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Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique.

Publié le 29/06/2020

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« TEXTE La scène se situe au temps du cinéma muet. Un pianiste accompagnait alors la projection. Le piano commença à jouer. La lumière s'éteignit. Suzanne se sentit désormais invisible, invincible et se mit à pleurerde bonheur. C'était l'oasis, la salle noire de l'après-midi, la nuit des solitaires, la nuit artificielle et démocratique, la grande nuit égalitaire du cinéma, plus 5 vraie que la vraie nuit, plus ravissante, plus consolante que toutes les vraies nuits, la nuit choisie, ouverte. à tous, offerte à tous, plus généreuse, plus dispensatrice de bienfaits que toutes les institutions de charité et que toutes les églises, la nuit où se consolent toutes les hontes, où vont se perdre tous les désespoirs, et où se lave toute la 1O jeunesse de l'affreuse crasse d'adolescence. C'est une femme jeune et belle. Elle est en costume de cour. On ne saurait lui en imaginer un autre, on ne saurait rien lui imaginer d'autre que ce qu'elle a déjà, que ce qu'on voit. Les hommes se perdent pour elle, ils tombent sur son sillage comme des quilles et 15 elle avance au milieu de ses victimes, lesquelles lui matérialisent son sillage, au premier plan, tandis qu'elle est déjàloin, libre comme un navire, et de plus en plus indifférente, et toujours plus accablée par l'appareil (1 J immaculé de sa beauté. Et voilà qu'un jour de l'amertume lui vient de n'aimer personne. Elle a naturellement beaucoup 20 d'argent. Elle voyage. C'est au carnaval de Venise que l'amour l'attend. Il est très beau l'autre. Il a des yeux sombres, des cheveux noirs, une perruque blonde, il est très noble. Avant même qu'ils se soient fait quoi que ce soit on sait que ça y est, c'est lui. C'est ça qui est formidable, on le sait avant elle, on a envie de la prévenir. Il arrive 25 tel l'orage et tout le ciel s'assombrit. Après bien des retards, entre deux colonnes de marbre, leurs ombres reflétées par le canal qu'il faut, à la lueur d'une lanterne qui a, évidemment, d'éclairer ces choses-là, une certaine habitude, ils s'enlacent. Il dit je vous aime. Elle dit je vous aime moi aussi. Le ciel sombre de l'attente s'éclaire 30 d'un coup. Foudre d'un tel baiser. Gigantesque communion de la salle et de l'écran. On voudrait bien être à leur place. Ah ! commeon le voudrait.Vous ferez de ce texte un commentaire composé que vous organiserez à votre gré. Vous pourrez, par exemple, étudier comment, sur un mode à la fois lyrique et parodique, l'auteur évoque le pouvoir qu'exerce le cinéma sur l'esprit de cette adolescente. Introduction Auteur contemporain, Marguerite Duras s'est' illustrée dans le monde du cinéma en écrivant des scénarios et dialogues de films, tels ceux d'Hiroshima mon amour, réalisé par Alain Resnais. Dans son oeuvre romanesque se retrouve son goût pour le septième art, comme le révèle un extrait de son roman Un barrage contre le Pacifique, paru en 1950. Dans cepassage, formé de deux paragraphes juxtaposés, l'héroïne, Suzanne, s'abandonne au bonheur d'assister à la projection d'un film dont le thème — romanesque à souhait — est une histoire d'amour. Trois centres d'intérêt peuvent être dégagés de l'extrait. D'abord, à un premier niveau de lecture, ce passage constitue une sorte de témoignage sur le cinéma muet, avec une atmosphère particulière. D'autre part, ce témoignage étant subjectif, il permet de cerner les sentiments de l'adolescente, dont l'enthousiasme est révélateur. Enfin, le recul critique de l'auteur confère à cette évocation une dimension parodique que le lecteur, complice, savoure à plaisir. (1) appareil : ensemble des ornements qui rehaussent la beauté de l'actrice. ...»

« ÉPREUVE13 Amiens, Lille, Rouen, Créteil-Paris-Versailles Juin 1991 TEXTE ::::: La scène se situe au temps du cinéma muet.

Un pianiste accompa­ gnait alors la projection.

Le piano commença à jouer.

La lumière s' éteignit.

Suzanne se sentit désormais invisible, invincible et se mit à pleurerde bonheur.C'était l'oasis, la salle noire de l'après-midi, la nuit des solitaires, la nuit artificielle et démocratique, la grande nuit égalitaire du cinéma, plus 5 vraie que la vraie nuit, plus ravissante, plus consolante que toutes les vraies nuits, la nuit choisie, ouverte.

à tous, offerte à tous, plus généreuse, plus dispensatrice de bienfaits que toutes les institutions de charité et que toutes les églises, la nuit où se consolent toutes les hontes, où vont se perdre tous les désespoirs, et où se lave toute la 1 O jeunesse de l'affreuse crasse d 'adolescence.

C'est une femme jeune et belle.

Elle est en costume de cour.

On ne saurait lui en imaginer un autre, on ne saurait rien lui imaginer d'autre que ce qu'elle a déjà, que ce qu'on voit.

Les hommes se perdent pour elle, ils tombent sur son sillage comme des quilles et 15 elle avance au milieu de ses victimes, lesquelles lui matérialisent son sillage, au premier plan, tandis qu'elle est déjà loin, libre comme un navire, et de plus en plus indifférente, et toujours plus accablée par l'appareil. »

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