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Liban

Publié le 02/12/2021

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1PRÉSENTATION

Liban, en arabe Lubnān, pays du Proche-Orient. Sa capitale est Beyrouth.

Le Liban est bordé à l’ouest par la mer Méditerranée, au nord et à l’est par la Syrie et au sud par Israël.

2MILIEU NATUREL
2.1Relief et hydrographie

La superficie du Liban est de 10 452 km². Le pays s’étend sur environ 210 km du nord au sud, et sur 25 à 80 km d’est en ouest. Une étroite plaine côtière s’étire en bordure de la Méditerranée et s’élargit à ses extrémités — à partir de Saïda au sud, au-delà de Tripoli au nord où s’étend la plaine du Akkar. L’intérieur du pays est dominé par deux massifs calcaires, qui encadrent la plaine d’effondrement de la Bekaa, prolongement du fossé du Jourdain, parcourue par l’Oronte et le Litani. La chaîne du Liban (djebel Lubnan, montagne blanche, dont le pays tire son nom) dresse sa barrière entre la plaine littorale et la Bekaa, et culmine au Kornet el-Saouda (3 088 m). Elle est entaillée de gorges profondes (jusqu’à 1 000 m de profondeur dans la vallée de la Qadisha), creusées d’est en ouest par les rivières, et abrite de hauts plateaux karstiques. À l’est de la Bekaa, l’Anti-Liban s’étend le long de la frontière syrienne et se prolonge au sud par le mont Hermon (2 814 m).

Les sols les plus fertiles du pays se trouvent dans la plaine côtière. L’érosion touche davantage la plaine de la Bekaa, semi-désertique dans le Nord. Les hautes montagnes sont rocailleuses et stériles.

2.2Climat

Le Liban jouit d’un climat méditerranéen, tempéré par l’altitude. Dans les plaines, les températures moyennes varient de 10 °C en janvier à 26,7 °C en août. Elles sont plus fraîches dans les montagnes. Les précipitations, plus abondantes en hiver, sont très contrastées selon les régions : elles ne dépassent pas 635 mm dans la plaine de la Bekaa, mais atteignent 889 mm le long de la côte et 1 270 mm sur le versant occidental de la chaîne du Liban. La saison sèche s’étend entre le mois d’avril et le mois d’octobre.

2.3Végétation et faune

Une grande partie de la forêt libanaise a aujourd’hui disparu. Les cèdres, arbres emblématiques du pays, qui fournissaient le bois précieux des sarcophages égyptiens de l’Antiquité et des palais mésopotamiens, se sont raréfiés. Une forêt de chênes verts et de pins couvre encore la partie supérieure du versant occidental de la chaîne du Liban. Ailleurs prédomine une végétation de type méditerranéen, constituée principalement de broussailles. Les principales espèces animales qui subsistent à l’état sauvage sont le chacal, le loup et la gazelle.

3POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1Démographie

En 2008, la population libanaise était estimée à 3,97 millions d’habitants, soit une densité moyenne de 388 habitants au km². Pour 2008 le taux de croissance de la population s’élève à 1,1 p. 100 ; l’indice moyen de fécondité était d’environ 1,9 enfant par femme, mais les chiffres varient beaucoup selon les communautés. La part des moins de 14 ans dans la population totale est estimée à 26 p. 100, celle des individus âgés de 65 ans et plus, à 7,1 p. 100. L’espérance moyenne de vie est de 73 ans.

Les données chiffrées concernant la population sont à manier avec beaucoup de précautions : le dernier recensement remonte en effet à 1932, à l’époque du mandat français. C’est sur la base des résultats de ce recensement qu’a été effectué le partage du pouvoir entre les différentes communautés en 1943 et qu’ont été distribués les postes dans la fonction publique. La distorsion croissante, au fil des décennies, entre la réalité démographique et la répartition des rôles au sein du système politique est l’un des facteurs fondamentaux du conflit libanais. La prépondérance accordée aux communautés chrétienne maronite (qui détient, depuis 1943, la présidence de la République) et musulmane sunnite (qui détient le poste de Premier ministre) ne correspondait plus à la composition de la population libanaise au sein de laquelle les musulmans chiites connaissaient le plus fort accroissement démographique.

La part des différentes communautés demeure inconnue et prête à des estimations très diverses. Les origines du peuple libanais sont également l’objet de débats. Les maronites revendiquent ainsi une filiation directe avec les Phéniciens de l’Antiquité, les communautés musulmanes affirmant, quant à elles, leur identité arabe. D’après des estimations datant de 1993, outre la majorité de Libanais, le territoire abriterait 12 p. 100 de Palestiniens, 5 p. 100 d’Arméniens et une minorité de Syriens et de Kurdes.

3.2Découpage administratif et villes principales

En théorie, le Liban est découpé en six gouvernorats (mouhafazas), divisés en vingt-six districts. À partir de 1985, date du retrait de ses troupes, Israël a gardé le contrôle sur la zone frontalière du Sud, où était présente l’Armée du Liban-Sud (ALS), pro-israélienne. Une grande partie de la région méridionale est contrôlée par le Hezbollah, organisation islamiste radicale. Le retrait de cette région par les troupes israéliennes s’est opéré en mai 2000 et le retrait des troupes syriennes en avril 2005.

Environ 88 p. 100 de la population est urbaine. Traditionnellement, les villes situées dans les plaines sont dominées par les sunnites et les chrétiens grecs orthodoxes. L’essor urbain et la diversification du peuplement qui l’a accompagné, ont commencé en 1860, lorsque les maronites ont quitté en masse la montagne libanaise, ensanglantée par des affrontements entre chrétiens et druzes, pour s’accélérer au xxe siècle, avec l’arrivée des immigrants arméniens et l’ouverture économique du pays.

Beyrouth, la capitale et port principal, compte 1 792 000 habitants. Tripoli (212 900 habitants) et Saïda (149 000 habitants), l’antique Sidon, sont à la fois des ports importants et des terminaux d’oléoducs. Sour, l’ancienne cité phénicienne de Tyr (117 100 habitants) est un marché agricole.

3.3Institutions et vie politique
3.3.1Organisation des pouvoirs

La Constitution du 23 mai 1926, inspirée des lois constitutionnelles françaises de 1875 fondant la IIIe République, a transformé le Liban en république et officialisé le système du partage du pouvoir entre les communautés, qui a été effectué par le Pacte national de 1943, date de l’indépendance effective du Liban.

Cette Constitution est toujours en vigueur, mais elle a été amendée à plusieurs reprises et notamment en 1990, après la signature des accords de Taëf, qui ont mis fin à la guerre du Liban. Ceux-ci prévoyaient le rééquilibrage du pouvoir au profit du Conseil des ministres, la parité de représentation au Parlement entre chrétiens et musulmans, et l’abolition à terme du confessionnalisme.

