Madame de la Fayette
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
MADAME DE LAFAYETTE
1634-1693
A -T-ELLE bien le droit de figurer parmi nos écrivains célèbres cette Marie-Madeleine Pioche de
la Vergne, épouse du comte de Lafayette? Quelques découvertes d'archives ont jeté une si étrange
lumière sur les méthodes de travail qui présidèrent à la rédaction des romans dont aucun ne
portait son nom, que l'on peut se demander dans quelle mesure elle en est réellement l'auteur.
Pour ses premières œuvres, nous avons des témoignages.
La Princesse de Montpensier (166o)
fut «corrigée», au fur et à mesure qu'elle l'écrivait, par Ménage; :(,aide, qui retombe, quoique
postérieure de neuf ans, dans le genre précieux héroïco-sentimental, est une œuvre presque collec
tive :
Mme de Lafayette a remplacé Ménage par Huet auquel se sont joints Segrais - qui signera
ce
roman comme il a signé le précédent - et La Rochefoucauld, son grand ami depuis 1665.
Lorsqu'en 1678, paraît La Princesse de Clèves, Huet et Segrais, son hôte pendant trois ans, ont
quitté Paris (en 1675); mais le roman, en chantier depuis 1672, a pu, au début, profiter encore
de
la même collaboration.
Pourtant c'est avec La Rochefoucauld seul, que Mme de Lafayette
le
termine - ou le refait complètement.
Et le retour, après la romanesque :(,aide, à la simplicité
concise, à
la prédominance de l'analyse psychologique sur l'aventure, la reprise du thème, qui
est, en fait, problème et drame de l'amour dans le mariage, tout ce, enfin, qui faisait la poignante
originalité de La Princesse de Montpensier, nous oblige à reconnaître en Mme de Lafayette, seul
élément permanent de ces diverses « équipes », le véritable auteur.
Elle ne « travailla » vraiment seule cependant, que pour cette Comtesse de Tende que l'on
devait, après sa mort, retrouver dans ses papiers, inédite.
Pour nous, c'est une nouvelle; pour
elle, et pour ses contemporains, s'ils l'avaient lu, ce texte rigoureux et nu ne pouvait être qu'une
esquisse; et peut-être est-ce à son propos qu'elle écrivait à Ménage : « Je ne vous envoie que cette
petite histoire qui ne vaut pas la peine que vous la récriviez.
>>
Nous avons donc la chance de posséder ce bref chef-d'œuvre qui annonce, étrangement,
les Chroniques italiennes de Stendhal, grand admirateur d'ailleurs de Mme de Lafayette.
Or, nous
la découvrons plus proche que lui de notre conception moderne du roman : par ces deux aspects,
d'ordinaire opposés, de son œuvre, la base véritablement sociologique sur laquelle elle l'édifie,
et la structuration poétique qui se révèle être celle de tous ses romans.
Là est l'apport réellement
- mais inconsciemment -
novateur de Mme de Lafayette; là est sa signature.
Beaucoup plus
que dans la primauté donnée par elle à l'analyse psychologique, déjà maniée avec finesse avant
elle.
Ce qui nous saisit et nous retient, à la lecture de ses romans, c'est moins l'innovation que
l'obsession, le harcèlement du même sujet toujours repris - j'ose dire ressassé, en pensant
à l'aspect physique plutôt « hommasse » de celle qui fut, dans sa vie, tout le contraire d'une
rêveuse.
Intrigante, intéressée, femme de tête, voire de chicane, autoritaire à l'égard de ses amis,
elle
ne se montra pas plus tendre pour ses deux fils que pour son mari; celui-ci vivra sur ses terres
222
MADAME DE LAFAYETTE École Française xvu• sièck.
Château dt Chambord.
Photo couleurs Laniepce..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves Le drame de la maîtrise de soi
- l'aveu fiche de lecture - La princesse de Clèves, Madame de La Fayette
- biographie madame de la fayette
- Lecture analytique n°5 : Madame de LA FAYETTE, La Princesse de Clèves La scène du bal
- Difficulté de la condition féminine dans La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette.