Marguerite de Navarre, Heptameron, GF-Flammarion Commentaire de la 34ème nouvelle
Publié le 17/05/2020
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Marguerite de Navarre, Heptameron, GF-Flammarion
Commentaire de la 34ème nouvelle (pp.304-308)
La nouvelle se situe dans la quatrième journée.
Hircan est le roi de cette journée qui est placée sous le
signe de la patience et de la prudence.
Une patience qui doit permettre aux dames de gagner leur mari,
c'est à dire de les obtenir par le mérite et une prudence qui permet aux hommes de conserver l'honneur
de leur maison.
Il y a pourtant deux nouvelles, dans cette quatrième journée qui s'éloignent du thème
proposé, ce sont les nouvelles 33 et 34.
La première est une devinette, puisqu'il s'agit de démasquer un
cordelier incestueux en décryptant une phrase sibylline alors que la seconde, c'est à dire la nouvelle que
nous étudions est très proche de la farce.
Cette nouvelle 34 est l'une des rares histoires du recueil qui ne
porte pas sur les relations amoureuses et conjugales.
A la fin de la nouvelle 33, les devisants ont
manifesté leur envie de rire, c'est pourquoi Simontaut, qui vient de terminer son histoire, passe la parole à
Nomerfide qui semble être, dans l'assemblée, le personnage le plus léger, en tout cas celui qui raconte
les histoires les plus courtes et les plus drôles, comme elle le dit elle-même à la fin de la 67ème nouvelle
: "Or donc, selon ma coutume, je vous le dirai court et joyeux" (461).
Cette 34ème nouvelle, est l'histoire de deux cordeliers qui se comportent
mal, c'est à dire qu'ils écoutent en cachette les paroles de leur hôte.
Ils seront puni de ce manque de
savoir-vivre parce qu'ils vont mal interpréter ces mots qu'ils n'étaient pas censés entendre.
Cette nouvelle est donc avant tout présentée comme une histoire à rire, et elle fait rire.
C'est même l’une
des histoires les plus drôles de ce recueil, une histoire qui donne toute sa place à une véritable scène de
comédie.
C'est une nouvelle légère qui pourtant va introduire une discussion des devisants sur le thème
de l'orgueil, un thème qui a été traité durant la lecture commentée d'un passage de la Bible au matin de
cette 4ème journée.
Nous verrons, dans ce commentaire, la place importante donnée à la parole et à l'histoire racontée, puis
nous examinerons les ressorts comiques de cette 34ème nouvelle et enfin, nous nous interrogerons sur
la façon dont, à partir d'une histoire aussi légère, les devisants vont introduire une discussion sur la
philosophie et la théologie.
La parole a une place prépondérante dans toutes les nouvelles de l'Héptaméron, puisque, comme le
signale Marguerite de Navarre dans le prologue, les histoires ne doivent jamais avoir été écrites.
Ce sont
des histoires "vraies" mais des histoires inédites que les devisants ont entendu et qu'ils rapportent chaque
jour à leurs compagnons.
Mais dans cette 34ème nouvelle, la parole a une place très importante,
à la fois dans l'économie narrative du récit et dans son économie dramatique.
La première prise de parole est bien entendu celle de Nomerfide qui s'apprête à raconter son histoire à
l'assemblée.
Dans la phrase qui lui permet d'introduire cette histoire (à la fin de la 33ème nouvelle), elle
emploie deux termes "propos" et "langage", ce qui place d'emblée la nouvelle sous le signe de la parole :
"un propos est souvent cause de beaucoup de mal, je vous dirai ce qu'il advint à deux cordeliers de Niort,
lesquels, pour mal entendre le langage d'un boucher, cuidèrent mourir" (304).
Cette 34ème nouvelle est également placée sous le signe de la parole, de l'oralité puisqu'elle commence
comme un conte : "Il y a un village entre Niort et Fors nommé Gript, lequel est au seigneur de Fors.
Un
jour advint que deux cordeliers venant de Niort …".
On peut tout à fait rapprocher "il y a" de "il était une.
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