Le président du Liban — maronite, aux termes du Pacte national — est élu par l’Assemblée nationale ; ses attributions sont désormais très limitées. En 1995, un amendement constitutionnel a prolongé la durée de son mandat, qui est passé de six à neuf ans. La réalité du pouvoir exécutif appartient au Premier ministre, sunnite.

En septembre 1992 ont lieu les premières élections législatives organisées depuis 1972. 128 députés sont élus au suffrage universel pour un mandat de quatre ans. Toutefois, ce scrutin est marqué par une forte abstention : près de 70 p. 100 des électeurs inscrits ne votent pas, parmi lesquels une majorité de chrétiens déniant toute légitimité à un régime placé sous influence syrienne. Les élections législatives de septembre 1996 se caractérisent par la participation de plus de 50 p. 100 des inscrits et, pour la première fois, l’opposition à la présence syrienne se manifeste autour de huit députés. En juin 2005, au lendemain du retrait des troupes syriennes du Liban, le Parlement élu est dominé par l’opposition anti-syrienne qui détient la majorité absolue avec 72 sièges sur 128.

3.3.2Partis politiques

La communautarisation de la vie politique a empêché le développement de partis politiques de type occidental. La représentation politique s’organise autour de clivages confessionnels et autour de leaders clairement identifiés tels que, au lendemain des élections de 2005, le sunnite Saad Hariri, le druze Walid Joumblatt, le chrétien maronite Michel Aoun et les islamistes chiites du Hezbollah et du mouvement Amal.

3.3.3Défense nationale

En 2004, les forces armées libanaises comptaient 72 100 hommes, dont 70 000 dans l’armée de terre, 1 000 dans l’armée de l’air et 1 100 dans la marine. En 2003, l’État a consacré 2,8 p. 100 du produit intérieur brut (PIB) aux dépenses de défense nationale.

3.4Langues et religions

L’arabe est la langue officielle du Liban. L’utilisation du français demeure courante, notamment dans la communauté maronite, de même que celle de l’anglais, privilégiée dans les échanges commerciaux. Les Arméniens (voir arménien) et les Kurdes ont conservé leurs langues.

Dix-sept communautés confessionnelles ont une existence officielle au Liban, chacune relevant d’un droit privé spécifique appliqué par des tribunaux religieux. En dépit des difficultés à établir des statistiques fiables, il est certain que l’islam est devenu la religion du plus grand nombre : on estime que plus de 60 p. 100 des Libanais sont musulmans ; 35 p. 100 de la population totale est chiite, 23 p. 100 sunnite et 5 p. 100 druze. Le rattachement de ces derniers au groupe musulman est cependant abusif tant ils se sont éloignés de l’islam depuis presque un millénaire. Les chrétiens représenteraient près de 30 p. 100 de la population : parmi eux, les maronites sont les plus nombreux, puis viennent les Grecs orthodoxes. Les Arméniens sont orthodoxes, catholiques ou protestants. Il existe encore une petite communauté juive.

3.5Éducation

L’enseignement primaire est gratuit, mais il n’est pas obligatoire au Liban. Le taux d’alphabétisation (88,3 p. 100 en 2005) est l’un des plus élevés du monde arabe. En 2000–2001, 79 p. 100 des jeunes de 12 à 17 ans étaient scolarisés dans le secondaire, et 44 p. 100 de la classe d’âge concernée poursuivaient leurs études dans le troisième degré. En 2006, l’État a consacré 2,7 p. 100 du PIB aux dépenses d’éducation.

La tradition universitaire du Liban est ancienne. Durant la période romaine, Beyrouth était déjà célèbre pour son école de droit. À la fin du xixe siècle, les missionnaires chrétiens fondèrent les premières universités modernes : l’université jésuite de Saint-Joseph demeure l’un des établissements les plus prestigieux. L’université américaine de Beyrouth fut fondée à la même époque. Les autres universités libanaises se trouvent également dans la capitale : l’Université libanaise nationale fut fondée en 1951, l’université arabe, en 1960.

3.6Société

Le Liban fut et demeure un pays d’immigration et d’émigration. On estime à 5 millions le nombre de Libanais établis à l’étranger. L’émigration fut surtout le fait des maronites qui quittèrent le pays par vagues successives : vers les cités égyptiennes au xixe siècle, où ils participèrent au mouvement de réflexion qui touchait l’ensemble du monde arabe confronté au défi de la modernité européenne ; vers l’Afrique noire à la fin du xixe siècle et vers le continent américain. Depuis 1975, de nombreux Libanais ont fui la guerre, trouvant refuge dans les pays occidentaux ou dans les pays pétroliers du Golfe. La diaspora libanaise a constamment témoigné d’un dynamisme remarquable : commerçants, hommes d’affaires et intellectuels ont joué un rôle important dans les pays d’accueil.

L’immigration fut, jusqu’en 1975, supérieure à l’émigration. Quatre vagues peuvent être identifiées : à partir de la Première Guerre mondiale et jusqu’à la fin des années 1920, les Arméniens vinrent massivement s’installer à Beyrouth, fuyant les persécutions en Turquie. Les Kurdes s’établirent de manière plus progressive. Les uns et les autres se sont intégrés dans la société libanaise.

Il en est allé différemment pour les immigrants de la troisième vague, les Palestiniens chassés de leurs terres par la première guerre israélo-arabe qui a suivi la création de l’État d’Israël. Le nombre des immigrés palestiniens a grossi après chaque conflit israélo-arabe. La présence de ces réfugiés apatrides, vivant en marge de la société libanaise dans des camps miséreux à la périphérie de Beyrouth, et l’arrivée de combattants armés — dirigeants et militants actifs de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) expulsés de Jordanie — en 1970 ont eu leur part dans le déclenchement du conflit libanais.

Une quatrième vague d’immigration concerne les Syriens, qui ont été nombreux, entre 1958 et 1975, à quitter leur pays, dirigé depuis 1971 par Hafez al-Assad. En 1995, le nombre d’immigrés syriens était estimé à quelque 800 000 personnes.

3.7Arts et vie culturelle
3.7.1Culture

La culture du Liban contemporain plonge ses racines dans une histoire ancienne particulièrement riche et complexe, dont les traces sont aujourd’hui encore visibles sur le territoire libanais — à Baalbek notamment, réputée pour ses ruines de temples antiques. Jusqu’en 1920, deux cultures cohabitent : celle de la montagne et celle des villes. La première se structure autour de la famille, du clan et de la terre ; elle est partagée par les maronites et les druzes, qui coexistent sans heurts jusqu’en 1845. Les maronites, dont l’Église se rattache à Rome au xiie siècle, sont, pour cette raison, plus enclins à s’ouvrir aux influences occidentales. À partir de 1860, beaucoup s’établissent dans les villes, où s’est épanouie, depuis le viie siècle, la culture arabe, et où cohabitent sunnites et Grecs orthodoxes, qui étaient les fonctionnaires de l’Empire ottoman. Le rapprochement géographique des communautés libanaises favorise le développement d’une culture urbaine cosmopolite et tolérante, enrichie des apports de l’immigration, des influences française et américaine.

