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L'INDE AU XXe SIÈCLE

Publié le 16/09/2020

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Région de l'Asie méridionale, qui forme depuis 1947 la république de l'Inde et le Pakistan. La préhistoire indienne demeure encore assez mal connue. C'est dans la vallée de la Soan, affluent de l'Indus, qu'on a retrouvé les plus anciennes traces d'une industrie paléolithique, qui remonterait à - 400 000 ans. Il existe aussi en Inde quelques sites du paléolithique supérieur et de nombreux sites mésolithiques. Alors que, dans le nord de l'Inde, on trouve des sites chalcolithiques (IIe et Ier millénaires), il semble que dans le Deccan, l'âge du fer succéda directement au néolithique, antérieurement à l'arrivée des Aryens. Les fouilles menées à partir de 1921 dans la vallée de l'Indus ont révélé une importante civilisation urbaine protohistorique (vers 2500/1800 av. J.-C.), dont les deux sites principaux sont Harappa (Pendjab) et Mohenjo-Daro (Sindh) ; cette civilisation de l'Indus a eu des rapports étroits avec le monde sumérien et mésopotamien. • De l'occupation aryenne aux Maurya (XVe/IIe s. av. J.-C.) • De l'Inde gréco-bouddhique aux Goupta (IIe s. av./VIIe s. apr. J.-C.) • L'Inde musulmane et le sultanat de Delhi (XIIe s./1526) • L'Inde des Grands Mogols (XVIe/XVIIIe s.) • L'Inde coloniale jusqu'à la grande mutinerie de 1857 • L'apogée de la domination britannique (1857/99) • La conquête de l'indépendance (1900/47) • L'Inde indépendante De l'occupation aryenne aux Maurya (XVe/IIe s. av. J.-C.) À partir de 1500 av. J.-C., et plus tôt peut-être, l'Inde du Nord-Ouest fut envahie par les Aryens, branche de la famille indo-européenne très proche des Mèdes et des Perses d'Iran. Introduisant en Inde le cheval, généralisant les techniques du bronze puis du fer, ils cohabitèrent presque partout avec les populations autochtones et, au fur et à mesure que se précisaient les hiérarchies sociales, posèrent les bases du système des castes, étroitement lié à la religion védique. Les plus anciens monuments de celle-ci, les quatre recueils sacrés des Veda, remontent au milieu du IIe millénaire avant notre ère. Après avoir conquis les bassins de l'Indus et du Gange, les Aryens auraient pénétré dans le nord du Deccan et imposé leurs institutions religieuses et sociales aux populations antérieures, Moundas et Dravidiens, qui conservèrent cependant leurs langues. L'occupation de l'Inde par les Indo-Européens fut probablement suivie par des guerres entre tribus aryennes ; la grande épopée sanskrite, le Mahabharata, dont la composition n'est pas antérieure au IVe s. av. J.-C., nous en a conservé le souvenir. À partir du XIe s. av. J.-C. se développa le mouvement de spéculation postvédique qui, par les Brahmana (XIe/VIIe s.) et les Upanishad (VIIIe/IVe s.), constitua les thèmes essentiels de la pensée indienne jusqu'à nos jours. Une pensée mystique moniste se subsista au ritualisme védique primitif des brahmanes dont la caste connut un effacement relatif au profit de celle des guerriers (kshatriya). Plus radicale encore, au VIe s. av. J.-C., fut la réaction des deux grands réformateurs indiens, le Bouddha Çakyamuni (* 560, †  461), fondateur du bouddhisme (v.), et le prince Vardhamana, dit le Sina (le « Victorieux ») (* 540, †  468 ou 447), fondateur du jaïnisme (v.). Enfin, le brahmanisme traditionnel, en partie pour répondre au succès populaire du bouddhisme et du jaïnisme, commença vers cette époque à intégrer des éléments religieux indigènes : les dieux védiques s'effaçant, la piété se concentra sur les figures de Vishnou et de Çiva, qui devaient continuer à présider au développement historique de l'hindouisme (v. HINDOUISME). 000200000DB800000DFA DB2,À partir du VIe s., l'Inde entra en contact avec de nouveaux envahisseurs indo-européens venus du N.-O. : d'abord les Perses achéménides (expédition de Darius Ier dans le Gandhara et le bas Indus, vers 512), puis Alexandre le Grand, qui, ayant conquis l'Empire perse, franchit l'Indus au printemps de 326, vainquit le roi Poros (Paurava ?), mais dut se retirer dès l'année suivante sans que son passage eût établi des relations durables entre l'Inde et l'Occident. Chandragoupta, fondateur vers 321, à Patalipoutra (Patna), de la dynastie Maurya, constitua entre le Gange et l'Indus un vaste empire assez puissant pour repousser l'expédition menée par Séleucos Ier. Au IIIe s. av. J.-C., par la conquête du Kalinga, Açoka étendit profondément la domination des Maurya sur le Deccan, où ne restèrent indépendants que les royaumes tamouls du S. de la péninsule. Bouddhiste fervent, Açoka s'efforça de répandre le bouddhisme en direction de Ceylan, de la Birmanie, peut-être même de la Chine et de l'Occident. Mais son empire se morcela peu après sa mort. De l'Inde gréco-bouddhique aux Goupta (IIe s. av./VIIe s. apr. J.-C.) Après l'assassinat du dernier Maurya (vers 185 av. J.-C.), l'Inde orientale, c'est-à-dire l'État du Magadha, dans le bassin du Gange, fut gouvernée par les dynasties locales des Sounga (vers 185/73) et des Kanva (vers 73/25 av. J.-C.). À la faveur de la dislocation de l'Empire maurya, les Grecs reparurent dans l'Inde du Nord-Ouest. Le souverain grec de Bactriane, Démétrios (vers 189/166 av. J.-C.), soumit la région de Kaboul et le Gandhara, puis, avec ses lieutenants, Apollodore et Ménandre, il conquit le Pendjab et le Sindh. Ménandre régna ensuite sur le Pendjab (vers 166/145 av. J.-C.) : son intérêt pour la pensée indienne fut partagé par presque tous les souverains grecs de l'Inde du Nord-Ouest et prépara l'épanouissement de l'art gréco-bouddhique du Gandhara. Mais, aux environs de l'ère chrétienne, les royaumes grecs de l'Inde furent bousculés par l'invasion des Scythes, nomades indo-européens descendus de la Haute-Asie, qui s'établirent dans la vallée de l'Oxus dès 128 av. J.-C. et fondèrent la dynastie impériale des Kouchans, qui régna aux premiers siècles de notre ère sur le Gandhara, le Pendjab et la région de Mathoura, au S. de l'Indus. Ces princes indo-scythes subirent profondément l'influence de l'hellénisme, et le plus grand d'entre eux, Kanishka (v.) (120/162 ?), se fit un ardent prosélyte du bouddhisme du Grand Véhicule dont il prépara l'expansion missionnaire vers l'Asie orientale et la Chine. À la même époque, dans le Deccan, florissait le puissant État des Andhra, dont le centre spirituel et artistique se trouvait à Amaravati, à l'embouchure de la Krishna (école de sculpture bouddhique d'Amaravati, IIe/IVe s. de notre ère). Au déclin des Kouchans, durant le IIIe s., succéda à partir de 320 l'essor brillant de la dynastie des Goupta, qui, depuis le Magadha, constitua un vaste empire indien s'étendant de l'embouchure du Gange à l'embouchure de l'Indus en englobant le Malva, le Gujerat et la presqu'île du Kathiawar. Les principaux souverains de cette dynastie furent le fondateur, Chandragoupta Ier (vers 320/35), Samoudragoupta (vers 335/75), Chandragoupta II (vers 375/414), Koumaragoupta (414/55) et Skandagoupta (455/70). L'époque des Goupta constitua l'âge d'or de la civilisation indienne illustrée par une abondante littérature sanskrite, les développements idéalistes de la philosophie bouddhique et une très riche sculpture.  