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l"évolution du male gaze dans le cinéma occidental

Publié le 05/06/2025

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« PORTFOLIO 1 : Thème 1 : Femmes, féminité, féminisme. L’évolution du male gaze dans le cinéma occidental En 1972, l’écrivain et critique d’art britannique John Berger déclare dans son ouvrage Ways of Seeing : « L’homme regarde et la femme est regardée ».

Il y analyse comment l’art occidental reflète une dynamique de pouvoir où l’homme est le spectateur actif et la femme l’objet de son regard, de son point de vue.Laura Mulvey, réalisatrice et militante féministe engagée, théorise en 1975 dans son essai Visual pleasure and Narrative cinema, le concept de male gaze. Le regard masculin, plus connu sous l’appellation anglaise, male gaze, est un concept postulant que la culture visuelle dominante (cinéma, photographie, publicités, jeux vidéos, bande dessinée…) impose une perspective d’un homme cisgenre hétérosexuel. ​ Quant au cinéma occidental, il regroupe les films produits principalement en Europe et en Amérique du Nord, qui sont piliers du cinéma actuel, influencés par les valeurs et les réalités culturelles de ces régions.

Dominé par Hollywood, le cinéma occidental en est le fondateur du male gaze. ​ Nous nous demanderons donc de quelles manières le male gaze dans le cinéma occidental a évolué au fil des décennies, et en quoi cette évolution a-t-elle permis de redéfinir la représentation des femmes à l’écran. Nous répondrons à cette problématique en nous appuyant sur 5 œuvres du cinéma occidental des années 60 jusqu’aujourd’hui, et nous observerons comment le male gaze a évolué au fil des décennies. 1. Vertigo / Sueurs Froides (1958) – A.

Hitchcock Thriller/Film à énigme Distribué par Kim Novak, James Stewart Alfred Hitchcock (1899 – 1980), figure du cinéma hollywoodien, était un célèbre réalisateur du XXème siècle.

Né de son fantasme pour les jeunes blondes, il introduit, dès 1940, le concept de la « blonde hitchcockienne » qui est souvent protagoniste de ses films, caractérisée en une femme fatale et stéréotypée de la belle blonde glaciale et sophistiquée.

Considéré comme l’archétype du misogyne, Hitchcock était connu pour entretenir des relations manipulatrices avec ses actrices. ​ Dans Vertigo nous suivons l’histoire de John, engagé pour surveiller Madeleine, l'épouse de son ami, les deux font connaissance et finissent par tomber amoureux l’un de l’autre.

Après le suicide apparent Madeleine, John découvre qu'il a été manipulé, en réalité, son ami avait orchestré la mort de sa femme en utilisant sa maîtresse, Judy, pour jouer le rôle de Madeleine.

Plus tard, John retrouve Judy sans reconnaître en elle la "Madeleine" qu'il a aimé auparavant, et l’oblige à se transformer en son idéal perdu pour satisfaire ses désirs. Plusieurs caractéristiques font l’objet de male gaze dans cette œuvre.

On retrouve tout d’abord la blonde hitchcockienne à travers le personnage de Madeleine incarné par Kim Novak.

Ensuite, après le suicide de Madeleine, John croisera Judy, qui est physiquement l’inverse de Madeleine : le réalisateur crée un contraste entre la beauté glaciale de Madeleine blonde et Judy, brune, plus brute et naturelle.

Vertigo est un film sur le regard, Hitchcock à lui-même affirmé que l'aspect érotique de l'image est fascinant dans ce film.

Le regard est d’abord celui des personnages, la caméra se retrouve souvent sous le point de vue de John, en plan rapproché, à chaque fois qu’il regarde Madeleine/Judy. Cette manière de filmer permet de transmettre au spectateur le regard que John porte sur la femme, mêlant obsession et désir par les plan rapprochés et longs. Le male gaze se manifeste non seulement par la manière dont Hitchcock manipule la caméra, mais aussi par le point de vue dominant de John sur Judy. En effet, une fois avoir échangé avec Judy, John voit donc en elle celle qu’il avait aimé.

Au fil du temps, John exige à Judy de se vêtir d’un tailleur gris, se teindre les cheveux en blonds, de se faire un chignon sans lui donner de raison apparente.

Jusqu’ici, il affirmait l’avoir aimé, mais ne lui a jamais vraiment montré son amour comme il le montrait à Madeleine, jusqu’à ce que Judy accepte, malgré elle, de se conformer au fantasme de John, pour se sentir aimée. C’est seulement après l’avoir vu en Madeleine que John, la serre dans ses bras et l’embrasse, sans se soucier du ressenti de Judy.

Certaines critiques vont jusqu’à comparer cette scène avec Pygmalion et Galatée, où John tombe amoureux de son œuvre, ici la Madeleine qu’il a recréé, à travers Judy.

