Madame de Sévigné lettre à M. De Pomponne Analyse linéaire
Publié le 13/04/2024
Extrait du document
«
Madame de Sévigné, Le re à Monsieur de Pomponne
Analyse linéaire
Les Lettres » de Madame de Sévigné (1626-1696) sont publiées pour la première fois
de façon posthume en 1726.
C’est en 1671 que se produisit l’événement qui devait,
d’une certaine façon, décider de la carrière littéraire de l’épistolière : sa fille aînée
Françoise-Marguerite, qu’elle chérissait par-dessus tout, épouse le comte de
Grignan, chef d’une vieille famille provençale, et part le rejoindre dans le Midi.
Cette
séparation fut pour Mme de Sévigné un véritable déchirement, mais fut l’occasion
d’une correspondance célèbre entre la mère et la fille, ininterrompue de 1671 à 1696.
Ce recueil réunit également des lettres adressées à d’autres destinataires.
Les
quelques 764 lettres qui composent cette œuvre représentent un témoignage
savoureux des mœurs de son époque.
Observatrice perspicace, véritable
chroniqueuse de la vie de cour, Mme de Sévigné relate les événements marquants
qui ont eu lieu à Paris.
L’épistolière met en scène, dans la lettre proposée à l’étude, une anecdote illustrant
l’état d’esprit qui règne dans l’entourage de Louis XIV.
Elle est présentée sous la
forme d’un récit et d’un dialogue, pour raconter une petite scène de vie de cour qui
s’apparente au théâtre par la mise en situation, la rapidité de la scène et la tonalité
comique qui la traverse.
L’intérêt majeur de cette lettre réside dans la mise en scène
du roi qui met à l’épreuve la sincérité d’un courtisan.
fille aînée de Madame
En 1671,de
la
On peut
récit
conduit
doncàse
une
demander
réflexioncomment
sur l’hypocrisie.
à partir des caractéristiques du genre épistolaire, le
Mouvements du texte
1.
Une contextualisa on des née à capter l’a en on
2.
L’anecdote promise
3.
La moralité
Probléma que :
Comment l’anecdote relatée par l’épistolière s’inscrit-elle dans la tradi on moraliste classique ?
OU
On peut se demander comment, à par r des caractéris ques du genre épistolaire, le récit conduit à
une réflexion sur l’hypocrisie.
Mouvement 1 : Une contextualisa on des née à capter l’a en on
-
Les indices épistolaires
On peut ici parler de genre épistolaire de type narra f parce que l’on a un récit
adressé à un interlocuteur bien précis
Cet extrait fournit les indices d’une écriture épistolaire
Les indica ons concernant le des nataire (« à Pomponne »)
Le lieu où la le re est écrite (« à Paris ») et la date précise de sa rédac on (« lundi 1er
décembre 1664 ») sont donnés par Madame de Sévigné.
On notera également que la
présence du des nataire apparait sous la forme du pronom personnel « vous » ligne
1 (2 fois) et que la présence de l ’épistolière se manifeste sous les formes du pronom
personnel « je » ligne 1 et la forme tonique de la première personne « moi » (l18).
La
nature des pronoms personnels permet de comprendre le rôle joué par les deux
personnes concernées : le des nataire de Madame de Sévigné, Pomponne, devient
ainsi l’interlocuteur d’un faux dialogue.
MDS rédige ce e le re dans sa majorité du temps au présent de l’indica f ayant ici la
valeur d’un présent d’actualité qui est celui de l’écriture.
Par exemple :
« je vous conte » l.1 ; « Le roi se mêle, l.2 ; « tout le monde trouve que voilà la plus
cruelle… l.
16-17.
-
Avant la contextualisa on proprement dite, contrat passé avec MDP : promesse de
diver ssement.
Urgence et nécessité du récit : « il faut que »
A en on a rée sur dimension plaisante de l’anecdote, avec verbe « conter » et des
procédés hypocoris ques (pe te historie e »), qui disposent favorablement le
des nataire.
Promesse d’un diver ssement avec le verbe « diver r » au futur et charme du vécu
« très vraie ».
-
-
-
Complicité entre l’épistolière et le des nataire établie par le jeu des pronoms.
-
Ce e capta o benevolen ae achevée, Madame de Sévigné apporte les informa ons
nécessaires à la compréhension de l’intrigue, sous la forme d’un résumé concis.
En 2
phrases, nous apprenons que Louis 14 s’est en ché de poésie, qu’il prend des cours,
fait des exercices et ne se trouve pas très doué.
-
Le recours au présent de l’indica f permet à l’auteure de donner un arrière-plan sur
lequel va se déployer l’anecdote.
Rien n’est en trop, madame de Sévigné vise
l’efficacité.
-
On voit aussi qu’elle souligne le fait que le sujet n’est pas très sérieux et qu’on peut en
rire sans risque : « pe t madrigal » « pas trop joli » ( litote pour médiocre).
Tout ceci
ne porte guère à conséquence et confirme la légèreté du propos.
-
Le glissement du présent au passé simple nous rapproche de l’anecdote elle-même.
La contextualisa on est achevée, l’anecdote à proprement parler peut à présent se déployer.
Mouvement 2 : L’anecdote promise
-
-
-
On observe d’emblée le style naturel et simple de l’épistolière.
L’anecdote a une
évidente dimension théâtrale et consiste pour la plus large part en un dialogue
rapporté au discours direct, pour plus de dynamisme et de piquant.
Le des nataire
peut ainsi avoir l’impression d’être immergé dans la scène, de la vivre.
Cela en
renforce l’agrément.
L’épistolière renforce la complicité instaurée avec son des nataire au début de la
le re ; mdp connait la situa on et comprend d’emblée le piège tendu par Louis 14 au
maréchal de Gramont.
Il a tout loisir d’admirer la manipula on mise en œuvre par le
roi.
La manipula on repose sur des mécanismes assez simples :
o La vic me du piège est d’emblée désignée au moyen de l’apostrophe.
Le piège
se refermera ensuite progressivement.
o Avec l’apparence de la politesse (« je vous prie »), il lui rappelle la rela on
sujet/souverain en lui donnant à l’impéra f (« lisez, voyez ») un ordre déguisé
en demande de service.
o Il exprime lui-même un avis dévalorisant sur le « pe t madrigal » (adj
minorant le texte et sa qualité) qu’il qualifie d’ »imper nent » au plus haut
point, grâce à l’adverbe d’intensité « si ».
Imper nent signifie ici qui ne répond pas aux a entes du genre.
Il se plaint de recevoir sans cesse de mauvais textes (« de toutes façons ») à
lire depuis qu’il écrit lui-même des vers.
Gramont peut ici se sen r fla é d’être
mis dans ce e confidence.
-
-
Le cour san est donc manipulé pour exprimer la même opinion que le roi que
personne n’ose contredire et que tout le monde cherche à fla er pour lui plaire.
C’est
l’essence de l’esprit cour san si bien montré par La Bruyère.
Le piège est tendu,
rapporté avec efficacité, et le des nataire en a end les effets, sans doute (comme
nous) en les devinant à l’avance.
La réponse de Gramont est une parfaite illustra on de la comédie sociale jouée par
les cour sans en présence du monarque.
Comme on pouvait....
»
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