Vers le milieu du VIe s., les Huns Hephthalites venus de l'Asie centrale envahirent l'Inde du Nord et contraignirent les Goupta à se replier sur le Magadha, berceau de leur dynastie. Des principautés belliqueuses se formèrent ; celle de Thanesvar, au N. de Delhi, dépassa toutes les autres sous le règne de Harsha (v.) (606/47), qui reconstitua un empire analogue à celui des Goupta et établit sa capitale à Kanauj. Il montra, comme les Goupta, une grande tolérance religieuse, encouragea particulièrement le bouddhisme. Après la mort de Harsha, le Nord tomba alors - pour plusieurs siècles - dans l'émiettement féodal et le centre de la civilisation indienne se déplaça vers le Deccan. Les VIIe et VIIIe s. furent marqués par une énergique renaissance brahmaniste qui élimina presque entièrement le bouddhisme de l'Inde, sauf à Ceylan et dans l'Himalaya ; le brahmanisme s'épanouit alors aussi bien dans les grandes religions populaires, vishnouite et çivaïte, que dans les écoles philosophiques, dont la plus importante fut celle du Védanta (Çankara, * vers 788, †  850 ; Ramanoudja, * vers 1050, †  1137). C'est également dans le Deccan qu'on retrouve les édifices les plus exemplaires de l'art indien classique (temples rupestres d'Ajanta, d'Ellora et d'Éléphanta ; temples de l'Orissa). L'Inde musulmane et le sultanat de Delhi (XIIe s./1526) Aux Xe/XIIe s., l'Inde était morcelée en un grand nombre de royaumes dont les plus importants furent, au N., ceux des dynasties des Pala (fin VIIIe/XIIe s.) et des Séna (XIIe s.), en Inde centrale ceux des Pratihara (Xe s.) et des Chandella (XIe s.), au S. ceux des Pallava et des Chola. Malgré cet émiettement politique, l'Inde résista pendant trois siècles à la pénétration de l'islam, bien que les Arabes se fussent emparés du Sindh dès 712/13. Les premières incursions musulmanes marquantes furent celles des Turcs venus des régions afghanes : Mahmoud de Ghazni (†  1030) s'établit solidement dans le Pendjab, détruisit le royaume de Thanesvar (1014), abattit la dynastie des Pratihara (1018), pilla Gwalior (1021/22) et poussa jusqu'au Kathiawar (destruction du temple et massacre de Somnath, 1026). Au siècle suivant, le chef irano-afghan Mohammed de Ghor (†  1206), après avoir enlevé le Pendjab aux Ghaznévides, réussit à triompher de l'héroïque résistance de Prithvi Raj, roi d'Ajmer et de Delhi, vaincu à la bataille de Taraori (1192). Il conquit tout le bassin du Gange et fonda le sultanat de Delhi, qu'un de ses lieutenants, Iltoutmich (1210/35), pourvut d'institutions durables. Sous le règne de la dynastie afghane des Khalji, et surtout avec Ala ed-Din (1296/1316), le sultanat de Delhi annexa la majeure partie du Deccan, englobant ainsi la plus grande partie de l'Inde historique, à l'exception de l'extrême Sud, où se maintenaient les royaumes tamouls. Mais la tentative unitaire des sultans de Delhi ne fut pas plus durable que les précédentes : c'est une constante de l'histoire indienne que le passage de l'empire à la dispersion provinciale. L'invasion de Tamerlan (1398/99) affaiblit considérablement le sultanat de Delhi, déjà miné par la rivalité des gouverneurs provinciaux musulmans prétendant à l'indépendance.  Au XVe s., l'Inde n'est plus qu'une mosaïque d'États musulmans et hindous en lutte continuelle. La domination de l'islam se maintint mais l'Inde n'assimila pas la civilisation musulmane et conserva ses langues, ses coutumes, ses religions ; dans l'art comme dans la pensée religieuse s'ébaucha la synthèse des deux cultures. Un syncrétisme mêlant islam et hindouisme se manifesta dès le XVe s. chez le poète mystique Kabir et chez son émule Nanak, fondateur de la secte des sikhs. Le théisme musulman contribua également à l'évolution du panthéisme hindou vers une mystique affective centrée sur un dieu personnel (bhakti, krishnaïsme). Les royaumes musulmans du Bengale (capitale Gaour), du Jaunpour (sur le Gange moyen), du Malva (entre Delhi et Bombay) et du Gujerat furent les États les plus importants à la fin du Moyen Âge. Au Rajpoutana, la résistance hindoue à l'islamisation restait très vive ; elle fut incarnée surtout par Rana Khoumba (1433/68), souverain de l'État de Mevar. Le Deccan était partagé en deux grands royaumes, celui de Bahmani (capitales Goulbarga, puis Bidar), musulman, et, au S., l'État hindou de Vijaynagar, illustré par des grands souverains tels que Déva Raya (1419/49) et Krishna Déva Raya. Cette époque vit s'épanouir une vie de société particulièrement brillante et une activité artistique intense dans lesquelles se reflétait, en dépit du morcellement politique, la richesse économique du pays. C'est l'Inde aux fêtes et aux trésors fabuleux que découvrirent les Portugais de Vasco de Gama, abordant à Calicut le 20 mai 1498. Mettant à profit l'antagonisme entre Turcs et Indiens musulmans, les Portugais s'installèrent ensuite à Cochin (1500), Goa (1510), Colombo (Ceylan, 1517), Bombay (1534), Diu (1535), où ils établirent des comptoirs. L'Inde des Grands Mogols (XVIe/XVIIIe s.) La division politique rendait l'Inde vulnérable, non seulement à la convoitise des colonisateurs occidentaux, mais aussi à celles des conquérants nomades descendus de la Haute-Asie. Chassé de Samarkand par les Ouzbeks, un descendant de Tamerlan et de Gengis Khan, Baber, était venu vers 1520 s'installer dans la région de Kaboul ; puis, franchissant l'Indus, il remporta la victoire de Panipat (21 avr. 1526), qui lui livra le sultanat de Delhi. Après une nouvelle victoire à Khanoua (16 mars 1527), il disloqua la coalition rajpoute et s'étendit vers l'E. jusqu'au Bengale. Son petit-fils, Akbar (1556/1605), établit définitivement l'Empire timouride de l'Inde, dit empire des Grands Mogols, qu'il étendit sur toute l'Inde septentrionale et centrale, du Bengale au Béloutchistan, du Cachemire au cœur du Deccan, de l'Oudh et du Bihar au Gujerat. Homme de guerre, Akbar fut aussi un grand administrateur. À la tyrannie brutale de l'ancien sultanat de Delhi, il substitua une politique de tolérance et de libéralisme qui favorisa la réconciliation des musulmans et des hindous : en épousant une princesse rajpoute (1562) il donna à ses guerriers le même exemple qu'autrefois Alexandre. L'empire des Grands Mogols atteignit son apogée au XVIIe s. sous les règnes de Jahangir (1605/28) et de Chah Jahan (1628/58) : traditions hindoues et influences persanes se mêlèrent alors pour donner naissance à de somptueux édifices tels le Taj Mahal d'Agra (1632/48), le palais impérial de Delhi (1638), les grandes mosquées d'Agra (1644) et de Delhi (1648). Mais l'équilibre fut rompu par le règne d'Aurengzeb (1658/1707), qui, après avoir remporté des succès éphémères (annexion des sultanats chiites de Bijapour, 1686, et de Golconde, 1687), suscita de nombreuses révoltes hindoues, notamment au pays marathe. Les querelles de succession qui suivirent la mort d'Aurengzeb précipitèrent le déclin de l'Empire mogol. Une fois de plus, l'Inde retournait au morcellement : alors que se constituaient les royaumes musulmans du Bengale, de l'Oudh, et, dans le Deccan, du nizam d'Hyderabad, les Marathes, montagnards hindous de la région de Bombay, formaient en Inde occidentale et centrale des royaumes étendus. En un siècle à peine, l'Empire mogol fut réduit à un petit territoire autour de Delhi.  