages ayant été constants à travers l’histoire, les rapports communautaires s’expriment surtout à travers les clivages culturels et sociaux, et l’opposition entre Maures, majoritaires dans l’appareil d’État et socialement dominants, et Noirs, en quête de pouvoir. Ces rivalités ont culminé violemment dans les années 1989-1991 et ont abouti à l’expulsion de dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens, réfugiés au Sénégal voisin.

Une troisième communauté constitue la population mauritanienne, celle des Haratines, descendants des anciens captifs noirs, souvent cultivateurs dans les oasis. Si l’esclavage a été aboli par la Constitution de 1961 et par une ordonnance de 1981, et les Haratines intégrés au système culturel arabo-berbère, des pratiques esclavagistes continuent d’être employées à leur encontre.

3.3 Éducation

En 2005, le taux d’alphabétisation n’atteint que 42,6 p. 100. Le gouvernement s’emploie à mettre en place une scolarité primaire gratuite, mais les efforts dans ce sens se heurtent au style de vie nomade d’une fraction importante de la population. Cependant, il faut compter avec les écoles coraniques qui familiarisent les enfants avec l’écrit à travers la lecture et l’écriture de l’arabe.

Au milieu des années 2000, 88 p. 100 des enfants d’une même classe d’âge suivaient des études primaires, 23 p. 100 des études secondaires.

L’enseignement supérieur est assuré par l’université de Nouakchott (fondée en 1981) et par une école d’administration également située dans la capitale.

3.4 Institutions et vie politique
3.4.1 Historique

Au lendemain de son indépendance, proclamée le 28 novembre 1960, la Mauritanie est dirigée par Moktar Ould Daddah, destitué en 1978 par un coup d’État. En 1984, le colonel Maaouya Ould Sidi Ahmed Taya prend le pouvoir et dirige le pays d’une poigne de fer. Il fait promulguer une nouvelle Constitution instaurant le multipartisme en 1991, mais renforce son régime en empêchant de fait le déroulement du jeu démocratique. Réélu en 1997, puis en 2003, il est renversé le 3 août 2005 sans effusion de sang par un coup d’État mené par le colonel Ely Ould Mohammed Vall, qui prend la tête d’un Conseil militaire pour la justice et la démocratie. Le Parlement est dissous, mais la Constitution maintenue. Un gouvernement de transition, dirigé par Sidi Mohammed Ould Boubacar, est chargé d’organiser des élections afin de rétablir les institutions et de redonner le pouvoir aux civils. Historique, le processus de transition démocratique commence le 25 juin 2006 avec l’adoption, par référendum (avec près de 97 p. 100 des suffrages), de plusieurs amendements à la Constitution limitant notamment à deux le nombre de mandats du président de la République. Il se poursuit avec la tenue d’élections législatives en novembre 2006, et s’achève le 25 mars 2007 avec le second tour de l’élection présidentielle. À l’issue d’un scrutin jugé globalement libre et transparent par les observateurs internationaux, Sidi Ould Cheikh Abdallahi (candidat indépendant) est élu avec 52,85 p. 100 des suffrages face à l’opposant « historique « au régime du président Ould Taya, Ahmed Ould Daddah.

3.4.2 Organisation des pouvoirs

Aux termes de la Constitution de 1991, la Mauritanie est une République islamique (l’Islam est la seule source de droit). État unitaire, elle est divisée en douze régions et un district (Nouakchott, la capitale), pourvus d’autorités élues et d’une administration ; chaque région est dirigée par un gouverneur.

La Mauritanie est dotée d’un régime présidentiel. Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République et par le gouvernement. Le président de la République est le chef de l’État et possède des prérogatives élargies en matière de politique extérieure, de défense et de sécurité ; il doit être de confession musulmane et est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, reconductible une fois. Il nomme et peut destituer le Premier ministre, qui est le chef du gouvernement. Le pouvoir législatif appartient au Parlement, qui est constitué de deux chambres : l’Assemblée nationale, composée de 95 membres élus au suffrage universel direct, et le Sénat, composé de 56 membres, élus au suffrage universel indirect (par les élus des collectivités territoriales) pour un mandat de six ans.

