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L'homme manipulé

Publié le 06/07/2020

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« De même que les images estompent notre savoir, leur multiplication et leur précision engendrent la confusion de nos vouloirs et de nos . désirs. Les techniques perfectionnées du commerce ne permettent-elles pas aux fabricants de connaître mieux que nous nos aspirations? Les notions de désir et de fonction sont entachées d'ambiguïté. Le public souhaite-t-il vraiment des ailerons sur les nouveaux modèles d'automobiles? Si les ailerons satisfont un désir du public, ne sont-ils pas en quelque manière fonctionnels? Dans un système économique en pleine expansion, dont les produits sont de moins en moins de première nécessité, nos désirs deviennent de plus en plus confus. Dès lors, nous lisons les réclames pour préciser ou pour accroître nos désirs. Nous sommes toujours prêts (sinon empressés) à découvrir, dans l'annonce d'un produit nouveau, ce que nous avons toujours souhaité inconsciemment. [...] Un symptôme de cette confusion entre nos désirs et nos inventions, due à l'importance des images, est l'intérêt accru qu'on porte à l'opinion publique, et surtout aux enquêtes d'opinion publique... Le péril le plus menaçant des sondages vient de leur exactitude et non pas de leur imprécision. Si cette pratique devient assez scientifique pour prévoir avec justesse les opinions qui sortiront de l'urne, elle perdra du même coup son intérêt. Et du même coup aussi, le vote lui-même devient superflu. Les partisans de ces sondages, comme Gallup, les déclarent précieux — voire essentiels — parce qu'ils définissent notre gouvernement représentatif comme : « Celui qui représente l'opinion moyenne de l'humanité ». Le vaste problème qu'illustre la naissance de l'intérêt pour l'opinion publique et pour ses votes, c'est celui de l'avènement des images et de leur puissance sur nos façons de nous considérer nous-mêmes. Nous exagérons ce que nous attendons du pouvoir qu'ont ces consultations de nous prédire nos propres décisions. Plus les enquêteurs nous convainquent de leur possibilité de nous offrir une image de nos croyances réelles ou de nos choix futurs, plus confuse devient la notion de ce que nous préférons réellement en tant qu'électeurs. C'est ainsi que se créent certaines de nos notions les plus confuses, à partir des images les plus précisément fabriquées. A l'instar du monde des nouvelles où le rôle de l'acteur et celui du reporter sont de plus en plus interchangeables (dans les conférences de presse, les nouvelles préfabriquées), ainsi le fabricant et le consommateur voient leurs fonctions emmêlées, il en va de même pour le chef politique et ses partisans, pour l'homme d'État et le citoyen. Désormais le consommateur peut consulter les réclames pour voir ce qu'il désire « vraiment »; les fabricants les plus sérieux ne « sortent » que des produits dont ils sont convaincus que le consommateur a réellement besoin. Ainsi le citoyen peut-il s'observer lui-même dans le miroir des sondages d'opinion. Ayant donné son point de vue en tant que représentant de l'opinion publique, il peut alors lire les résultats et y découvrir ce qu'il pense. Les enquêtes devenant de plus en plus scientifiques et détaillées {par groupes professionnels ou religieux, par catégories de revenus, par circonscriptions administratives) le citoyen peut partir à la découverte de lui-même (et des opinions qu'il « devrait » professer, ou qu'il est vraisemblable qu'il professe) à travers les idées qui se révèlent prédominantes dans son groupe social. L'opinion publique, jadis l'expression du public, revêt de plus en plus la forme d'une image à laquelle le public conforme son expression. Cette opinion se remplit de ce qu'elle contient déjà. Le peuple se regarde dans le miroir. Daniel J. Boorstin : L'Image ou ce qu'il advint du rêve américain trad. de Janine Claude (pp. 290-291 et 296-297) Julliard éd. ...»

« L'homme manipulé De même que les images estompent notre savoir, leur multiplication et leur précision engendrent la confusion de nos vouloirs et de nos .

désirs.

Les techniques perfectionnées du commerce ne permettent-elles pas aux fabricants de connaître mieux que nous nos aspirations? Les notions de désir et de fonction sont entachées d'ambiguïté.

Le public souhaite-t-il vraiment des ailerons sur les nouveaux modèles d'automobiles? Si les aile­ rons satisfont un désir du public, ne sont-ils pas en quelque manière fonc­ tionnels? Dans un système économique en pleine expansion, dont les produits sont de moins en moins de première nécessité, nos désirs deviennent de plus en plus confus.

Dès lors, nous lisons les réclames pour préciser ou pour accroître nos désirs.

Nous sommes toujours prêts (sinon emptessés) à découvrir, dans l'annonce d'un produit nouveau, ce que nous avons toujours souhaité i ncons ciemmen t.

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] Un symptôme de cette confusion entre nos désirs et nos inventions, due à l'importance des images, est l'intérêt accru qu'on porte à l'opinion publique, et surtout aux enquêtes d'opinion publique ...

Le péril le plus menaçant des sondages vient de leur exactitude et non pas de leur impré­ cision.

Si cette pratique devient assez scientifique pour prévoir avec justesse les opinions qui sortiront de l'urne, elle perdra du même coup son intérêt.

Et du même coup aussi, le vote lui-même devient superflu.

Les partisans de ces sondages, comme Gallup, les déclarent précieux -voire essentiels - parce qu'ils définissent notre gouvernement représentatif comme : « Celui qui représente l'opinion moyenne de l'humanité ».. »

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