L'Inde coloniale jusqu'à la grande mutinerie de 1857 Jusqu'au milieu du XVIIIe s., la présence européenne en Inde influença fort peu l'histoire indienne. L'échec de l'évangélisation forcée et la rivalité hollandaise avaient empêché l'expansion de l'impérialisme portugais. Les Hollandais, apparus en Inde au début du XVIIe s., fondèrent des comptoirs à Masulipatam, sur la côte orientale, et surtout à Ceylan. La Compagnie anglaise des Indes orientales fut fondée en 1600, mais les Anglais se contentèrent longtemps d'une activité purement commerciale dans leurs comptoirs : Masulipatam (1611), Madras (1640), Bombay (1661), Calcutta (1690) (v. INDES ORIENTALES, Compagnie anglaise des) ; de même, les Français, qui, après la fondation de la Compagnie des Indes orientales par Colbert (1664), s'établirent à Pondichéry (1673), à Masulipatam, Mahé, Yanaon, Calicut (entre 1721 et 1723) et à Karikal (1738). L'insécurité résultant de la décadence de l'Empire mogol et la répercussion en Asie des luttes franco-anglaises en Europe provoquèrent l'intervention européenne dans les affaires intérieures indiennes. Dupleix, gouverneur de Pondichéry et directeur général des comptoirs français de l'Inde à partir de 1742, fut sans doute le premier qui ait eu l'idée de fonder en Inde un empire européen : profitant d'une querelle de succession survenue à la mort du nizam d'Hyderabad (1748), il établit une brève hégémonie française dans le Deccan (1748/54), mais se heurta aux Anglais, qui imposèrent leur protégé, Mohammed Ali, comme nabab du Carnatic. Vaincu par les Anglais à Trichinopoli (1752) et incompris en France, Dupleix fut rappelé en 1754. La guerre de Sept Ans acheva de ruiner l'Empire français de l'Inde : après son échec devant Madras (1758), Lally-Tollendal fut battu par Eyre Coote à Wandiwash (22 janv. 1760) et dut capituler à Pondichéry (janv. 1761). Le traité de Paris (1763) ne laissa à la France que les cinq comptoirs de Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon et Chandernagor. La grande victoire de Plassey remporté par Clive sur le nabab du Bengale (23 juin 1757) permit à la Compagnie britannique, tout en laissant au nabab une autorité nominale, de se faire attribuer le diwani, c'est-à-dire l'administration financière du Bengale. Mais Clive ne fut pas mieux compris de ses compatriotes que Dupleix ne l'avait été en France : l'Angleterre encore très mercantile du XVIIIe s. se souciait seulement de commerce. La conquête, la prise en main de l'administration étaient jugées trop onéreuses, d'autant plus que gaspillages et concussions mettaient la Compagnie dans une situation difficile et la forçaient à recourir à l'aide du gouvernement. Désavoué et rappelé en 1767, Clive devait finir par se suicider. On décida de nommer un gouverneur général, et le premier titulaire de ce poste fut Warren Hastings (1772/85). Menacés par les Marathes, qui se posaient en successeurs des Mogols, et par le Mysore, dont les souverains musulmans, Haïder Ali et Tipou Sultan, recevaient l'aide des Français, les Anglais se trouvaient dans une position difficile, au moment même où ils devaient mener la guerre contre les colonies américaines, alliées de la France. Warren Hastings réussit à redresser la situation en réformant les finances, en imposant aux Marathes le traité de Salbai (1782), et la paix de Versailles priva Tipou Sultan, le plus redoutable adversaire des Anglais, de l'appui de la France. Malgré son succès, Hastings fut lui aussi totalement incompris en Angleterre, où on lui fit un procès retentissant. L'India Act de Pitt (1784) renforça encore le contrôle du cabinet de Londres sur la Compagnie.  La domination anglaise se trouva de nouveau remise en question par les victoires européennes de la Révolution française. L'expédition de Bonaparte en Égypte (1798) esquissait une menace française vers les Indes. Pitt venait d'envoyer aux Indes Lord Welle-sley (1798/1805), dont le gouvernement inaugura l'ère de la conquête. Employant les armes, l'intimidation ou la diplomatie, Wellesley imposa le protectorat britannique au sultan du Mysore (prise de Seringapatam et mort de Tipou Sultan, mai 1799), au nizam d'Hyderabad (1800), à l'Oudh (1801), au Grand Mogol et commença le démembrement de l'empire des Marathes (première guerre marathe, 1802/03). En 1805, l'Inde britannique s'étendait déjà sur tout le Bengale, la vallée du Gange et la plus grande partie de la côte orientale et de l'O. du Deccan. Mais les conquêtes de Wellesley avaient coûté fort cher ; accusé de mauvaise gestion, de gaspillages, d'illégalité, le gouverneur fut rappelé par la Compagnie, qui se trouvait au bord de la ruine. Cependant, l'œuvre d'unification se poursuivit. Dans le Deccan, Lord Hastings (1813/23) extermina les grandes compagnies de brigands Pindari (1818), anéantit définitivement la puissance des Marathes (1819) et étendit pacifiquement le protectorat britannique sur les principautés rajpoutes. La guerre contre les Gurkhas du Népal (1814/16) permit aux Anglais d'occuper le Kumaon et se termina par un traité d'alliance avec le Népal. À l'E., Lord Amherst (1823/28) entreprit une première guerre contre la Birmanie, qui dut céder l'Assam, l'Arakan et le Tenasserim (traité de Yandabo, 1826). La seule puissance redoutable que l'Angleterre trouvait encore en face d'elle en Inde était celle des sikhs (v.). Vers 1840, le grand problème, pour l'Angleterre, était d'assurer la frontière du N.-O., voie traditionnelle des invasions. La rivalité anglo-russe provoqua la première guerre afghane (1839/42), qui fut un échec. Jusqu'alors, les interventions anglaises en Inde avaient été plus ou moins justifiées par des raisons défensives et par la nécessité d'imposer la paix entre les États princiers. L'époque victorienne (1837/1901) vit le passage à une politique impérialiste qui ne s'encombra plus de justifications. Après l'annexion du Sindh par Napier (1843), le Pendjab tout entier passa aux mains des Anglais au terme des deux guerres sikhes (1845/46, 1848/49). Sous le gouvernement de Lord Dalhousie (1848/56), la deuxième guerre anglo-birmane aboutit à l'annexion de la Basse-Birmanie (1852). Furent également annexés de nombreux États princiers, entre autres l'Oudh (1856) et le Sikkim. La construction des premiers chemins de fer (1853), la création de la poste et du télégraphe (1853/54), la fondation des universités de Madras, Bombay et Calcutta, l'autorisation donnée aux veuves de se remarier (1856) soulevèrent l'opposition des milieux traditionalistes. Ces facteurs furent à l'origine de la plus grave crise qu'ait eu à connaître la domination britannique en Inde, la Grande Mutinerie ou révolte des Cipayes (v.) de 1857. Cependant, l'autorité britannique fut partout rétablie (même en Inde centrale, où Nana Sahib prolongea avec acharnement la résistance).  