Les œuvres de deux des plus grands auteurs de la littérature libanaise portent témoignage de ce pluralisme fécond. Khalil Gibran, qui a étudié la peinture à Paris, a écrit ses poèmes en arabe et en anglais. Plus proche de nous, Amin Maalouf porte à la connaissance d’un public international l’histoire des communautés du Liban et du Proche-Orient dans une langue française aux résonances orientales. Citons également l’auteur de l’Émigré de Brisbane, Georges Schehadé, francophone, qui a écrit des poèmes et des pièces de théâtre. (Voir aussi littérature arabe ; musique arabe ; art de l’islam ; musique islamique).

3.7.2Institutions culturelles

L’imprimerie a pénétré au Liban plus tôt que dans la plupart des pays du Proche-Orient : l’une des premières presses de la région — utilisant des polices arabes et grecques — est présentée dans la bibliothèque (datant de 1696) du monastère Saint-Jean à Kincharah. Le musée de l’Université américaine et le Musée national, tous deux à Beyrouth, possèdent de remarquables collections d’antiquités.

4ÉCONOMIE
4.1Généralités

En 2006, le PIB du Liban s’élevait à 23 milliards de dollars. Ravagé par plus de quinze années de guerre, le Liban, prospère jusqu’en 1975, demeure un pays relativement riche. Sa reconstruction (6 milliards de dollars en dix ans avec le plan « Horizon 2000 «) alimente une croissance économique soutenue, de 4,59 p. 100 en moyenne pour la période 1990-2003. La reconstruction du Liban et notamment de Beyrouth fait appel aux capitaux internationaux. L’État et les banques ont émis de nombreux emprunts en dollars. Les finances publiques sont dans une situation critique, la dette atteignant 36 milliards de dollars en 2005. Le malaise économique s’accroît, parallèlement au malaise social. L’image positive de la reconstruction continue toutefois de prédominer dans les milieux politiques et financiers internationaux.

Mais la situation des Libanais demeure fragile puisqu’au milieu des années 1990, environ 28 p. 100 de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté.

4.2Agriculture, forêts, pêche

En 2006, le secteur primaire occupait 7,3 p. 100 de la population active et constituait 6,7 p. 100 du PIB.

Les surfaces cultivées couvrent environ 30,6 p. 100 du pays et la balance agricole demeure extrêmement déficitaire. La plaine côtière, cultivée de façon intensive, produit du tabac, de la vigne et des fruits (oranges, raisin, figues et melons). Les céréales (blé, orge), les légumes et les fruits (pommes de terre, cerises, prunes, pommes), sont cultivés sur les portions irriguées de la vallée de la Bekaa. La production de fruits atteint 946 000 tonnes et, celle de pommes de terre, 511 400 tonnes. Le pavot et la marijuana, cultivés dans la plaine de la Bekaa, ont constitué une source de revenus importante pendant la guerre civile.

Les moutons, les chèvres et le bétail, qui paissent sur les hauteurs, ont contribué à l’érosion des sols et à la déforestation. En 2006, le cheptel libanais comprenait 494 700 caprins, 337 300 ovins, 76 900 bovins et plus de 35 millions de volailles.

En 2006, les forêts ont fourni 87 790 m³ de bois. La pêche reste peu importante : les prises totalisaient 4 601 tonnes en 2005.

4.3Mines et industries

En 2006, le secteur secondaire occupait 31 p. 100 de la population active et constituait 23,7 p. 100 du PIB. Le raffinage du pétrole, la seule industrie lourde au Liban, a été paralysé par la guerre ; les grandes manufactures ont été remplacées par des unités de production de taille plus réduite. Les principales productions industrielles concernent l’agroalimentaire, le ciment, l’aluminium et l’habillement (soie, coton).

4.4Secteur tertiaire

En 2006, le secteur tertiaire occupait 61,8 p. 100 de la population active et constituait 69,6 p. 100 du PIB.

Secteurs traditionnellement dominants de l’économie libanaise, la banque et les assurances, le tourisme et le commerce ont beaucoup souffert de la guerre. Ils ont aujourd’hui repris une place de premier ordre dans l’économie libanaise, même si le tourisme n’a pas retrouvé son niveau des années 1970. Lieu de villégiature privilégié du Proche-Orient des années 1950 aux années 1970, le Liban accueillait en effet, dans ses stations balnéaires à la mode, de nombreux visiteurs en provenance de la région mais aussi d’Europe. Le tourisme a légèrement repris depuis le début des années 1990. Le pays a accueilli 1 063 000 visiteurs en 2006 (contre plus de 3 millions en 1974), ce qui représente un revenu de 5 015 millions de dollars.

L’unité monétaire, émise par la Banque du Liban, est la livre libanaise, divisible en 100 piastres.

La plupart des réseaux de communication ont été restaurés depuis la fin du conflit. Le réseau routier représente 7 300 km, le parc automobile est très développé. Les infrastructures ferroviaires ont été gravement endommagées par la guerre : 401 km de voies ferrées étaient en service en 2003. L’aéroport de Beyrouth, fermé durant de longues périodes entre 1975 et 1990, dessert de nombreux pays. Le Liban dispose d’une importante flotte de commerce.

4.5Commerce extérieur

Le commerce joue un rôle prépondérant dans l’économie libanaise. Jusqu’au milieu des années 1970, de nombreuses firmes étrangères possédaient des succursales à Beyrouth, véritable plaque tournante de la région pour les affaires.

En 2003, la balance du commerce extérieur était fortement déficitaire avec 1 524 millions de dollars d’exportations et 7 167 millions de dollars d’importations.

L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Syrie, ainsi que la France, l’Allemagne, l’Italie et les États-Unis sont les principaux partenaires commerciaux du Liban.

5HISTOIRE
5.1La période antique

L’histoire ancienne du Liban est celle de la Phénicie. Après avoir atteint leur apogée au xe siècle av. J.-C., les cités phéniciennes comme Byblos, Sidon (voir Saïda) ou Tyr (voir Sour), qui ont connu la domination des Assyriens puis des Babyloniens, s’hellénisent durant l’ère séleucide (à partir du ive siècle av. J.-C.). En 64 av. J.-C., Pompée conquiert la Phénicie et l’annexe à l’Empire romain, dans la province de Syrie. Durant cette période, les cités renouent avec la prospérité et le commerce reprend son essor. Les temples de Baalbek témoignent aujourd’hui d’une culture brillante. L’araméen se diffuse parmi la population. La christianisation progresse après le partage de l’Empire romain, en 395 apr. J.-C., lorsque la région échoit à Byzance.

