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littérature.

Publié le 08/12/2021

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littérature. n.f., ensemble d'oeuvres écrites, souvent de fiction, dont on estime avant tout
la valeur esthétique. Cette attribution est généralement le fait d'une institution littéraire
(académie, université, critique, maison d'édition).

Une invention récente.
La difficulté à qualifier de littérature des oeuvres appartenant à des cultures différentes de la
nôtre dans le temps ou dans l'espace est manifeste : en des sociétés ordonnées par la
religion, souvent marquées par l'oralité, comment légitimer notre conception de la
littérature sans courir le risque d'appliquer à ces corpus des critères qui leur sont
historiquement étrangers ? Des contes indiens, des hymnes grecs, des récits de bataille
gravés sur les temples d'Égypte ne relèvent pas du même horizon de pensée qu'un roman
de Balzac ou un poème de Breton. Il n'est pas même évident que les tragédies d'un
Sophocle ou les romans d'un Chrétien de Troyes y soient assimilables. La littérature est en
fait une notion d'invention récente : elle est née à la fin du XVIIIe siècle de la nouvelle
division des savoirs où sciences de la nature et belles-lettres divergent, assignées à des
fonctions, des méthodes et des modes d'autorité différents. Jusque-là, le terme de
« littérature » désignait l'érudition dans son ensemble (qu'elle relève des lettres, de la
philosophie ou de la nature). La littérature parut désormais échapper à l'ordre du savoir :
non seulement elle ne revendiqua plus la dimension de savoir ou de vérité (le jugement
esthétique n'est pas un jugement de connaissance et la fiction échappe à la valeur de
vérité), mais encore elle résista à tout savoir qui prétendait la définir.

L'institution de l'auteur.
N'ayant aucune compétence spécifique pour tenir tel ou tel discours spécialisé, l'auteur
littéraire, par la fiction et la maîtrise du langage, affirme pourtant son aptitude à prendre en
charge, à « performer », n'importe quel type de discours : aucun sentiment, aucune
position sociale, aucun savoir ne lui est étranger. D'où lui vient alors ce curieux pouvoir ?
De la reprise de deux anciennes autorités : la mémoire et la musique. Comme dans toute
société traditionnelle (en particulier en raison de la vitalité de l'oral), au Moyen Âge, le
groupe s'organise et se fonde sur la mémoire (instance plus métaphysique que
psychologique, plus collective qu'individuelle) : la mémoire est ce qui assure la juste
distribution des rôles, des discours de chacun, ainsi que les justifications que la société
donne d'elle-même. La figure de l'auteur apparut aux XVe et XVIe siècles, au moment où la
société dans son ensemble commençait à s'organiser à partir du modèle de l'écrit et où la
mémoire perdait sa primauté, en même temps que le sacré n'innervait plus la vie
collective, mais devenait une relation privée et intime. Jusque-là, seul Dieu était un
« auteur ». Le poète usurpa le nom d'auteur dans la mesure où il reprit aussi quelque
chose de l'ancien statut de la mémoire (pour « créer » ou « composer un poème », on dit
encore jusqu'au XVe siècle « recorder », c'est-à-dire se souvenir, faire oeuvre de
mémoire). Parallèlement, il assura aussi le relais avec la musique (instance plus
cosmologique que technique : la musique, proche de la théologie, calcule non seulement
les harmonies sonores, mais surtout l'harmonie des hommes entre eux et du cosmos tout
entier) : de ce point de vue, l'auteur est celui qui sait réunir sous une perspective
harmonieuse (et la notion de perspective est inventée à la même époque en peinture) des
discours de plus en plus fragmentés et hétérogènes. Ce sont non seulement la poésie et
son évidente conception musicale qui en témoignent, mais l'essor même du roman qui
s'avère apte à juxtaposer sans problème de multiples discours.

Littérature, langue et nation.
Nouvel outil de la mémoire, la littérature est supposée rendre immortels ceux dont elle
parle ou qu'elle fait parler : elle prend en charge et traverse non seulement les différents
discours, mais aussi le temps. De là son constant conflit de légitimité avec le discours de
l'histoire. Tous deux participent en fait de la mise en place des diverses idéologies
nationales, mais la littérature plus spécifiquement, dans la mesure où elle s'élabore à partir
de la langue « vulgaire » (c'est-à-dire la langue du peuple, différente du latin, langue
savante et sacrée) et lui octroie ainsi une certaine valeur. Le « classicisme » en France, le
« romantisme » en Allemagne, sont autant de manières de conjuguer origine, voire
originalité nationale, et valeur esthétique. L'« écrivain », nouvelle figure institutionnelle de
l'« auteur » depuis la fin du XVIIe siècle, contribue à l'essor des États-nations.

Littérature de masse et littérature d'élite.

Depuis la fin du XIXe siècle, la littérature s'est en quelque sorte « repliée » sur elle-même.
Mettant à l'épreuve ce qui la constituait, réfléchissant ses modes particuliers de
fonctionnement, son usage du fictif, la façon même dont se décide la valeur esthétique, elle
a tenté de renouer non seulement avec la vie ou les pratiques sociales, mais aussi avec les
anciens pouvoirs métaphysiques dont elle fut longtemps le relais « vulgarisé » : la
puissance de la voix, de la musique, du dire ordonne les oeuvres maîtresses d'un Hugo,
d'un Mallarmé, d'un Joyce, d'un Céline ou d'un Char. En même temps s'est développée la
« littérature de masse ». Assignée à un statut secondaire, souvent dévalorisée par
l'institution littéraire, elle n'en occupe pas moins une position sociale d'importance. Elle
partage en fait avec la « grande littérature » une même position : parties prenantes de la
culture, toutes deux ont affaire au loisir. Non seulement elles occupent nos temps de loisir,
mais elles sont elles-mêmes une mise en oeuvre du « loisir », une instance de « repos »
dans la circulation générale des signes et des discours (tel est ce qui leur donne la
possibilité de mettre en perspective tous les discours sociaux). Toute littérature est oeuvre
de consommation, mais elle est prise dans un curieux paradoxe : participant d'une
économie de marché, elle relève aussi d'une « économie du don » - depuis le don que
« reçoit » un « auteur » de savoir écrire (puisque le talent d'écrire ne s'enseigne pas, tout
au plus sa technique peut-elle se travailler), et le don qu'il fait à ses lecteurs de son oeuvre,
jusqu'à la dépense de temps et d'argent des lecteurs. Ce paradoxe se marque jusque dans
le discours classique des économistes qui en viennent à parler de « labeur improductif ».
Telle est peut-être la plus grande actualité de la littérature aujourd'hui : mettre en oeuvre,
dans une société dite « de consommation », les paradoxes économiques de la
consommation et de la production.
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orale (littérature), page 3597, volume 7

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