L'apogée de la domination britannique (1857/99) La révolte des Cipayes fut suivie d'une réorganisation administrative et le régime colonial prit alors ses traits définitifs. Le dernier Grand Mogol, Bahadour Chah, que les mutins avaient acclamé comme empereur, fut jugé et condamné à l'exil. La Compagnie des Indes fut supprimée (1858) et l'autorité passa entièrement à la Couronne. Un secrétaire d'État pour l'Inde, assisté d'un conseil d'experts fut nommé à Londres. En Inde, le gouverneur général devint vice-roi ; les deux plus grands furent Lord Mayo (1869/72) et Lord Ripon (1880/84). L'administration britannique était représentée par l'Indian Civil Service. Le développement extrêmement rapide des chemins de fer, à partir de 1860, accéléra les mutations économiques ; l'essor de la grande agriculture d'exportation (céréales, jute, arachides, thé, caoutchouc) ruina l'ancienne agriculture villageoise (d'où une vague d'émigration vers l'Afrique du Sud et l'Océanie). Lord Ripon favorisa l'association des Indiens à l'administration de leur pays : il abrogea la loi prise en 1878 par son prédécesseur, Lord Lytton, qui avait pratiquement supprimé la liberté de la presse en langues indiennes ; en 1882, il organisa les gouvernements locaux, et la loi Ilbert de 1883 donna même aux juges indiens des cours criminelles le droit de juger les Européens. Les violentes protestations des Britanniques du Bengale et du Bihar obligèrent Ripon à reculer. L'armée, enfin, avait été complètement réorganisée après la révolte des Cipayes ; elle devint une force impériale, sous l'autorité directe de la Couronne, au sein de l'armée britannique. À l'extérieur, cette période fut dominée par la rivalité anglo-russe en Asie centrale : après la seconde guerre afghane (1878/80), Gladstone évita un conflit direct entre l'Angleterre et la Russie en 1885. L'agrément du Pamir (1895) établit le protectorat britannique sur l'Afghanistan. À l'E., la Birmanie fut complètement annexée en 1886. L'établissement définitif de la domination britannique sur le vaste espace indien avait déjà été symbolisé par le titre d'« impératrice des Indes » que Disraeli fit attribuer à la reine Victoria le 1er janv. 1877. La conquête de l'indépendance (1900/47) Le nationalisme indien fut en grande partie une création des Britanniques. L'administration anglaise avait réussi une œuvre que n'avaient pu accomplir ni les Grands Mogols ni les empires plus anciens : l'unification politique de l'Inde. Elle imposa à tous un même système judiciaire et des lois identiques (Code pénal, 1860 ; Code de procédure civile et criminelle, 1861). La centralisation, les communications plus rapides, la diffusion de la langue anglaise rapprochèrent les divers peuples indiens, jusqu'alors séparés. L'éducation occidentale, dispensée dans les universités, fit connaître aux intellectuels de l'Inde les principes du parlementarisme britannique, du libéralisme et du nationalisme européens. Ce furent encore des érudits anglais qui, les premiers, se penchèrent sur les anciennes écritures hindoues. L'agitation politique ne mit que très tardivement en cause la domination britannique elle-même : elle revendiqua d'abord une plus large participation des Indiens à l'administration et au gouvernement. L'organe de cette prise de conscience politique fut le Congrès, mouvement politique né à Bombay en 1885. Le Congrès adopta d'abord une attitude parfaitement loyaliste à l'égard des Anglais ; cependant, dès la fin du XIXe s., une tendance nationaliste radicale s'affirma autour d'un journaliste virulent, Tilak, qui prêchait le recours au terrorisme et qui fut d'ailleurs exclu du Congrès.  La crise éclata quand Lord Curzon, vice-roi de 1899 à 1905, proposa la partition du Bengale (1905) ; cette imprudence souleva une opposition considérable. Au Congrès de 1906, les radicaux l'emportèrent et firent adopter la revendication du svaraj, c'est-à-dire de l'autonomie interne de l'Inde. Avant la Première Guerre mondiale, une vague de terrorisme antibritannique éclata dans plusieurs régions de l'Inde. Cependant, à l'exception de quelques extrémistes, l'Inde manifesta un parfait loyalisme à l'égard de l'Angleterre de 1914 à 1918 : 1 300 000 Indiens combattirent vaillamment en Flandre et au Proche-Orient ; plus de 100 000 d'entre eux trouvèrent la mort. Aussi beaucoup d'Indiens espéraient-ils que l'Angleterre, à la fin des hostilités, accorderait l'autonomie interne à l'Inde. Le Congrès - dont l'un des principaux animateurs était désormais Gandhi, arrivé d'Afrique du Sud -, se rapprocha de la Ligue musulmane, qui avait été fondée dès 1906 : hindous et musulmans conclurent le pacte de Lucknow (nov. 1916). En août 1917, Montagu, secrétaire d'État pour l'Inde, promit une participation accrue des Indiens au gouvernement local afin d'instituer le plus rapidement possible un gouvernement indien autonome au sein de l'Empire britannique. Les modérés du Congrès formèrent, en 1918, la Fédération nationale libérale et se déclarèrent prêts à coopérer avec la politique de réformes. Mais en 1919, à la suite de grèves et de manifestations révolutionnaires, les autorités anglaises firent brusquement machine arrière et promulguèrent des mesures d'exception (lois Rowlatt, 18 mars 1919). Gandhi répliqua en appelant les Indiens à observer l'hartal, c'est-à-dire la suspension de toute activité pendant un jour. Une manifestation de protestataires non violents fut brisée par le général Dyer, qui provoqua le massacre d'Amritsar en ordonnant à ses soldats gurkhas de tirer sur la foule, ce qui fit 379 victimes (13 avr. 1919). Cet incident, dont la portée ne fut pas comprise par les observateurs européens de l'époque, provoqua une rupture irréparable entre les Britanniques et les nationalistes indiens. Le Congrès relança, en 1920, la campagne du svaraj et adopta des méthodes d'action non violente comportant la non-coopération (abstention dans les Assemblées législatives, refus des tribunaux et des écoles britanniques) et le boycottage des produits anglais. Gandhi s'efforça de rapprocher hindous et musulmans en apportant son appui au mouvement du Califat, lancé par les musulmans pour protester contre le traitement du sultan ottoman par les Alliés. La campagne de protestation ayant dégénéré en violences, Gandhi en ordonna la cessation (févr. 1922) ; il fut néanmoins arrêté et condamné à six ans de prison (mais libéré dès 1924). Il s'efforça ensuite de mener de front la rénovation politique, morale et spirituelle du peuple indien. Mais à côté du mouvement de Gandhi s'affirmaient des tendances plus radicales, celle de la gauche du Congrès, conduite par Nehru et par Subhas Chandra Bose, et celle du parti communiste indien, fondé en 1924. À la suite d'une grande vague de grèves, les Anglais durent accorder aux Indiens la plénitude du droit syndical. Dès la fin des années 1920, la revendication de l'indépendance absolue, et non plus seulement de l'autonomie interne, était passée au premier plan des revendications nationalistes. Une nouvelle campagne de désobéissance, axée sur le boycottage du sel vendu par les Britanniques, fut marquée par la spectaculaire « marche à la mer » de Gandhi (mars/avr. 1930), cependant que des attentats terroristes se multipliaient dans toute l'Inde. En janv. 1932, les autorités britanniques tentèrent un coup de force en déclarant le Congrès illégal et en arrêtant une fois de plus Gandhi. Alors que se développait, dans les années 1932/34, un mouvement de désobéissance civile d'une ampleur sans précédent, Gandhi, dans sa prison, s'astreignait à des jeûnes qui contribuaient à gagner à la cause indienne des sympathies dans le monde entier.  