5.2La conquête musulmane

En 635, les troupes arabo-musulmanes des Omeyyades conquièrent le pays. La chaîne du Liban est intégrée à la région militaire arabe de Damas. Au xie siècle, les druzes trouvent refuge dans le sud de la montagne libanaise, dont la partie nord est habitée par les maronites ; dès lors, une mosaïque de communautés religieuses habite la région. De 1099 à 1291, les croisés dominent le pays et établissent des royaumes chrétiens divisés entre le comté de Tripoli, au nord, et le royaume latin de Jérusalem, au sud. Les Mamelouks d’Égypte mènent la reconquête musulmane du Liban à la fin du xiiie siècle ; Beyrouth, définitivement reprise en 1291, devient un port de commerce actif.

5.3La domination ottomane
5.3.1La mise en place d’une administration mixte

En 1516, les Turcs ottomans ravissent aux Mamelouks toute la côte de la Méditerranée orientale. Tandis que les élites urbaines deviennent les fonctionnaires de l’Empire ottoman, les « émirs de la montagne druze « règnent sur la chaîne du Liban, largement autonome par rapport à la Sublime Porte. Cette autonomie est rendue possible par le processus d’intégration socio-économique des communautés druzes, maronites et chiites. La grande féodalité druze donne sa structure à l’entité libanaise, tandis que la paysannerie maronite, qui connaît une forte croissance démographique, assure sa prospérité. Le xvie siècle est aussi celui de l’ouverture du clergé maronite sur l’Europe de la Renaissance. La première dynastie de l’émirat libanais est druze : elle débute avec les Banu Maan. Le règne de Fakhr al-Din (1585-1635) est le plus brillant : la montagne libanaise sort de son isolement ; une alliance est même conclue avec le duché italien de Toscane.

Le pouvoir passe ensuite aux mains d’une dynastie sunnite, celle des Chehabides (1697-1842), qui se convertit au christianisme maronite au début du xviiie siècle. Cette conversion illustre la remarquable perméabilité des communautés libanaises — pratiquement inexistante dans les autres territoires du Proche-Orient ottoman.

Pourtant, le règne de Béchir II Chehab (1788-1840) apparaît comme le prélude à la première crise intercommunautaire. Ce dernier, en effet, mène une politique d’abaissement de la féodalité druze (qui vise notamment la famille des Joumblatt). En 1831, il s’allie avec le vice-roi d’Égypte Méhémet Ali qui s’est lancé dans la conquête du territoire syrien et menace la puissance ottomane. Les entreprises militaires de Béchir II sont financées par l’impôt, dont le poids accable les paysans maronites et chiites. Les druzes mettent à profit le mécontentement des populations de la montagne pour obtenir, en 1840, la déposition de l’émir, avec l’appui de la Sublime Porte et des puissances européennes, dont l’influence locale grandit.

5.3.2Les prémices de la partition communautaire

De 1840 à 1860, la montagne libanaise est ensanglantée par les affrontements entre druzes et maronites. C’en est fini de la symbiose entre communautés, et, par voie de conséquence, de l’autonomie libanaise. Les Ottomans jouent désormais un rôle plus direct, mais les réformes inspirées du modèle européen (Tanzimat) viennent trop tard. La rupture entre les communautés a été favorisée par la politique de Béchir II. La rivalité entre les puissances européennes, française et britannique, qui convoitent les territoires ottomans, joue également un rôle dans les massacres intercommunautaires : la première soutient la communauté maronite — Napoléon III envoie 6 000 hommes pour protéger les chrétiens — tandis que la seconde appuie la féodalité druze.

Pour la première fois en 1841, la chaîne du Liban est divisée en deux territoires, sur une base confessionnelle : les maronites sont concentrés au nord, les druzes, au sud. Les affrontements prennent fin en 1864, avec la signature d’un accord mettant en place une nouvelle administration. Celle-ci est imposée aux Ottomans par les puissances européennes concernées par la question d’Orient (la France, la Grande-Bretagne, l’Autriche-Hongrie, la Russie). Selon ce protocole, un Petit-Liban est constitué, tandis que les périphéries nord et sud de la chaîne du Liban et de la Bekaa sont rattachées à la province ottomane de Syrie. Le statut du Petit-Liban jette les bases de la partition confessionnelle de la vie politique : sa gestion en est confiée à un gouverneur ottoman, nécessairement chrétien, placé sous le contrôle des consuls européens. Une assemblée délibérante siège auprès du gouverneur ; les membres en sont des représentants des communautés religieuses. Le nouveau système politique est donc fondé sur la représentation des diverses communautés.

5.4Le mandat français

Les Ottomans, entraînés par le jeu des alliances dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Empires centraux, suspendent l’autonomie du Liban dès 1914. Les mouvements réclamant l’indépendance se développent et une première révolte arabe, soutenue par les Britanniques, éclate. À l’issue du conflit mondial, le traité de Sèvres (1920) règle le sort de l’Empire ottoman défait et définit les frontières actuelles du Liban. L’accord Sykes-Picot, conclu entre Français et Britanniques dès 1916, place le pays dans la zone d’influence française au Proche-Orient.

Ainsi, en avril 1920, la France se voit confier un mandat de la Société des Nations (SDN) sur le Liban. Les maronites obtiennent d’elle le rattachement des plaines demeurées sous contrôle direct de l’Empire ottoman. Pour la première fois sont réunies les deux entités géographiques et culturelles qui ont eu jusqu’alors des trajectoires différentes. Cette unification ne va pas sans tensions. La création du Grand-Liban, le 1er septembre, s’oppose au projet des nationalistes arabes syriens d’une Grande-Syrie, auquel sont favorables les sunnites. Cette question territoriale et politique devait resurgir après l’arrivée au pouvoir à Damas d’Hafez al-Assad et déterminer en grande partie la politique syrienne durant le conflit libanais, à partir de 1975.

Le Grand-Liban est doté, en 1926, d’une Constitution qui instaure une République et consacre la partition sur une base confessionnelle : le chef de l’État est un chrétien maronite, le chef du gouvernement, un musulman sunnite, le président de la Chambre, un musulman chiite. Sous le mandat français, les villes se modernisent et Beyrouth, capitale et siège du haut-commissaire français, s’étend, sous la pression démographique due à l’immigration arménienne et kurde. La domination politique et économique des maronites s’affirme, favorisée par les Français. Le mandat est confirmé par l’Acte de Londres, le 24 juillet 1922, mais il n’allait pas résister aux volontés indépendantistes.

Reconnue en 1936, l’indépendance du pays, proclamée en 1941 par le général Catroux, n’est effective qu’en novembre 1943 ; cependant les dernières troupes françaises ne quittent le Liban qu’en 1946.

5.5Les années prospères
5.5.1Le Pacte national

L’existence du nouvel État est scellée par la conclusion du Pacte national, le 7 octobre 1947 : les maronites renoncent à se placer sous protection occidentale tandis que les sunnites abandonnent tout projet d’intégration au sein d’une entité arabe ou musulmane plus large. Mais le Pacte national fige également le système politique. Druzes, chiites et communautés chrétiennes minoritaires sont marginalisés, le partage du pouvoir profitant aux seuls maronites et sunnites. Sur le plan de la politique extérieure, le consensus prévaut également : le Liban adhère à la Ligue arabe dès 1949 mais maintient ses liens privilégiés avec l’Occident et affirme toujours sa spécificité au Proche-Orient.

