MAURICE DE GUÉRIN

« Maurice de Guérin, né dans le Tarn, passe son enfance au château du Cayla, où il subit l'influence de sa soeur, lapieuse et intelligente Eugénie.

Il termine ses études à Paris et y végète quelques années.

En 1832, il séjourne à laChesnaie, auprès de La Mennais.

Il meurt, phtisique, à vingt-huit ans, laissant des poésies, des lettres, un journalintime : Le Cahier vert, une Méditation sur la mort de Marie, enfin deux poèmes en prose, Le Centaure, publié en 184o par George Sand, et La Bacchante, inachevée. Le Centaure. Le centaure Macarée, dernier de sa race, raconte sa vie au devin Mélampe.

Au sortir de l'antre natal, il fut éblouipar la splendeur de la nature; emporté par l'ardeur de sa jeunesse, il voulut absorber toutes les énergies del'univers.

Mais l'âge mûr vint, et l'angoisse d'une pensée obstinée à pénétrer le mystère de la création.

Pour guérirMacarée de son inquiétude, le vieux centaure Chiron lui donna un jour une leçon de sagesse le mal, c'est le tumultede l'âme, le besoin de s'égaler au monde, la recherche d'une science inaccessible; le bien, c'est la soumission auxdisciplines naturelles, l'acceptation du travail libérateur, l'apaisement mérité par le don de soi, Maurice de Guérin a étoffé le genre du poème en prose, qui devient, sous sa plume, une longue méditationsymbolique et lyrique.

La publication du Cahier vert a révélé que Le Centaure et La Bacchante traduisaient les sentiments profonds de l'auteur : ainsi, l'enfance de Macarée, c'est celle de Guérin dans la paix du Cayla; laconfidence de Chiron à Macarée, c'est l'enseignement qu'il cherchait auprès de La Mennais pour apaiser sonangoisse. La forme de ces oeuvres est à la fois ample et condensée.

La phrase est rythmée comme une mélodie calme et lourde d'émotion; elle aboutit à une clausule précieusement choisie; mais à cette harmonie pleine d'ampleur, Mauricede Guérin joint souvent la rigueur de l'expression et l'intensité de l'effet.. »