3.4.3 Partis politiques

Malgré l’avènement du multipartisme, en 1991, la scène politique mauritanienne demeure lourdement dominée par la formation du président Ould Taya (1984-2005), le Parti républicain démocratique et social (PRDS). Le pouvoir demeure dans une logique de parti unique, tandis que l’opposition, malmenée, est très faible et désunie. Les premières véritables élections démocratiques qui se déroulent en novembre 2006 dans le sillage du coup d’État militaire d’août 2005 permettent à l’opposition réunie au sein de la Coalition des forces du changement, avec pour chef de fil Ahmed Ould Taya, de remporter 41 des 95 sièges de l’Assemblée nationale, tandis que l’ancien parti au pouvoir, rebaptisé Parti républicain pour la démocratie et le renouveau (PRDR) ne recueille que 7 sièges. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), qui compte en réalité dans ses rangs nombre d’anciens membres du PRDS, détient 38 sièges.

4 ÉCONOMIE

L’économie mauritanienne est traditionnellement de type pastoral et agricole, axée sur les échanges entre le Nord (désert) et le Sud (savane). Seuls l’exploitation minière, le commerce et la pêche assurent un minimum de revenus à la population et à l’État. Toutefois, comptant parmi les pays les moins avancés, la Mauritanie voit son économie à l’aube d’un bouleversement avec la découverte au début des années 2000 de ressources en pétrole dont l’exploitation commence en 2006.

En 2005, le produit intérieur brut (PIB) de la Mauritanie s’élevait à 1,093 milliard de dollars, le taux de croissance du PIB atteignant 4,36 p. 100 pour la période 1990-2003. La dette extérieure dépassait 2,5 milliards de dollars en 2004, mais la Mauritanie fait partie des 18 pays dont le G8 a annulé la dette en 2005.

4.1 Agriculture

L’agriculture occupe 55,4 p. 100 de la population active et contribue à hauteur de 13,1 p. 100 du PIB. L’élevage est l’activité principale du pays maure. En 2005, le cheptel comptait 1,4 million de chameaux, 1,7 million de bovins, 8,8 millions de moutons et 5,6 millions de chèvres. L’élevage de chameaux, pratiqué essentiellement pour le transport traditionnel par caravane et le nomadisme est en forte diminution.

La zone agricole se situe principalement dans le Sud et les oasis. Les cultures principales sont le mil, le sorgho, le riz, les légumineuses, les patates douces et le maïs. Dans les oasis, l’orge, les légumes (tomates, oignons) et les dattes permettent de maintenir un minimum d’habitants dans des régions vouées à l’émigration. Dans le Tagant, des petits barrages de décrue retiennent l’eau le temps de semer du mil ou du sorgho sur les parcelles au sous-sol encore humide.

Le potentiel de pêche en mer est très élevé entre Nouadhibou et le cap Timiris, mais celle-ci se fait au détriment des pêcheurs traditionnels locaux qui ne peuvent s’aventurer en haute mer. Le gouvernement a pris des mesures visant à protéger ses zones de pêche qui lui procurent de substantiels revenus. En 2005, les prises étaient de 247 577 tonnes.

4.2 Mines et industries

Le secteur secondaire contribuait à 30 p. 100 du PIB au début des années 2000 et employait 8 p. 100 de la population active. La production annuelle de minerai de fer, issu principalement du gisement de F’Derik-Zouérate et des guelbs (buttes riches en minerais), se chiffrait à 6,9 millions de t en 2004. Les mines de cuivre d’Akjoujt, qui ont longtemps été une industrie importante, ont été fermées en 1978. La Mauritanie a produit 1,2 tonne d’or en 1997. Découvert en 2001, le gisement de pétrole de Chinguetti, situé à 80 km des côtes mauritaniennes, est exploité à partir de 2006, avec une production annoncée de 75 000 barils par jour. Les réserves sont estimées à plus de un milliard de barils de pétrole et à 30 milliards de mètres cubes de gaz. De nouveaux gisements d’or, de cuivre et de diamants doivent aussi être exploités à partir de la seconde moitié des années 2000.