Le Congrès prit une orientation plus nettement politique et sociale en se transformant en un « parti socialiste du Congrès panindien » (oct. 1934), auquel Gandhi refusa de se joindre. N'ayant pu éliminer le Congrès ni briser le mouvement de désobéissance civile, Londres, par le Government of India Act du 2 août 1935, octroya à l'Inde un statut très libéral : l'Inde, de laquelle étaient désormais séparés la Birmanie et Aden, devenait une fédération de onze provinces possédant chacune un gouvernement provincial autonome et des Assemblées élues au suffrage censitaire. Le Congrès remporta largement les élections provinciales de 1937, mais le nouveau système exacerba les relations entre hindous et musulmans, ceux-ci se voyant submergés par la masse électorale hindoue. Chandra Bose, chef de la tendance la plus radicale, fut élu président du Congrès en 1938. La Seconde Guerre mondiale commença en Inde dans un climat tout à fait différent de celui de 1914/18. Les troupes indiennes furent largement engagées dans le conflit (plus de 2 millions de volontaires entre 1939 et 1945), mais le Congrès refusa de coopérer avec les Anglais sans avoir obtenu un engagement ferme d'indépendance complète. Dès 1940, Gandhi lança une nouvelle campagne de désobéissance civile, et la situation politique s'aggrava encore après l'entrée en guerre du Japon (déc. 1941) et l'arrivée des armées du Soleil-Levant en Birmanie, aux portes de l'Inde. Dès 1941, l'ancien président du Congrès, Chandra Bose, avait réussi à gagner Berlin, et il fonda dans les territoires occupés par les Japonais un « gouvernement de l'Inde libre » et même une « Armée nationale indienne », recrutée parmi les prisonniers. Bien qu'opposés par antifascisme à l'Allemagne hitlérienne et au Japon, les autres dirigeants du Congrès refusèrent les propositions du médiateur sir Stafford Cripps, et, en août 1942, à l'heure où les Alliés se trouvaient dans la situation la plus critique, ils déclenchèrent la campagne Quit India dans le dessein d'empêcher, par une action non violente, la participation indienne à la guerre. Gandhi, Nehru et d'autres dirigeants hindous et musulmans furent alors emprisonnés pendant quelques mois. En 1945, le nouveau gouvernement travailliste anglais montra clairement sa résolution de régler au plus vite et définitivement le problème indien. Aussi bien, le conflit entre Anglais et nationalistes indiens était-il relégué au second plan par l'antagonisme de plus en plus virulent entre hindous et musulmans, les premiers souhaitant maintenir l'unité de l'ancien empire des Indes grâce à un gouvernement comprenant des représentants des deux religions, alors que les musulmans, sous la conduite de Jinnah, exigeaient la création d'un État musulman séparé, le Pakistan. Problème d'autant plus complexe qu'hindous et musulmans n'étaient pas implantés géographiquement dans des régions nettement tranchées, qu'un groupe très important de musulmans vivaient au Bengale, à près de 2 000 km de leurs coreligionnaires du Pendjab, et qu'enfin des États princiers à population en majorité musulmane avaient des souverains hindous, ou inversement ; enfin se posait la question des sikhs, qui ne voulaient être ni sous domination musulmane ni sous domination hindoue. Dès 1946, des heurts sanglants opposèrent hindous et musulmans, et l'Assemblée constituante, réunie en déc. 1946, fut boycottée par la Ligue musulmane. Cependant, le gouvernement britannique précipitait le processus de l'indépendance et nommait vice-roi des Indes Lord Mountbatten (févr. 1947). L'Indian Independence Bill, voté par le Parlement britannique en juill., entra en vigueur le 15 août 1947. L'Inde était partagée en deux États indépendants, qui recevaient le statut de dominion au sein du Commonwealth britannique, mais dont les frontières, au Pendjab et au Bengale, restaient à fixer. Ces deux États étaient le Pakistan et l'Inde ou Bharat, du nom du célèbre clan aryen chanté par l'épopée du Mahabharata.  L'Inde indépendante Le partage de l'ancien empire des Indes provoqua des massacres et des transferts massifs de populations. Entre 1947 et 1950, 7 millions et demi de musulmans fuirent l'Inde vers le Pakistan, tandis que 10 millions d'hindous et de sikhs se réfugiaient en Inde ; la plupart de ces personnes déplacées connurent longtemps un sort lamentable. En de nombreuses régions, hindous et musulmans s'entre-tuèrent, et l'on estime à quelque 400 000 morts le bilan du seul été 1947. Gandhi, qui s'était désespérément efforcé d'empêcher la cassure de l'Inde en deux nations ennemies, fut assassiné par un fanatique hindou (30 janv. 1948). Dès le début de l'indépendance, la conduite du nouvel État indien appartint à Jawaharlal Nehru, qui, s'appuyant sur le parti du Congrès, resta Premier ministre jusqu'à sa mort, en 1964. Il s'agissait d'abord d'intégrer les États princiers (plus de 560 en 1947). La plupart acceptèrent de bon gré et les anciens souverains se virent allouer en compensation une confortable liste civile. Cependant, le gouvernement indien recourut à la force pour intégrer le Junagadh (oct. 1947) et l'Hyderabad (sept. 1948). Le problème du Cachemire (v.), état princier à majorité musulmane mais à souverain hindou, déclencha la première guerre indo-pakistanaise (déc. 1947/janv. 1949) : les troupes indiennes occupèrent une partie du territoire cachemirien, et, malgré les injonctions du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Inde se refusa à tout plébiscite dans cette région. Le découpage des provinces provoqua aussi de nombreuses tensions, en raison des diversités raciales et linguistiques : la réorganisation en quatorze États provinciaux, décidée en 1956, fit disparaître l'Hyderabad, créa les nouveaux États linguistiques du Kerala, du Mysore (auj. Karnataka), de Madras (auj. Tamil Nadu), de l'Andhra Pradesh, mais donna lieu par la suite à plusieurs modifications (division de l'État de Bombay en deux régions linguistiques, 1960 ; création d'un État sikh du Pendjab, 1966). Le problème de la langue officielle fut également difficile à résoudre dans un pays où l'on comptait, au début des années 1960, plus de 800 langues et dialectes importants. Pour éliminer l'anglais, langue des colonisateurs, le gouvernement indien imposa le hindi comme langue officielle (1965), ce qui souleva de telles protestations dans les États d'expression non hindie - en particulier chez les Tamouls - qu'il fallut, dès 1968, refaire une place à l'anglais, à côté du hindi. En nov. 1949, les travaux de l'Assemblée constituante aboutirent au vote d'une Constitution qui faisait de l'Inde une république fédérale. Tout en restant membre du Commonwealth, l'Inde devint officiellement une république le 26 janv. 1950. Le gouvernement central avait des attributions exclusives dans les domaines diplomatique, militaire, monétaire, nucléaire, financier et fiscal. Les États provinciaux réglaient leurs propres affaires dans les domaines de l'agriculture, de l'élevage, des forêts, du droit foncier et de l'instruction publique. La planification, la législation industrielle et commerciale, les prix, la législation syndicale étaient décidés conjointement par le gouvernement central et les États. Le Premier ministre détenait la réalité du pouvoir exécutif. Le pouvoir législatif, composé d'un Conseil des États (élu par les Assemblées des États) et d'une Chambre du peuple (élue au suffrage universel), avait l'initiative des lois, votait le budget et assurait le contrôle de l'exécutif. La Constitution de 1949 faisait de l'Inde un État très démocratique mais bouleversait les structures traditionnelles de la société indienne : le principe de l'égalité et celui de la fraternité entraînaient l'abolition de l'intouchabilité contre laquelle Gandhi avait lutté. En fait, cette transformation demeura largement théorique.  