Démocratie parlementaire moderne, le Liban n’en demeure pas moins dominé par les élites, issues des grandes familles qui pratiquent le népotisme et, parfois, la corruption. Les partis politiques qui se constituent sont davantage des réseaux clientélistes, formés sous l’autorité d’un chef de clan. Les rivalités politiques n’opposent pas seulement les communautés : elles dressent, au gré des alliances claniques, les grandes familles les unes contre les autres, chacune contrôlant un territoire, une ville. De 1943 à 1952, le président Bichara el-Khoury dirige le pays avec son Premier ministre, Ryad Solh.

Pourtant, durant plus de 30 ans, le Liban connaît une période de grande prospérité, qui ne profite cependant pas à toutes les communautés. Les chiites et les Palestiniens, qui ont afflué sur le territoire libanais depuis 1948, n’en retirent guère d’avantages.

À la suite d’élections frauduleuses en 1947, un front d’opposition se développe et contraint Bichara el-Khoury à démissionner en septembre 1952 ; un nouveau président, Camille Chamoun, est porté au pouvoir. Assisté par Sami Solh, chef du gouvernement, il entame une politique de réformes (nationalisations, réorganisation de la justice) et rompt avec une politique extérieure équilibrée entre le monde arabe et l’Occident, inscrite dans le Pacte national ; il resserre les liens avec les pays occidentaux et approuve publiquement la doctrine Eisenhower d’endiguement du communisme.

5.5.2Une situation fragile

Les frustrations et les oppositions intercommunautaires s’exaspèrent dans les années 1950, dans un contexte régional tendu, marqué par la crise de Suez en 1956. Le nationalisme arabe, qui a trouvé en Israël un nouveau catalyseur après le retrait des puissances coloniales européennes, est porté à son comble. En 1958, nombreux sont les musulmans libanais à applaudir à la création de la République arabe unie (RAU), rapprochant l’Égypte et la Syrie. En mai 1958, une insurrection éclate parmi les musulmans, menée par le dirigeant sunnite Rachid Karamé et dirigée contre le président Camille Chamoun, accusé d’avoir manipulé les élections législatives de juin 1957. Le soulèvement oppose partisans et adversaires de la RAU, et de fait musulmans et chrétiens, au cours d’affrontements armés. Après que la monarchie irakienne a été renversée, en juillet 1958, par les progressistes baasistes, le président Chamoun obtient le débarquement de 15 000 marines américains de la VIe flotte. La stabilité du Liban est devenue un enjeu géopolitique majeur pour les grandes puissances.

Le commandant en chef de l’armée libanaise, Fouad Chéhab, très populaire dans le pays, est élu à la présidence de la République après le départ de Camille Chamoun. La crise de 1958 a coûté la vie à plus d’un millier de personnes. Le président Chéhab, toutefois, mène une politique de réconciliation en rééquilibrant la répartition des postes dans la fonction publique (au profit, surtout, des sunnites), lance des réformes sociales, promulgue une nouvelle loi électorale et consolide l’État. En politique étrangère, il améliore les relations avec l’Égypte de Nasser. Il est, durant les six ans de son mandat, constamment en butte à l’hostilité de la classe politique traditionnelle. Lassé des manœuvres des chefs de clan, il renonce, en 1964, à se présenter devant les électeurs pour un nouveau mandat.

5.6La tourmente proche-orientale
5.6.1Les réfugiés palestiniens

Le Liban, dont deux bataillons de l’armée ont pris part à la première guerre israélo-palestinienne (1948-1949 ; voir Israël), s’en tient à une solidarité diplomatique avec les États arabes durant la guerre des Six-Jours, en 1967, ce qui le place dans une situation marginale par rapport aux autres États arabes. Ce conflit, pourtant, va avoir de profondes répercussions dans le pays. L’occupation par Israël de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza provoque un nouvel afflux de réfugiés palestiniens dont le nombre augmente encore après la répression, par l’armée jordanienne, des résistants palestiniens en septembre 1970 (voir Septembre noir). En 1949, environ 140 000 Palestiniens se sont réfugiés dans le sud du Liban ; à l’été 1971, ils sont estimés entre 250 000 et 500 000. Or, le 3 novembre 1969, à la suite d’affrontements entre Palestiniens et armée libanaise, le gouvernement libanais, par les accords du Caire, reconnaît le droit de cité aux fedayin (« combattants «) de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), ainsi que leur extraterritorialité. Ceux-ci trouvent refuge sur le territoire libanais à partir duquel ils multiplient les attaques contre Israël qui, à son tour, mène des représailles au-delà de la frontière.

5.6.2La situation intérieure

La présence des réfugiés palestiniens sur le sol libanais et la lutte entre l’OLP et Israël est au cœur des débats politiques. Deux tendances se dégagent : d’un côté, les libanistes qui souhaitent la fin des combats menés par les fedayin — leur tendance se regroupe parmi les milices des Kataëb ou Phalanges libanaises —, de l’autre côté, les arabistes qui soutiennent les Palestiniens et constituent, en 1972, le Front arabe de participation à la résistance.

En août 1970, Soleiman Frangié est élu président de la République. Cette période est marquée par l’émergence de mouvements intellectuels de gauche qui soutiennent la résistance palestinienne et prônent la laïcisation du régime par la fin de l’organisation confessionnelle du système politique. Les années 1970 se caractérisent également par une crise économique et sociale. La contestation de la population s’exacerbe à travers des mouvements de grève et des manifestations.

La défaite arabe de 1967 a été celle du nationalisme nassérien. Le projet islamiste d’unification du monde musulman s’en trouve conforté ; il peut se substituer à celui du dirigeant égyptien. Les groupes islamistes radicaux montrent dès lors leur force au grand jour. La guerre du Kippour, en 1973, ne fait que confirmer cette évolution. Au cours de ce conflit, le Liban soutient l’Égypte et la Syrie.

Les mouvements palestiniens, chiites et druzes constituent progressivement un front objectif contre l’hégémonie politique et économique des chrétiens, et, dans une moindre mesure, des sunnites. Les accrochages se multiplient avec les Kataëb, les Phalanges armées maronites fondées en 1936 par Pierre Gemayel.

5.7La guerre du Liban
5.7.1Un conflit généralisé

Le 13 avril 1975, des accrochages entre phalangistes et membres de l’OLP marquent le début d’une guerre longue de quinze années. À partir du mois d’août, le conflit se généralise, opposant les différentes milices chrétiennes et l’armée libanaise, d’une part, aux combattants palestiniens et aux mouvements islamo-progressistes, d’autre part. Le gouvernement a perdu toute autorité ; le pouvoir appartient aux factions, structurées pour une large part autour des clans traditionnels.

