Madame GeoffrinLa muse des philosophes.
Publié le 17/05/2020
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1 / 2 Madame Geoffrin
La muse des philosophes
«Cette femme qui, de sa vie, n'avait rien lu ni rien appris qu'à la volée», note
Marmontel à propos de Mme Geoffrin.
Rien ne prédestine en effet Marie
Thérèse Rodet à tenir un des salons
artistiques et mondains
les plus recher
chés de toute l'Europe des lumières.
Née
à Paris en 1699, elle est la fille d'un valet de la dauphine.
Orpheline très jeune, elle est élevée par sa grand-mère et, à l'âge de 14 ans, elle épouse François Geof
frin, un riche administrateur de la manu
facture des glaces de Saint-Gobain, qui
frise la cinquantaine.
Le couple s'installe
dans un hôtel particulier de la rue Saint Honoré.
Une fille naît bientôt, puis un
garçon qui meurt prématurément.
Mme Geoffrin paraît vouée à une
vie bourgeoise et terne mais, aux environs de 1730, la marquise de Tencin, dont le salon est fréquenté par l'élite politique et
intellectuelle, fait sa connaissance et
l'admet à ses réunions.
Douée d'un
esprit
fin, «cultivé par le commerce du monde», Mme Geoffrin se découvre
bientôt une vocation de protectrice des
lettres et des arts.
Les familiers de Mme de Tencin prennent l'habitude de se ren
dre aussi rue Saint-Honoré où se forme,
peu à peu, une société pleine d'esprit,
composée d'hommes de lettres ou de sciences, d'artistes, de nobles en vue et de jolies femmes.
Si son mari ne brille
guère par son esprit, sa fortune permet à
Mme Geoffrin
de recevoir avec munifi
cence et d'aider ses protégés désargen
tés.
Chaque semaine, Mme Geoffrin offre
des dîners.
Le mercredi est le jour des
1699-1777
gens de lettres et des savants.
Fontenel le, Diderot, d'Alembert, d'Holbach, Hel
vétius, Grimm en sont les habitués.
Vol taire y paraît quelquefois.
Boucher, Van
Loo, La Tour, Vernet, Bouchardon,
Souffiot et d'autres artistes sont accueil
lis le lundi.
Mme Geoffrin, qui se sent
flattée par le commerce des grands,
reçoit la noblesse française ou étrangère
le soir.
Elle a beaucoup d'affection pour
Stanislas Poniatowski, futur roi de Polo
gne.
Les étrangers de passage à Paris
croient «n'avoir rien vu de la France
s'ils ne se sont fait présenter chez Mme Geoffrin».
Walpole, Hume deviennent
ainsi ses amis.
Elle correspond avec
Catherine II et le roi de Suède.
Pour répondre aux invitations du roi de Pologne et de l'impératrice d'Autriche, elle traverse l'Europe à l'âge de 67 ans.
Sa réputation est immense; partout, elle est accueillie avec des honneurs extraor
dinaires.
En revanche, elle ne sera
jamais reçue à Versailles.
Mme Geoffrin demeure discrètement
dévote
en dépit de ses amis.
Lorsqu'une
attaque d'apoplexie la frappe en 1776,
sa
fille, la marquise de La Ferté-Im
bault, réussit à la détacher des encyclo
pédistes; elle meurt pieusement l'année
suivante.
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