Dans le domaine économique et social, Nehru, favorable aux idées socialistes, dut cependant composer avec les tendances conservatrices d'une fraction importante du Congrès, et sa fille, Indira Gandhi, se trouva par la suite affrontée aux mêmes résistances. L'hégémonie du parti du Congrès assurait la stabilité politique du gouvernement central, mais elle n'était acquise qu'au prix d'un rassemblement hétéroclite de tendances qui freinait ou empêchait toute réforme structurelle profonde. La production industrielle tripla entre 1950/51 et 1970/71, ce qui permit à l'Inde de se donner les bases d'une industrie. Mais la croissance économique indienne restait entravée par le retard de l'agriculture : la production agricole augmenta de près de 70 % entre 1951 et 1970, cependant, du fait de l'accroissement démographique, l'Inde restait sous la menace permanente de la famine et se trouvait contrainte, chaque année, de procéder à d'importants achats de blé. En politique étrangère, bien que Nehru se fît le champion du non-alignement, de l'anticolonialisme et de la non-ingérence dans les affaires des autres États, l'Inde, dès 1949, resserra son emprise sur le Bhoutan et sur le Sikkim (annexé de facto en 1975), et elle s'efforça, à partir de 1950, d'accroître son influence au Népal. D'abord très proche de la Chine populaire, qu'elle avait reconnue dès 1949, l'Inde s'inquiéta de la pénétration chinoise au Tibet, et, lors du soulèvement tibétain de 1959, elle manifesta ouvertement ses sympathies pour le dalaïlama, qui trouva refuge en Inde. Dès lors se développa un conflit sino-indien portant sur les limites de la région de la NEFA (North East Frontier Agency (Agence de la frontière du Nord-Est), qui s'étend au N.-E. de l'Assam, entre le Bhoutan et la Birmanie : invoquant l'accord anglo-tibétain de 1914, l'Inde revendiquait comme frontière la « ligne McMahon », alors que la Chine prétendait s'étendre jusqu'à la ligne située de 100 à 200 km plus au S. Théâtre d'escarmouches entre Chinois et Indiens dès 1959, cette région, en oct./nov. 1962, vit éclater une véritable guerre sino-indienne qui se termina au désavantage des Indiens et fut suivie d'une alliance sino-pakistanaise. Après la mort de Nehru (1964), l'Inde, se sentant isolée en face de la Chine et du Pakistan, tempéra quelque peu son neutralisme pour se rapprocher d'abord des États-Unis, puis de l'URSS, avec laquelle elle finit par signer un traité de paix, d'amitié et de coopération (août 1971). Entre-temps, le gouvernement de Delhi avait obtenu de la France la rétrocession de ses comptoirs de l'Inde (1954) et avait annexé par la force l'enclave portugaise de Goa (1961). La question toujours non résolue du Cachemire provoqua, en août 1965, une deuxième guerre indo-pakistanaise : à la suite d'un ultimatum chinois à l'Inde, l'URSS offrit sa médiation, qui aboutit à un cessez-le-feu (sept. 1965) et à l'accord indo-pakistanais de Tachkent (10 janv. 1966). Mais, en 1971, l'Inde appuya les Bengalis du Pakistan oriental, qui voulaient faire sécession. Au cours d'une troisième guerre indo-pakistanaise (3/17 déc. 1971), les troupes indiennes envahirent le Pakistan oriental et imposèrent l'indépendance du Bangladesh. L'accord de Simla (2 juill. 1972) marquait l'apaisement de ce dernier conflit mais laissait toujours sans solution la question du Cachemire. 000200000D0400009C1C CFE,En 1966, à la mort de Lal Bahadur Shastri (Premier ministre depuis 1964), Indira Gandhi, fille de Nehru, fut élue. Résolue à corriger les déséquilibres structurels du pays, elle entreprit une « révolution verte » qui permit l'amélioration des rendements agricoles mais laissa intactes les bases féodales de la propriété terrienne (75 % de métayers, 20 % de petits propriétaires). Elle parvint à dynamiser l'industrie et à contenir l'expansion démographique. Mais elle sut surtout maintenir l'unité du pays malgré les tensions séparatistes et sociales, et se donner une image internationale de chef de file du tiers monde et du non-alignement. En revanche, son autoritarisme provoqua la scission du parti du Congrès, après l'élection à la présidence de la République de son protégé, V. V. Giri, en 1969. I. Gandhi conservait cependant un grand prestige, malgré une condamnation pour fraude électorale et l'instauration de l'état d'urgence en 1975. Battue en 1977, elle retrouva le poste de Premier ministre après les législatives de 1980. Dès lors, I. Gandhi mena la lutte contre les autonomismes souvent violents (en Assam, au Pendjab, dans l'Andhra Pradesh, au Cachemire, au Karnataka, au Bengale occidental et dans le Nagaland notamment). Cette politique connut un épilogue tragique : le 31 oct. 1984, I. Gandhi fut assassinée par un séparatiste sikh (v. PENDJAB). Du fait de l'émotion suscitée par le meurtre de sa mère, Rajiv Gandhi mena le Congrès à sa plus grande victoire électorale et devint Premier ministre en déc. Les espoirs que suscita son arrivée au pouvoir furent assez vite déçus. Les accords qu'il signa, en 1985, avec les leaders régionalistes modérés ne mirent pas fin au terrorisme en Assam et au Pendjab. En mai 1991, alors qu'il était donné comme favori aux élections législatives anticipées, Rajiv Gandhi fut assassiné par des séparatistes tamouls contre lesquels il avait envoyé l'armée indienne en 1987 (v. SRI LANKA). Le Congrès remporta le scrutin et Narasimah Rao devint Premier ministre. Héritant d'une situation économique catastrophique, il mit en place une politique de libéralisation en rupture avec le dirigisme instauré par Nehru. Ces réformes accélérèrent la croissance tout en accroissant les déséquilibres régionaux et sociaux. Sur le plan politique, les élections de 1991 virent le BJP, parti nationaliste hindou, devenir le premier parti d'opposition. Ce dernier élargit peu à peu son influence au S. du pays jusque-là peu réceptif au nationalisme hindou et confirma son ascension aux élections de 1996 avant de remporter les élections générales en mars 1998. Son chef, Atal Bihari Vajpayee forma le gouvernement. Dans le même temps, le nationalisme hindou prenait aussi une forme plus extrémiste dans le N. de l'Inde avec la campagne organisée par les fondamentalistes du VHP (Vishva Hindu Parishad) pour obtenir la restitution aux hindous d'Ayodhya, lieu de naissance présumé du dieu Ram. En déc. 1992, la destruction de la mosquée construite sur ce site au XVIe siècle provoqua une vague d'émeutes intercommunautaires (1 200 morts). Depuis, les fondamentalistes hindous exercent des pressions pour obtenir la construction sur ce site d'un temple au dieu Ram. En 2002, les tensions entre les communautés hindoue et musulmane ont aussi ensanglanté l'État du Gujerat dans l'E. du pays.  Cependant, la situation au Cachemire et les relations avec le Pakistan demeurent le problème politique majeur de l'Inde. Depuis la chute de l'URSS, son allié traditionnel, l'Inde, menacée d'isolement, s'est rapprochée des États-Unis, notamment pour limiter le soutien occidental au Pakistan, comme elle puissance nucléaire. Les relations entre New Delhi et Islamabad se sont d'ailleurs détériorées à la fin des années 1990. Les affrontements frontaliers entre les deux armées et les attentats terroristes se sont multipliés au Cachemire et les deux États se sont livrés à une surenchère d'essais nucléaires en l'absence de toute solution diplomatique au conflit. Toutefois, le réengagement américain dans cette région depuis la guerre en Afghanistan en 2002, les changements politiques à la tête de l'État du Cachemire en 2002, l'offre de dialogue faite par le Premier ministre indien, A. B. Vajpayee, et le rétablissement de relations diplomatiques avec le Pakistan en 2003 laissent espérer des progrès sur cette question.