Avec l’approbation de la droite chrétienne, le président Frangié demande en 1976 l’intervention de la Syrie, qui trouve là l’opportunité d’occuper le pays — les troupes syriennes pénètrent dans Beyrouth en novembre — et surtout de lutter contre la montée en puissance des Palestiniens, dont le projet national constitue un obstacle à la formation d’une « Grande Syrie «. Les Syriens, qui ont d’abord soutenu le Mouvement national libanais — rassemblant Palestiniens et progressistes musulmans libanais sous la direction du druze Kamal Joumblatt —, se portent au secours des chrétiens, alors en position de faiblesse. Ils se retourneront toutefois à partir de 1978 contre ces derniers.

Beyrouth est partagée par une « ligne verte « séparant l’Est chrétien de l’Ouest musulman. Le pays est lui-même morcelé en unités territoriales tenues par les chefs de guerre.

Le 16 octobre 1976, une conférence se tient à Riyad avec les représentants de l’OLP, du Liban, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et du Koweït, et entérine la présence des troupes syriennes sur le sol libanais et met fin aux hostilités. Elle est suivie, le 25 octobre, d’un sommet de la Ligue arabe au Caire qui crée une Force arabe de dissuasion, composée en majorité de soldats syriens.

5.7.2L’intervention des Occidentaux

La violence continue néanmoins. En 1977, Kamal Joumblatt est assassiné. De nouveaux affrontements se déroulent entre l’armée syrienne et les milices chrétiennes. En juin 1978, Tony Frangié, le fils de l’ancien président, est assassiné et de profondes divisions apparaissent entre le Front libanais et les phalangistes de Pierre Gemayel allié à Camille Chémoun, d’une part, et la tendance représentée par Soleiman Frangié, d’autre part.

Dès le mois de mars 1978, Israël envahit le sud du Liban pour tenter de détruire les bases palestiniennes. Les Palestiniens sont repoussés au nord du Litani. L’ONU envoie une force d’interposition : la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), mais Israël maintient son soutien aux maronites et ses attaques contre les bases de l’OLP au Liban. Le 18 avril 1979, le général Saad Haddad, qui a rompu avec l’armée libanaise, proclame un « État du Liban-Sud «.

Cette même année voit le triomphe, à Téhéran, de la révolution chiite menée par l’ayatollah Khomeiny. L’Iran devient alors l’un des acteurs régionaux du conflit libanais. Le régime des mollahs soutient sans discontinuer la milice chiite islamiste du Hezbollah et les groupes terroristes du Djihad islamique, qui multiplient les attentats, au Liban mais aussi en Israël.

En 1981, la Force arabe de dissuasion affronte les milices des Kataëb, soutenus par Israël. Les combats se multiplient jusqu’à l’établissement d’un cessez-le-feu le 24 juillet 1981. Les forces syriennes contrôlent le nord et la plaine de la Bekaa, tandis que le sud et Beyrouth-Ouest sont aux mains des progressistes et de l’OLP. Sur le plan politique, la situation est également chaotique ; la difficulté réside dans la nécessité de restaurer l’État. Béchir Gemayel (fils cadet de Pierre Gemayel), à la tête des Phalanges ou Forces libanaises, s’allie à Camille Chamoun et tous deux constituent le Front libanais, regroupant les Kataëb et les maronites.

5.7.3L’intervention israélienne

Le 6 juin 1982, le ministre de la Défense israélienne, Ariel Sharon, lance l’opération « paix en Galilée « dans laquelle sont engagés jusqu’à 100 000 soldats, qui traversent la ligne d’interposition tenue par la Finul et assiègent Beyrouth, où ils rejoignent les Forces libanaises de Gemayel. Durant douze jours, à partir du 1er août, la ville où est retranchée l’OLP est soumise à des bombardements intensifs. Le 20 août, un cessez-le-feu est obtenu par les États-Unis ; près de 15 000 combattants de l’OLP sont évacués par les flottes des pays occidentaux.

Après l’assassinat, en septembre, du président Béchir Gemayel, élu quatre mois plus tôt, les phalangistes massacrent plus d’un millier de civils palestiniens réfugiés dans les camps de Sabra et de Chatila, dans la zone contrôlée par Israël. Amine Gemayel est élu en remplacement de son frère. Les massacres de Sabra et Chatila sont à l’origine d’une crise politique en Israël. Au Liban, ils provoquent l’intervention d’une Force multinationale de sécurité des Nations unies, composée de troupes françaises, américaines et italiennes.

En mai 1983, un accord prévoit la fin de l’état de guerre et le retrait des forces israéliennes, conditionné par celui des Palestiniens et des Syriens. Israël conserve cependant un droit de police au Liban-Sud. Pourtant les combats reprennent, les troupes syriennes attaquent les fedayin au cours du mois de juin.

L’opération « paix en Galilée « a marqué l’irruption du conflit dans les régions du Chouf et de Saïda, jusqu’alors relativement épargnées. À partir de septembre 1983 éclate la « guerre de la Montagne «. Les druzes menés par Walid Joumblatt, fils de Kamal Joumblatt, soutenus par des combattants palestiniens et par l’artillerie syrienne, repoussent les Forces libanaises.

5.7.4Une situation de plus en plus confuse

Deux attentats-suicides, attribués aux groupes chiites radicaux, causent la mort de plus de 300 soldats américains et français le 23 octobre 1983. Avant de se retirer complètement en février 1984, la Force multinationale évacue les derniers combattants palestiniens assiégés dans Tripoli par les Syriens et les dissidents palestiniens opposés à l’al-Fatah de Yasser Arafat.

En mars 1984, après plusieurs mois de négociations, les chefs politiques des principales communautés, réunis sous l’égide de l’Arabie saoudite et de la Syrie, s’accordent sur la formation d’un gouvernement d’union nationale présidé par Rachid Karamé et qui compte parmi les ministres Camille Chamoun, Walid Joumblatt et Nabih Berri, dirigeant du mouvement chiite « progressiste « Amal depuis la disparition, en 1978, de son fondateur l’imam Musa Sadr.

Israël se retire en 1985, cédant le contrôle de la zone de sécurité à ses alliés chrétiens, l’Armée du Liban-Sud (ALS). De son côté, le Hezbollah chiite, soutenu par l’Iran, prend pour cible l’ALS, mais également Amal et les progressistes laïques. Les enlèvements d’Occidentaux se multiplient.

En février 1987, alors que le mouvement Amal affronte ses anciens alliés progressistes dans Beyrouth-Ouest, la Syrie dépêche 7 000 hommes en renfort dans le secteur musulman. L’armée syrienne opère la réunification de la capitale libanaise. Les Syriens mènent, alors, par l’intermédiaire d’Amal une nouvelle « guerre des camps «, assiégeant durant trente mois, de juin 1985 à mars 1988, les camps palestiniens de Borj al-Barajneh, de Sabra et Chatila et de Rachidiyé.