Les produits manufacturés ne représentent qu’une faible part de l’économie du pays et concernent presque exclusivement le conditionnement du poisson à Nouadhibou et quelques autres produits alimentaires. À la fin des années 1980, le pays disposait d’une centrale électrique d’une capacité de 114 000 kW, avec une production annuelle d’environ 120 millions de kWh, générés principalement à partir d’installations thermiques. Dans les années 1990, un programme d’installation d’éoliennes a été mis en place.

4.3 Échanges

L’unité monétaire est l’ouguiya, unité divisible en cinq khoums. Elle est devenue convertible. La Banque centrale de Mauritanie (fondée en 1973) est chargée de l’émission de la monnaie.

En 2000, les exportations annuelles, constituées principalement de minerai de fer, s’élevaient à 498,5 millions de dollars. Les importations, qui concernaient les aliments de première nécessité, les machines, les matériaux de construction, le pétrole et les biens de consommation, se chiffraient à 294 millions de dollars. Les principaux partenaires commerciaux sont la France, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, l’Espagne, l’Algérie, la Chine et le Japon.

Les transports sont assurés par des liaisons aériennes dans toutes les régions par Air-Mauritanie. La Trans-Mauritanienne Nouakchott-Néma (la Route de l’espoir), une route bitumée qui nécessite un désensablement constant a été inaugurée en 1978. La route côtière dessert Rosso, Nouakchott, Akjoujt et se prolonge vers Atar. Une ligne de chemin de fer de 670 km relie Nouadhibou à la zone minière de F’Derik-Zouérate. Nouadhibou et Nouakchott disposent chacune d’un port en eau profonde et d’un aéroport international. La presse nationale se limite à un quotidien, le Chaab, édité en arabe et en français à Nouakchott et de plusieurs hebdomadaires.

5 HISTOIRE
5.1 Les origines du peuplement

Des vestiges datant de l’âge de pierre sont présents partout dans le pays. Les variations climatiques et la désertification du Sahara, déclenchée il y a six millénaires, ont déterminé le peuplement du pays. Les villages néolithiques de Dhar Tichit et de Oualata datent du IIe millénaire avant notre ère et révèlent des traces de culture du mil, de pêche dans les mares et les lacs nombreux à l’époque, et d’élevage de bovins. Sur la côte, des amas de coquillages témoignent de l’existence d’une population de pêcheurs commerçant avec l’intérieur au tournant de notre ère.

5.2 L’édification de la société maure

Des Berbères nomades venus du nord, possesseurs de chevaux et de chameaux, s’installent dans cette région en voie de désertification au Ier millénaire av. J.-C. Ils assujettissent les agriculteurs noirs, qui deviennent leurs tributaires et introduisent la culture du palmier-dattier dans les zones pourvues de sources, donnant ainsi naissance à des oasis. Au Ier millénaire apr. J.-C., de nouveaux arrivants appartenant à la confédération des Sanhadjas dominent les échanges entre l’Afrique du Nord et l’empire du Ghana, dont la capitale est Koumbi Saleh dans le sud-est mauritanien. Le grand comptoir entre ce royaume d’où parvient l’or du Soudan se trouve à Aoudaghost.