Cette transformation forcée illustre la violence cachée du male gaze, John n’aime pas Judy pour ce qu’elle est, mais pour son image idéale qu’il s’est forgée dans son esprit, il la voit désormais comme une idéalisation de ses désirs reflétant la déconstruction de la femme. 2.

​The Graduate / Le Lauréat (1967) ­– M.

Nichols Comédie/Romance Distribué par Anne Bancroft, Dustin Hoffman ​ Mike Nichols (1931 – 2014), était un réalisateur américano-allemand connu pour sa critique satirique de la société.

Bien qu’il ne soit pas particulièrement associé au male gaze, The Graduate est devenu un exemple classique du male gaze aujourd’hui. ​ Dans ce film, on suit l’histoire de Benjamin (Dustin Hoffman), un jeune étudiant perdu et anxieux.

Après les nombreux signaux séduisants de Mrs. Robinson (Anne Bancroft), une femme mariée bien plus âgée que lui, qui est aussi l’amie de ses parents, il cède à la tentation et entame une liaison intime et secrète avec elle.

La situation se complique lorsqu’il tombe amoureux de la fille de Mrs.

Robinson. Ce film est devenu un exemple de male gaze par de multiples scènes. Premièrement, la scène où Mrs.

Robinson croise ses jambes en face de Benjamin pour le séduire en est un parfait exemple.

La caméra, placée ici à la hauteur du genou de la femme, cadre de manière aguichante la jambe croisée de Mrs.

Robinson au premier-plan et Benjamin à l’arrière-plan, faisant de sa jambe un objet de contemplation visuelle pour Benjamin et le spectateur. De plus, peu après cette scène, la femme commence à se déshabiller en face du jeune homme, les images sont filmées de manière segmentée se focalisant seulement sur ses bras, ses jambes, sa poitrine sans capturer son visage ou ses émotions, Finalement elle paraît entièrement nue devant lui, la caméra adopte le point de vue de Benjamin, mais en cachant à l’écran le corps de la femme.

Quelques images très rapides de nudité apparaissent comme si le jeune homme, étonné, jette un coup d’œil aux parties intimes de la femme, la réduisant encore une fois à un objet de contemplation visuelle. Les scènes à l’hôtel, apparaissant à maintes reprises, représentes les divers relations intimes que Benjamin entretien avec Mrs.

Robinson.

Pendant l’une de ces scènes, Benjamin propose à Mrs.

Robinson de discuter, ce à quoi elle répond qu’elle n’a pas du tout l’envie de discuter.

La relation entre les deux personnages ne se résume donc qu’aux relations intimes et rien de plus, Mrs. Robinson n’est que l’objet sexuel de Benjamin.

En somme, le film est centré sur le regard du jeune homme et présente les personnages féminins tels qu’il les voit, principalement Mrs.

Robinson à travers le prisme de son désir.

Les mouvements de caméra adoptent donc la perspective de Benjamin, montrant par le cadrage, notamment les gros plans, Mrs. Robinson de manière sexualisée et fragmentée, la réduisant à l’objet de fascination de Benjamin et du spectateur. ​ ​​ 3.

​Star Wars, épisode VI : Le Retour du Jedi (1983) – R.

Marquand Aventure/Science-fiction Distribué par Carrie Fisher, Mark Hamill, Harrison Ford ​ Dans le 6ème épisode de la saga Star Wars, la Princesse Leia, interprétée Carrie Fisher, est capturée par Jabba et apparaîtra dans une tenue d’esclave, qui n’est autre qu’un maillot doré et échancré.

À ce moment précis, elle serait forcée de porter une tenue pensée pour fantasmer les hommes.

Cette tenue n’apparaît qu’un court instant, seulement quelques minutes dans le film, pourtant les créateurs ont décidé de la représenter ainsi, sur l’affiche du film en plein milieu, de plus, inférieure à tous les autres personnages ici. ​ Imposé par le créateur et le producteur de la saga Star Wars, George Lucas, l’idée de cette tenue était de créer une image frappante et mémorable de Leia (ce qui a bien marché d’ailleurs) afin de montrer sa vulnérabilité en tant qu’esclave. ​ Cette tenue d’esclave et l’un des exemples par excellence du male gaze au cinéma, en effet, le port de cette tenue n’impact aucunement le scénario, l’actrice se doit de jouer pratiquement nue pour satisfaire le spectateur masculin. D’autant que la princesse Leia est l’un des rares personnages féminins ayant un impact sur l’histoire, s’ajoute à cela la vulnérabilité du personnage féminin qui est enchainé par la créature et est donc prisonnière, sans aucune issue.

C’est seulement là qu’intervient son frère Jedi, l’homme.... »

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