Lorsque le mandat présidentiel d’Amine Gemayel expire en septembre 1988, aucun accord n’a été trouvé pour la désignation de son successeur. Il nomme alors le commandant des armées, le général chrétien Michel Aoun, à la tête du gouvernement provisoire. En fait, les factions chrétiennes et musulmanes mettent chacune en place leur propre administration ; le gouvernement conduit par le sunnite Selim el-Hoss refusant de démissionner s’installe dans Beyrouth-Ouest. En mars 1989, le général Aoun lance une « guerre de libération « contre la Syrie qui achève de ruiner le pays et s’accompagne d’affrontements meurtriers avec les Forces libanaises, désormais dirigées par Samir Geagea.

5.7.5Reprise du contrôle par la Syrie

En octobre 1989, sous l’égide du Maroc, de l’Algérie et de l’Arabie saoudite, 59 députés libanais (sur 79 encore vivants) s’accordent sur un projet de réforme constitutionnelle, prévoyant un rééquilibrage des pouvoirs, et à terme l’abolition du confessionnalisme. En novembre, ces accords signés à Taëf, en Arabie saoudite, sont ratifiés par le Parlement, qui élit René Mouawad à la présidence. Ce dernier est assassiné dix-sept jours plus tard et le Parlement désigne un autre maronite, Elias Hraoui, pour lui succéder.

En octobre 1990, les troupes syriennes et l’armée libanaise régulière mettent en déroute les forces armées demeurées fidèles à Michel Aoun. Par la suite, l’armée libanaise, soutenue par la Syrie, reprend le contrôle de la majeure partie du pays, désarme les milices et chasse l’OLP de ses bastions dans le Sud-Liban. Le retour progressif à la paix coïncide avec le déplacement des conflits proche-orientaux vers le golfe Arabo-Persique, d’une part (voir guerre du Golfe), et avec les progrès du processus de paix entre Israël, Palestiniens et pays arabes, d’autre part.

En mai 1991, la Syrie et le Liban signent un traité d’amitié et de coopération, confirmant les termes des accords de Taëf qui comportent un volet sur les relations entre les deux pays : la Syrie peut demeurer au Liban jusqu’à la mise en application de toutes les réformes constitutionnelles prévues et jusqu’au retrait israélien du Liban-Sud. Le traité prévoit également l’harmonisation des politiques économiques, culturelles et extérieures des deux pays.

5.8Le Liban en paix
5.8.1La présidence d’Elias Hraoui (1992-1998)

Le bilan de quinze ans de guerre est difficile à établir. Le conflit libanais aurait fait quelque 150 000 victimes libanaises depuis 1975.

La reconstruction économique du pays est engagée rapidement, mais l’établissement d’un système politique accepté par tous semble plus difficile, comme en témoigne le boycottage des élections de 1992 par les chrétiens. La tutelle qu’exerce de facto la Syrie sur le Liban, renforcée par la victoire de ses partisans aux législatives de septembre 1996, entame aux yeux d’une partie de la population la légitimité du nouveau pouvoir, composé à partir de 1992 d’Elias Hraoui à la présidence de la République, de Rafic Hariri à la tête du gouvernement et de Nabih Berri à la présidence de l’Assemblée.

La présence au Liban-Sud du Hezbollah, soutenu par l’Iran et la Syrie, et de l’ALS — qui n’ont pas été désarmés — de part et d’autre de la zone contrôlée par Israël, fragilise également la paix. L’accord conclu en juillet 1993, prévoyant la fin des attaques à la roquette du Hezbollah contre le nord d’Israël et l’arrêt des bombardements israéliens au Liban-Sud, n’est guère respecté.

En avril 1996, répondant à des attaques du Hezbollah, Israël lance l’opération « Raisins de la colère «. L’aviation israélienne bombarde ainsi les bases du Hezbollah, ainsi que des objectifs civils au Liban, jusque dans le sud de Beyrouth. Au moins 100 personnes trouvent la mort sous les bombardements, alors qu’elles se sont réfugiées dans un camp de la Finul, situé à Cana, près de Sour. Un nouvel accord de cessez-le-feu au Liban-Sud est négocié le 26 avril, sous l’égide des États-Unis et de la France, qui reconduit l’accord de 1993, mais établit un contrôle d’un comité international. L’évolution de la situation au Liban est étroitement liée à la poursuite des négociations de paix entre Israël, Palestiniens et pays arabes, en particulier la Syrie. Ainsi, en avril 1998, l’offre israélienne de retirer sous condition son armée de la zone qu’il contrôle dans le sud du Liban, comme l’exige la résolution 425 du Conseil de sécurité de l’ONU, est repoussée par les dirigeants libanais et syriens, ces derniers ne voulant pas dissocier cette question de celle relative à la restitution du Golan annexé en 1981.

5.8.2Le retrait des troupes israéliennes

En novembre 1998, le général Émile Lahoud succède à Élias Hraoui à la présidence de la République. En décembre, Rafic Hariri, qui a refusé de former un nouveau gouvernement, est remplacé par Sélim Hoss. Par ailleurs, dans le Sud, la milice pro-israélienne se retire de la zone de Jezzine et la pression des milices Hezbollah repose avec acuité le problème du retrait des forces israéliennes de la zone dite « de sécurité «.

Le 5 mars 2000, le gouvernement israélien vote une résolution prévoyant le retrait des forces armées israéliennes des territoires qu’elles occupent au sud du Liban au plus tard en juillet 2000. Mais en raison de l’intensification des attaques du Hezbollah, l’armée israélienne commence son retrait dès le mois de mai. Des soldats de l’Armée du Liban-Sud (ALS) commencent à déserter, inquiets de leur sort après le départ de Tsahal du sud du Liban. Le chef de l’ALS demande une amnistie pour les combattants.

Le 23 mai, Ehoud Barak annonce le retrait total des troupes israéliennes de la zone de 850 km² occupée au sud du Liban. Les combattants de l’ALS se rendent aux milices du Hezbollah ou se réfugient avec leur famille en Israël. Le Hezbollah et des milliers de villageois exilés occupent aussitôt les villages désertés par l’ALS. Les prisonniers libanais détenus dans la prison de Khiam, gérée par l’ALS, sont libérés. Ce retrait précipité prend de court les Nations unies, qui avaient prévu de déployer dans le territoire abandonné par Israël une force d’interposition, la Finul, chargée d’aider les autorités libanaises à prendre le contrôle de cette région.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans un discours prononcé le 26 mai, appelle les différentes communautés, musulmanes et chrétiennes du Liban à s’unir pour reconstruire le Liban de demain. L’organisation islamiste assure qu’elle n’a pas l’intention de se substituer à l’État. En revanche, elle exige l’évacuation par Israël des hameaux de Chebaa, un territoire occupé par Israël depuis 1967 mais qui, selon l’ONU, est en territoire syrien, et la libération des détenus libanais en Israël. Fin mai, les Casques bleus de la Finul commencent à patrouiller dans l’ancienne zone occupée par Israël.