Convertis à un islam austère, le sunnisme de rite malékite, les Sanhadjas sont à l’origine des Almoravides qui s’emparent d’Aoudaghost puis de Koumbi Saleh en 1076. Cependant, l’empire du Ghana survit jusqu’au début du XIIIe siècle, époque à laquelle il est annexé à l’empire du Mali. Les Berbères sont à leur tour assujettis par les Arabes au XVIe siècle. De cette époque date la structuration en castes de la société mauritanienne : au sommet de la pyramide se trouvent les tribus libres, principalement d’origine arabe, qui forment la caste des guerriers ou « Hassan « ; ensuite viennent ceux qui, ayant été vaincus au combat, n’ont pas le droit de porter les armes et qui, généralement d’origine berbère, se sont réfugiés dans la pratique du commerce ou les études religieuses : les « marabouts « ; les Noirs se partagent entre esclaves affranchis, mais tributaires, cultivant les oasis, ou « haratines «, et les esclaves domestiques, ou « abid «. L’arabe intègre les dialectes berbères pour former l’arabe hassanya, la langue du pays.

5.3 La colonisation française

Remontant le fleuve Sénégal, les Français, établis à Saint-Louis, passent des accords avec les tribus maraboutiques de cette région, sur la rive droite du fleuve (traité avec les émirs du Trarza et du Brakna en 1858) et pénètrent pacifiquement dans le pays (alliance avec les marabouts groupés autour de Cheik Sidiya, 1901-1905). La pacification du Tagant, de l’Adrar et du Nord se heurte en revanche aux tribus guerrières Regueibat et Ouled Delim (1910-1933). Pour les Français, l’extrême Nord demeure toujours une région de semi-dissidence face aux tribus nomadisant entre le sud marocain, le Sahara espagnol et la région de Tindouf au Maroc.

Devenue colonie en 1920, la Mauritanie, ainsi appelée depuis la conquête française de l’intérieur du pays, est rattachée à l’Afrique-Occidentale française et administrée depuis Saint-Louis du Sénégal, conjointement avec le Sénégal (colonie de Mauritanie-Sénégal). En 1946, elle devient un territoire d’outre-mer. Fruit d’une évolution découlant de l’occupation française, l’esclavage traditionnel est officiellement aboli, une abolition confirmée en 1980 par la Mauritanie indépendante. Si l'impatience des anciens captifs à faire valoir leurs droits reste parfois vive, notamment dans les régions rurales, l'intégration économique reste encore le meilleur moyen pour les faire devenir réalité.

5.4 Le processus d’indépendance

En 1956, alors que l’autonomie interne est accordée à la Mauritanie, l’ancien député mauritanien promarocain à l’Assemblée nationale française, Horma Ould Babana, se réfugie au Maroc après son échec aux élections. En 1957, Nouakchott devient la capitale mauritanienne. Le 28 septembre 1958, l’Assemblée territoriale proclame la République islamique de Mauritanie alors que les partisans d’Horma ont rejoint celui-ci au Maroc. L’indépendance est proclamée le 28 novembre 1960 malgré l’opposition du Maroc et de la Ligue arabe, qui déclarent le pays « partie intégrante du Maroc «, niant jusqu’à l’existence même du nouvel État. Dans le Nord, une armée de libération organisée par les nationalistes marocains est dispersée au cours d’une opération conjointe franco-espagnole : un décalage subtil, au moment du tracé des frontières, a empêché le Maroc d’avoir une frontière commune avec la Mauritanie et forcé les promarocains à traverser l’Algérie, alors française, et le Sahara espagnol.

La Mauritanie devient membre de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1961, sous la direction de Moktar Ould Daddah, premier président de la nouvelle république (il fut réélu régulièrement jusqu’en 1976). En 1970, la signature d’un traité à Casablanca met un terme aux revendications marocaines. Trois ans plus tard, la Mauritanie intègre la Ligue arabe.

Une période de sécheresse s’abat sur le pays en 1973, affectant les nomades qui affluent vers les villes et surtout en direction du sud agricole, peuplé de sédentaires noirs. Cet exode provoque un début de tensions communautaires. Toutefois, l’économie se développe grâce à l’exploitation des gisements de fer et de cuivre récemment découverts.