KANISHKA: Roi indien de la dynastie indo-scythe des Kouchans. Il régna vraisemblablement au IIe s. apr. J.-C. (120/143 ?) et semble avoir eu pour successeur un second Kanishka, peut-être son petit-fils. Son avènement marque le début de l'ère « çaka ». Successeur de Kadphisès II, Kanishka n'était pas apparenté à ce dernier et était le fils d'un certain Vajeshka. Son règne fut marqué par d'importantes conquêtes dans les régions septentrionales de l'Inde à partir de l'actuel Afghanistan : Kanishka annexa le Cachemire et étendit sa domination sur Khotan, Yarkand et Kachgar, repoussant ainsi l'influence chinoise en Asie centrale. L'Empire kouchan fut, à son époque, un important carrefour d'influences grecque, iranienne, chinoise et indienne, et il semble que Kanishka ait même entretenu des relations avec l'Empire romain. Dans le domaine religieux, le règne de Kanishka vit une brillante expansion du bouddhisme : c'est sous l'égide du souverain kouchan que se tint, au Cachemire, le grand concile de Kundalavana (vers 120), où furent posés les fondements théologiques du bouddhisme mahayaniste (« du Grand Véhicule »).
RAJPOUTES: Peuple guerrier qui domina à partir du VIIe s. apr. J.-C. les régions de l'Inde du Nord-Ouest, formant aujourd'hui l'État du Rajasthan. Les Rajpoutes, de rajapoutra, « fils de roi », formèrent de nombreuses principautés hindoues, souvent en guerre les unes contre les autres. Au début du XIIe s., les trois principaux États rajpoutes étaient ceux de Delhi, d'Ajmer et de Kanauj. Le clan des Chauhan fit l'unité des royaumes de Delhi et d'Ajmer. Son chef, Prithviraj (Prithwi Raja), fut le héros de la résistance hindoue à l'invasion musulmane de Mohammed de Ghor. En 1191, à la première bataille de Taraïn, il repoussa Mohammed de Ghor. Mais, l'année suivante, le conquérant musulman apparut de nouveau dans l'Hindoustan, avec une armée que les chroniqueurs évaluent à 120 000 cavaliers. Prithviraj lança un appel à tous les princes rajpoutes voisins. La plupart envoyèrent des troupes, mais le puissant roi de Kanauj, brouillé avec Prithviraj, resta neutre. Prithviraj fut battu et tué à la seconde bataille de Taraïn (1192), et cette défaite fut suivie de l'établissement définitif de la domination musulmane dans l'Inde du Nord. Plutôt que de se soumettre, les Rajpoutes préférèrent se retirer dans le désert de Thar, au S. de l'Indus, qui constitue la plus grande partie de l'État actuel du Rajasthan. Pendant trois siècles, ils continuèrent à défier les musulmans, mais Baber écrasa à Khanoua la coalition rajpoute dirigée par Rana Sanga (16 mars 1527). La soumission des Rajpoutes aux Grands Mogols fut facilitée par la politique tolérante d'Akbar, qui maria plusieurs de ses enfants à des princes rajpoutes. Mais l'intolérance d'Aurengzeb provoqua une grande révolte des Rajpoutes, qui ravagèrent les provinces musulmanes du Malwa (1680/81). À la fin du XVIIIe s., ce grand peuple, déjà en pleine décadence, n'opposa guère de résistance à l'invasion des Marathes. Passés en 1818 sous le protectorat britannique, les Rajpoutes restèrent fidèles à l'Angleterre durant la révolte des cipayes. Après l'indépendance de l'Inde, les États rajpoutes furent fondus dans le nouvel État du Rajasthan (capitale Jaipur).