Sur le plan intérieur, la grave crise économique et une certaine lassitude de la population à l’égard des troupes syriennes installées au Liban conduisent à la victoire de Rafic Hariri, allié au chef de la communauté druze et du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, lors des élections législatives de septembre 2000. Cette coalition remporte 43 des 128 sièges du Parlement, le Hezbollah comptant 8 sièges de députés. Nommé Premier ministre en octobre, Rafic Hariri tente de sortir le pays de la crise économique en se tournant vers les investisseurs étrangers et le FMI. Mais la situation frontalière avec Israël, qui voit se multiplier les incidents entre l’armée israélienne et le Hezbollah, plonge le pays dans une situation difficile. En réponse à une attaque du Hezbollah contre les hameaux de Chebaa, Tsahal bombarde le 14 avril 2001 les positions syriennes au Liban, pour la première fois depuis 1982, détruisant une station-radar. Cette action provoque un net regain de tensions dans la région et en particulier au Liban, où Rafic Hariri se voit reprocher de soutenir insuffisamment le Hezbollah dans l’espoir d’obtenir une aide financière des pays occidentaux. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le Premier ministre libanais affirme sa solidarité dans la guerre contre le terrorisme menée par l’administration américaine. L’année 2002 marque le retour du Liban sur la scène internationale : le pays accueille en mars 2002 le sommet de la Ligue arabe, puis au mois d’octobre celui de la Francophonie. Le Premier ministre Hariri parvient à obtenir des engagements d’aide financière internationale lors d’une conférence organisée à Paris en novembre 2002. Si cette aide contribue à améliorer la situation économique, le pays est toujours confronté au problème de sa dette publique, ainsi qu’au chômage et à la pauvreté.

5.8.3Le retrait de l’armée syrienne

Tandis que les tensions dans le sud du pays se poursuivent, la remise en question de la tutelle syrienne sur le Liban continue de dominer la vie politique. Alors qu’un amendement constitutionnel permettant au président pro-syrien Émile Lahoud de briguer un troisième mandat a été adopté par le Parlement, Rafic Hariri démissionne du poste de Premier ministre en octobre 2004 après avoir échoué à imposer un gouvernement que la Syrie refuse. Omar Karamé lui succède, mais l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, précipite le pays dans une grave crise politique. Alors que la Syrie est suspectée d’être à l’origine de cet attentat, la population se mobilise pour manifester son opposition au gouvernement. Celui-ci est confronté à l’union des partis d’opposition ainsi qu’au front démocratique formé par la société civile. Sous la pression de la rue et de la communauté internationale, le Premier ministre pro-syrien Omar Karamé démissionne deux semaines plus tard. Reconduit dans ses fonctions par le président, il présente à nouveau sa démission mi-avril après que les manifestions hostiles à la présence syrienne ont pris une immense ampleur et que la Syrie a commencé le repli de son armée. Le nouveau Premier ministre, Naji Miqati, a pour principale tâche d’organiser les élections législatives, tandis qu’une page de l’histoire du Liban se tourne avec l’achèvement du retrait de l’armée syrienne fin avril 2005, après vingt-neuf années de présence.

Les élections législatives se déroulent en quatre étapes aux mois de mai et juin 2005. À Beyrouth, l’opposition anti-syrienne menée par Saad Hariri, le fils de Rafic Hariri, et Walid Joumblatt, emporte les 19 sièges à pourvoir, tandis qu’au Liban Sud c’est la coalition pro-syrienne des mouvements chiites Hezbollah et Amal qui gagne les 23 sièges à pourvoir. Dans la plaine de la Bekaa, le scrutin est marqué par la large victoire inattendue de Michel Aoun tandis qu’au Liban Nord, c’est l’opposition anti-syrienne qui s’impose. Au final, les partis de la coalition anti-syrienne détiennent la majorité absolue au Parlement avec 72 sièges sur 128 et Saad Hariri apparaît comme le nouvel homme fort du pays. L’unité qui prévalait au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri a laissé la place à une représentation politique qui s’organise, comme auparavant, selon des clivages confessionnels. Le président Emile Lahoud nomme un proche de Rafic Hariri, Fouad Siniora, ancien ministre des Finances, au poste de Premier ministre. Il forme un gouvernement de 24 membres, comprenant chrétiens et musulmans à part égale, auquel prend part pour la première fois le Hezbollah.

Tout juste reconstruit et sur la voie de l’unité, le pays replonge dans la guerre dès le 12 juillet 2006 après qu’un raid transfrontalier de la milice du Hezbollah (avec la capture de deux soldats israéliens et la mort de huit autres) entraîne une riposte militaire massive d’Israël. Avec pour objectifs principaux la neutralisation des combattants du Hezbollah et l’instauration d’une zone de sécurité dans le sud Liban, cette offensive vise aussi à imposer un blocus au Liban et provoque le déplacement de plus de 800 000 personnes du Sud vers le Nord. Le 14 août, un cessez-le-feu entre en vigueur, en application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, et met fin à un conflit ayant entraîné la mort d’environ 1 200 civils libanais et 159 Israéliens (dont 43 civils) — le Hezbollah reconnaît la mort de 62 « martyrs « (contre 220 à 370 selon l’armée israélienne). L’État hébreu consent par la suite à lever le blocus aérien et maritime imposé au Liban. Le 1er octobre, il achève le retrait de son armée du Liban-Sud, tandis que parallèlement se déploient les troupes de la Finul (la Force intérimaire des Nations unies au Liban, créée en 1978 et dont les effectifs sont portés de 2 000 à un maximum de 15 000 hommes) et les forces armées libanaises (après une absence de près de quarante ans le long de la frontière avec Israël). Les pertes économiques et matérielles pour le Liban sont très lourdes, nombre d’infrastructures ayant été détruites ou fortement endommagées (aéroport de Beyrouth, ports, voies de communication, usines, réservoirs d’eau, stations d’épuration, etc.). Les villes et les régions considérées comme des bastions du Hezbollah sont particulièrement visées par les bombardements israéliens (Tyr, Cana, la banlieue sud de Beyrouth, Baalbek). Le bombardement des réservoirs de pétrole de la centrale électrique de Jiyé (située à 25 km au sud de Beyrouth) est en outre à l’origine d’une marée noire ayant souillé les côtes libanaises sur environ 140 km.

Le 21 novembre 2006, sur fond de crise politique — les cinq ministres chiites représentants du Hezbollah ont démissionné peu auparavant — l’assassinat de Pierre Gemayel (voir famille Gemayel), le ministre de l’Industrie, membre de la majorité parlementaire antisyrienne, avive la tension entre antisyriens et prosyriens.

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