Libye (1982-1983)

« Libye (1982-1983) La Libye, dont la plus grande partie du territoire est désertique, a la chance de posséder de très grands gisements pétroliers.

Cela lui procure des surplus financiers d'autant plus considérables que sa population est fort peu nombreuse. Le colonel Kadhafi, qui a pris le pouvoir en 1969 après avoir renversé une dynastie que soutenait la puissante confrérie religieuse des Senoussi, s'est engagé, grâce à ses revenus pétroliers, dans un programme de développement important et dans une politique islamique de grande envergure.

Il ne cache pas son ambition de refaire de gré ou de force l'unité du monde arabe.

Spécialiste des tentatives d'unification brusquée, il est parvenu à une union de principe avec la Syrie après avoir tenté, en vain, d'unir la Libye à l'Égypte, puis à la Tunisie, puis au Soudan, puis au Tchad... Après avoir dénoncé pour des raisons idéologiques l'influence des idées marxistes, il est devenu l'allié de l'Union soviétique, au point d'être le seul chef d'État musulman à se féliciter publiquement (le 10 septembre 1982) de l'intervention de celle-ci en Afghanistan.

Le soutien soviétique est d'autant plus nécessaire que Kadhafi proclame sa volonté de lutter par tous les moyens contre l'"impérialisme" et surtout contre les États-Unis, y compris par l'action de différents groupes qu'il finance ostensiblement, quelles que soient les causes dont ils se réclament (IRA en Ulster par exemple). Outre son soutien au Polisario, la Libye aide par ailleurs financièrement mais aussi parfois militairement, des mouvements se revendiquant "anti-impérialistes" dans de nombreux États africains, au Tchad notamment et au Moyen-Orient.

Pendant le siège de Beyrouth en juillet 1982, Kadhafi a dénoncé comme "traîtres" les dirigeants palestiniens qui avaient accepté l'évacuation des forces de l'OLP, mais il ne leur est pas venu plus en aide que les autres dirigeants arabes.

Ce qui ne l'a pas empêché de soutenir, en mai 1983, les "dissidents" palestiniens qui contestaient la direction de l'OLP... Les dirigeants américains considèrent le colonel Kadhafi comme un des instigateurs du "terrorisme international" et ne cachent ni leur désir de le voir disparaître, ni leurs manoeuvres pour provoquer sa chute. Sur le plan intérieur, la Libye se caractérise en principe par la dissolution complète de l'appareil d'État et par son remplacement à tous les niveaux par des "organisations populaires": c'est le régime de la Jamahiriya (l'assemblée islamique).

C'est en fait un régime des plus policiers qui mène la chasse à ses opposants jusque dans les États où ils sont réfugiés.

Plusieurs libyens ont été assassinés ou enlevés en République fédérale d'Allemagne et Kadhafi a pris en otage des citoyens allemands accusés d'espionnage en Libye pour les échanger contre ses agents accusés de torture et d'assassinat en RFA (mai 1983).. »