« Article encyclopédique L'INDE AU XXe SIÈCLE L'Inde de la fin du xixe siècle, partie de l’Empire britannique, voit se mettre en place nombre d’institutions qui conditionneront son évolution pendant des décennies.

Les Britanniques établissent tout d’abord à partir de 1882, avec le Local Self-Government Act, un système politique fondé sur l’élection qui s’étendra au niveau des provinces avec les réformes de 1909, 1919 et 1935, grâce auxquelles les régions de l’Inde acquièrent peu à peu un système protoparlementaire. En 1885, le Congrès national indien est fondé par une intelligentsia hindoue soucieuse de prendre pied dans l’administration.

Ce mouvement sera le premier à investir l’arène politique des institutions électives introduites par les Britanniques jusqu’à ce que Mohandas Karamchand Gandhi en prenne la tête en 1920 et le convertisse à la non-coopération.

Dix ans plus tard, il anime le premier grand mouvement de désobéissance civile contre les Britanniques.

Il change cependant d’opinion pour laisser le Congrès disputer les élections de 1937 et ses leaders, forts de leur victoire, gérer les provinces - une expérience qui prépare le parti à gouverner l’Inde. Dès 1939, les gouvernements congressistes présentent toutefois leur démission pour protester contre la décision des Britanniques d’impliquer l’Inde dans la Seconde Guerre mondiale sans les avoir consultés.

En 1942, Gandhi lance le mouvement Quit india (Quittez l’Inde) qui ne respectera pas autant qu’il l’eût souhaité ses consignes de non-violence.

De toute façon, les Britanniques sont convaincus, au sortir de la guerre, de la nécessité de quitter l’Inde, une colonie qu’ils ne sont plus en mesure de gérer en raison de leurs propres difficultés économiques. La Partition comme héritage. Le 15 août 1947 ne marque pas seulement l’indépendance de l’Inde, mais aussi le partage du « joyau de la Couronne britannique » entre l’Union indienne et le Pakistan.

Cette « Partition » s’inscrit dans le prolongement de tendances qui sont aussi apparues au sein de la communauté musulmane à partir de la fin du xixe siècle. Cibles privilégiées des Britanniques en tant que détenteurs du trône de Delhi, les musulmans se sont vite trouvés marginalisés dans le cadre colonial alors que les hindous y prospéraient, notamment grâce à leur entrée massive dans le nouveau système éducatif anglophone.

Devant cette situation, les musulmans vont s’organiser au sein d’une Ligue musulmane qui parvient peu à peu à convaincre les Britanniques de la nécessité de protéger leur minorité.

Cela coïncide précisément avec la volonté de Londres de diviser pour mieux régner : en 1909, la Ligue obtient un électorat séparé pour les musulmans.

C’est le premier pas en direction d’une forme de séparatisme qui se cristallisera dans l’entre-deux-guerres pour donner naissance à la « théorie des deux nations » de Muhammad Ali Jinnah : selon lui, les hindous et les musulmans forment chacun une nation à laquelle il faut un territoire.

En 1940, la Ligue musulmane dirigée par M.

A.

Jinnah revendique un État séparé, le Pakistan qui, en 1947, regroupe les provinces à majorité musulmane à l’ouest de l’Inde britannique et le Bengale oriental.. »

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