LL N° 5 : Candide, Chapitre I, Voltaire, 1759. De « Pangloss enseignait… » à « par conséquent de toute la terre. »
Publié le 30/05/2025
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«
Chapitre III : Rire et savoir
LL N° 5 : Candide, Chapitre I, Voltaire, 1759.
De « Pangloss enseignait… »
à « par conséquent de toute la terre.
»
CHAPITRE
I.
COMMENT CANDIDE FUT ÉLEVÉ DANS UN BEAU CHÂTEAU, ET COMMENT IL FUT CHASSÉ D’ICELUI.
Il y avait en Vestphalie, dans le château de M.
le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune
garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces.
Sa physionomie annonçait son
âme.
Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette
raison qu’on le nommait Candide.
Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il
était fils de la sœur de monsieur le baron et d’un bon et honnête gentilhomme du voisinage,
que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et
onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du temps.
Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie, car son château avait
une porte et des fenêtres.
Sa grande salle même était ornée d’une tapisserie.
Tous les chiens de
ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ;
le vicaire du village était son grand aumônier.
Ils l’appelaient tous Monseigneur, et ils riaient
quand il faisait des contes.
Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait par là une trèsgrande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait
encore plus respectable.
Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur,
fraîche, grasse, appétissante.
Le fils du baron paraissait en tout digne de son père.
[Le
précepteur Pangloss était l’oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec
toute la bonne foi de son âge et de son caractère.
Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie.
Il prouvait admirablement
qu’il n’y a point d’effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château
de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux, et madame la meilleure des baronnes
possibles.
« Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car tout étant fait pour
une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin.
Remarquez bien que les nez ont été faits
pour porter des lunettes ; aussi avons-nous des lunettes.
Les jambes sont visiblement
instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses.
Les pierres ont été formées pour
être taillées et pour en faire des châteaux ; aussi monseigneur a un très-beau château : le plus
grand baron de la province doit être le mieux logé ; et les cochons étant faits pour être
mangés, nous mangeons du porc toute l’année.
Par conséquent, ceux qui ont avancé que tout
est bien ont dit une sottise : il fallait dire que tout est au mieux.
»
Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment : car il trouvait Mlle Cunégonde
extrêmement belle, quoiqu’il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire.
Il concluait qu’après le
bonheur d’être né baron de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d’être Mlle
Cunégonde ; le troisième, de la voir tous les jours ; et le....
»
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