5.5 Le conflit du Sahara-Occidental et le coup d’État contre Moktar Ould Daddah

En 1976, dans le cadre des accords de Madrid avec l’Espagne et le Maroc, la Mauritanie annexe le rio de Oro, une partie du Sahara espagnol (voir Sahara-Occidental), tandis que le Maroc se voit attribuer le reste du territoire. Mais un mouvement nationaliste saharien, le Front Polisario, composé de Sahraouis, d’anciens membres de l’armée de libération marocaine et d’opposants mauritaniens soutenus par l’Algérie, mènent une guérilla meurtrière qui affaiblit le pays et son président. En juillet 1978, le président Ould Daddah est renversé par un coup d’État mené par le lieutenant colonel Mustafa Ould Salek.

Celui-ci est bientôt remplacé par un autre officier, Mohamed Ould Louly, et, en août 1979, la Mauritanie accepte de se retirer du Sahara-Occidental pour y être aussitôt remplacée par le Maroc. Avec le renversement d’Ould Daddah, le pouvoir passe des mains des « marabouts « (le père de l’ancien président était un lettré respecté de Boutilimit au sud-ouest) dans celles des « guerriers «, originaires de l’Adrar.

5.6 Le régime du colonel Ould Taya (1984-2005)

Un nouveau changement à la tête de l’État a lieu en 1980, lorsque le Premier ministre Mohamed Ould Haidalla prend la présidence du pays et renforce la loi islamique. Il résiste à un coup d’État en 1981, mais est destitué en 1984 par son chef d’état-major, le colonel Maaouya Ould Sidi Ahmed Taya.

En 1989, des revendications pour un meilleur équilibre en faveur de la communauté négro-africaine entraînent une forte tension avec le Sénégal : des dizaines de milliers d’éleveurs noirs sont expulsés vers le Sénégal, qui renvoie parallèlement dans leur pays cent mille Mauritaniens vivant au Sénégal. Dans le même temps, les communautés s’affrontent violemment. Confronté aux critiques internationales pour le non-respect des droits de l’homme, notamment en ce qui concerne la communauté négro-africaine dont un demi-millier d’officiers et de soldats est exécuté en 1991, le président Ould Taya fait promulguer une nouvelle Constitution et instaure le multipartisme la même année. Il est élu président en 1992, malgré une victoire contestée.

Membre de l’Union du Maghreb arabe, la Mauritanie demeure travaillée par des forces contradictoires : islamistes contre baasistes partisans de la laïcité, Maures contre Noirs du fleuve, émergence d’un mouvement protestataire des haratines (descendants d’esclaves) et en général des Noirs de langue hassanya. Dans ce contexte, le président Ould Taya renforce son régime empêchant de fait le déroulement du jeu démocratique ; les partis d’opposition légale sont tour à tour dissous et l’opposition divisée. Entachées de fraude, les élections qui se succèdent sont boycottées par l’opposition. Le président Ould Taya est reconduit au pouvoir en 1997. Si les partis de l’opposition font leur entrée à l’Assemblée nationale à l’occasion du scrutin législatif d’octobre 2001, l’hégémonie du Parti républicain démocratique et social (PRDS), au pouvoir, n’est jamais remise en cause.

Le pays, qui traverse une grave crise économique, parvient à rester à flot grâce à l’aide des institutions financières internationales dans le cadre d’un programme d’ajustement structurel. Afin de bénéficier de ce soutien, ainsi que de celui des États-Unis, la Mauritanie a opéré dès 1999 une réorientation de sa politique étrangère en établissant des relations diplomatiques complètes avec Israël. Cette stratégie se confirme en 2003, tandis que la Mauritanie, ancien allié de Saddam Hussein, se range dans le camp américain lors de la guerre contre l’Irak. Le 8 juin 2003, le président Ould Taya échappe à une tentative de coup d’État militaire, menée, d’après le régime mauritanien, par des islamistes radicaux. C’est donc dans une situation tendue qu’il affronte l’élection présidentielle de novembre 2003. Ses trois principaux concurrents sont l’ancien président Mohamed Ould Haidalla, l’opposant historique Ahmed Ould Daddah, et Messaoud Ould Boulkheir, leader des Haratines. Le président Ould Taya est réélu dès le premier tour avec 66,7 p. 100 des suffrages, à l’issue d’un scrutin vivement contesté par l’opposition, qui fait état de fraude massive et de harcèlement judiciaire — accusé de vouloir prendre le pouvoir par la force, Mohamed Ould Haidalla est interpellé quelques heures à la veille de l’élection, puis emprisonné au lendemain de l’annonce des résultats et relâché quelques mois plus tard.

5.7 La transition démocratique

Le 3 août 2005, le président Ould Taya est renversé par une junte militaire, dirigée par le colonel Ely Ould Mohammed Vall et déterminée à mettre en place une transition pacifique et à restaurer l’ordre constitutionnel. Le pays entre alors dans une phase de transition démocratique, dont le déroulement apparaît exemplaire aux yeux des observateurs et de la communauté internationale avec un passage de pouvoir réussi des militaires aux civils. Ce processus démocratique, marqué par un référendum constitutionnel (juin 2006) limitant notamment à deux le nombre de mandats du président de la République et par des élections législatives (novembre 2006) et sénatoriales (janvier 2007), s’achève avec la tenue d’une élection présidentielle. Le 11 mars 2007, pour la première fois de leur histoire, les Mauritaniens sont appelés à choisir librement leur président parmi dix-neuf candidats. À l’issue du premier tour, Sidi Ould Cheikh Abdallahi (candidat sans parti bénéficiant de nombreux soutiens au sein de l’ancienne majorité présidentielle et accusé par ses adversaires d’être adoubé par la junte militaire) remporte 24,79 p. 100 des suffrages, contre 20,68 p. 100 à Ahmed Ould Daddah, ancien opposant historique au régime du président Ould Taya et président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) ; leurs principaux concurrents, Zeine Ould Zeidane, candidat « indépendant « proche de l’ancien régime, et Messaoud Ould Boulkheir, descendant d’esclave et leader des Haratines, obtiennent respectivement 9,80 p. 100 et 15,27 p. 100 des voix. À l’issue du second tour, Sidi Ould Cheikh Abdallahi est élu sans contestation avec 52,85 p. 100 des suffrages contre Mohamed Ould Dada.

Issu d’une prestigieuse lignée de marabouts, Sidi Ould Cheikh Abdallahi (69 ans) est un économiste ayant détenu plusieurs portefeuilles ministériels dans les années 1970 et sous le régime du président Ould Taya avant d’être contraint à l’exil en 1989. Présenté par ses partisans comme un « homme de consensus « il bénéficie d’une bonne réputation à l’étranger, notamment en raison de ses fonctions de conseiller auprès du Fonds koweïtien pour le développement économique arabe. Dans un pays défavorisé par des conditions naturelles difficiles, affaibli et corrompu par deux décennies de mauvaise gestion, où un Mauritanien sur deux vit en dessous du seuil de la pauvreté, la liste des tâches qui incombent à Sidi Ould Cheikh Abdallahi est longue : bonne gouvernance, réformes économiques, obtention de l’annulation de la dette publique auprès des institutions financières internationales, amélioration de l’accès à l’éducation et aux services de base (installations sanitaires, électricité, eau potable), répartition des richesses, restauration de l’unité nationale, retour des réfugiés négro-mauritaniens et reconnaissance de leurs droits… Dans ce contexte, la gestion des revenus du pétrole (exploité depuis 2006) est également au cœur des perspectives de développement du pays.

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